‘Maestro di Città di Castello’, « Madonna col Bambino e i Santi Agostino, Paolo, Pietro, Antonio Abate. Polittico di Montespecchio »

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‘Maestro di Città di Castello’ (disciple de Duccio, actif entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle)

Madonna col Bambino e i Santi Agostino, Paolo, Pietro, Antonio Abate (Vierge à l’Enfant et les saints Antoine, Paul, Pierre, Antoine Abbé) ou Polittico di Montespecchio (Polyptyque de Montespecchio), entre 1312 et 1325.

Tempéra et or sur panneaux, l’ensemble : 118 x 205 cm.

Inscriptions :

  • (au dos du volet central représentant la Vierge à l’Enfant : « [deditione] della chiesia di s[ant]a M(ari)a di Mo[n]te <Speculo> […] adi 16 d’aprile nel An(n)o (?) 7 (?) […] del S(ant)o Padre Papa Alisa(n)dro […] el uescouo di Siena con[cesse indulg]entie per 8 dì continui / […] fatta inanti an(n)i 300 […] » [1]L’inscription, qui date du XVe siècle, n’est que partiellement lisible : « La dédicace de l’église de Santa Maria de Monte Speculo [Montespecchio] …/… le 16 avril de l’année (?)7(?) […] du Saint-Père Alexandre […] l’évêque de Sienne concéda l’indulgence pour 8 jours […] faite l’an 300 [,,,]. »

Provenance : Ermitage augustinien de Montespecchio [2]L’œuvre provient de Montespecchio, comme l’indique l’inscription figurant au dos du panneau central ; voir note 1. jusqu’en 1687 [3]1687 : date du transfert de la communauté monastique. C’est alors que, selon une pratique courante, le polyptyque, ayant perdu sa fonction liturgique propre à tout retable place sur un autel, a été démembré et que la Vierge à l’Enfant du volet central a rejoint la Pieve di Santa Cecilia, à Crevole, Murlo.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Dans chaque cuspide des panneaux latéraux figure un Ange à mi-corps.

Œuvre du peintre anonyme connu sous le pseudonyme de ‘Maestro di Città di Castello’, ce retable a été longtemps exposé sur les murs de la Pinacothèque Nationale sans le panneau central alors conservé à quelques centaines de mètres seulement, au Museo dell’Opera del Duomo. Vraisemblablement dispersés en 1687, ses différents panneaux ont subi de nombreuses vicissitudes. Dès cette époque, la Vierge à l’Enfant fut découpée de façon barbare, réduite à un format rectangulaire et enchâssée dans un panneau de plus grandes dimensions, jugé plus à la mode. Conservé par la suite dans l’église Santa Cecilia de Crevole (Murlo), considéré comme de la main de Pietro Lorenzetti, le panneau a été restitué à notre maître anonyme par F. Mason Perkins en 1908, douze ans avant son arrivée au Museo dell’Opera del Duomo de Sienne [4]Le panneau est parvenu au musée de l’Œuvre de la cathédrale en 1920.. Les figures des saints Augustin, Paul, Pierre et Antoine abbé, étaient auparavant attribuées à Duccio et avaient été acquises sous ce nom par la future Pinacothèque de Sienne en 1894 (inv. n°29-32), avant d’être à nouveau attribuées au Maître de Città di Castello par Nicola, en 1912. Enfin, il aura fallu attendre la conclusion de longues controverses entre historiens d’art tout au long du XXe siècle avant que les différents panneaux ne soient de nouveau physiquement réunis en 2003 sur un même support. L’ensemble est aujourd’hui présenté à la Pinacothèque de Sienne dans sa quasi totalité.

On sait à quel point il est possible de se méprendre en regardant une Vierge à l’Enfant de la fin du Moyen Âge. Les innombrables exemples rencontrés à Sienne nous apprennent, quelles qu’en soient les variantes, qu’il nous faut considérer l’image non pas comme une sorte de scène de genre figurant un instant de tendresse maternelle, mais comme la figuration prémonitoire du drame de la Passion du Christ : les deux protagonistes présents savent, en raison de leur statut divin, quelle doit être la destinée de l’Enfant qui vient de naître. [5]La scène que nous regardons constitue une nouvelle, et splendide, déclinaison du thème. Cette fois, l’insistance porte sur le geste spécifique du Christ agrippant le voile de sa Mère, qui constitue aussi une évocation par anticipation de celui de la Vierge lorsque, arrivée au sommet du Golgotha, son fils sera mis à nu, comme tous les étrangers condamnés à mort à Rome. Dans … Poursuivre

Les cinq panneaux représentent respectivement (de gauche à droite) :

On notera que, comme dans toutes les peintures de cette époque représentant une réunion de saints autour des figures du Christ ou de Marie, les personnages latéraux ont le corps et le regard systématiquement orientés vers ces derniers en signe de respect.

De la même manière, il est courant que les premiers retables peints à Sienne n’utilisent pas la même échelle pour figurer la Vierge, au centre, et les saints de l’art et d’autre.

Ce polyptyque était destiné à la consécration de la nouvelle église santa Maria di Monte de l’Ermitage de Montespecchio (Murlo), qui eut lieu le 16 avril 1307, comme le confirment la présence de saint Antoine dédicataire du lieu, ((Une inscription du XVe siècle est partiellement lisible au dos du panneau représentant la Vierge à l’Enfant :

Démembré (vraisemblablement en 1687) ses différents panneaux ont par la suite subi de multiples vicissitudes. Le panneau de la Vierge à l’Enfant fut affreusement découpé, réduit à un format rectangulaire (et enchâssé dans un panneau plus large). Longtemps conservé dans l’église Santa Cecilia de Crevole (Murlo), considéré comme de la main de Pietro Lorenzetti, il fut restitué à notre auteur par Mason Perkins en 1908, avant son arrivée au Museo dell’Opera del Duomo de Sienne en 1920. Les panneaux représentant saint Augustinsaint Paulsaint Pierresaint Antoine abbé, furent quant à eux longtemps attribués à Duccio et acquis sous ce nom par la future pinacothèque de Sienne en 1894 (inv. n°29-32), avant d’être réattribués par Nicola en 1912au Maître de Città di Castello. Enfin, il aura fallu attendre la conclusion de longues controverses entre historiens d’art tout au long du XXe siècle avant que les différents panneaux ne soient de nouveau physiquement réunis en 2003 sur un même support, l’ensemble étant aujourd’hui conservé à la pinacothèque de Sienne.

Pour sa pose et la relation vivante avec l’enfant, la Madone du polyptyque de Montespecchio s’inspire visiblement de celles de Duccio figurant sur le Polyptyque de Pérouse et le Polyptyque n°28 de la Pinacothèque de Sienne. Elle partage donc de nombreux points communs avec d’autres panneaux inspirés eux aussi de ces mêmes œuvres de Duccio, comme le triptyque Montalcino (Montalcino, musée diocésain d’art sacré) du Maître de la Maestà Cini ou la Maestà Gondi du maître éponyme.

L’œuvre étonne aussi par ses audaces chromatiques, peut-être influencées par celles de ses prédécesseurs siennois (Guido di Graziano, Dietisalvi di Speme), associant laque rouge et blanche, violet prune et bleu azuré, ou encore ocre et vert vibrant .

Le polyptyque de Montespecchio est aussi célèbre du fait de son inscription partielle <M>E <F>ECIT (« m’a fait  ») sur l’épée de saint Paul. Le mot (vraisemblablement bisyllabique) qui précédait ce texte désignait vraisemblablement l’auteur ce qui rend d’autant plus frustrant son effacement. On a aussi supposé qu’il n’avait jamais été écrit (et que le prénom de l’auteur serait à déduire de celui qui tient l’épée, soit Paolo). Reste que le « me fecit » du retable de Montespecchio se présente comme la plus ancienne inscription de son genre dans la peinture siennoise. Elle sera suivie par celle de Segna di Buonaventura « SEGNA ME FECIT » , sur l’épée de saint Paul dans le polyptyque n°40 de la Pinacoteca Nazionale de Sienne; et celle de Pietro Lorenzetti, sur l’épée de sainte Reparata dans le polyptyque Tarlati de 1320 (église Santa Maria della Pieve d’Arezzo) : « PETRUS ME FECIT  ».

À noter aussi, l’adoption pour la première fois chez notre maître anonyme d’une innovation de Duccio : le maphorion (voile de la vierge) blanc. Jusqu’à présent ses œuvres (Maestà du panneau central du triptyque d’Oxford ou la Madone de Détroit gardaient le maphorion rouge de la tradition byzantine.

Notes

Notes
1 L’inscription, qui date du XVe siècle, n’est que partiellement lisible : « La dédicace de l’église de Santa Maria de Monte Speculo [Montespecchio] …/… le 16 avril de l’année (?)7(?) […] du Saint-Père Alexandre […] l’évêque de Sienne concéda l’indulgence pour 8 jours […] faite l’an 300 [,,,]. »
2 L’œuvre provient de Montespecchio, comme l’indique l’inscription figurant au dos du panneau central ; voir note 1.
3 1687 : date du transfert de la communauté monastique. C’est alors que, selon une pratique courante, le polyptyque, ayant perdu sa fonction liturgique propre à tout retable place sur un autel, a été démembré et que la Vierge à l’Enfant du volet central a rejoint la Pieve di Santa Cecilia, à Crevole, Murlo.
4 Le panneau est parvenu au musée de l’Œuvre de la cathédrale en 1920.
5 La scène que nous regardons constitue une nouvelle, et splendide, déclinaison du thème. Cette fois, l’insistance porte sur le geste spécifique du Christ agrippant le voile de sa Mère, qui constitue aussi une évocation par anticipation de celui de la Vierge lorsque, arrivée au sommet du Golgotha, son fils sera mis à nu, comme tous les étrangers condamnés à mort à Rome. Dans un ultime geste de dignité rapporté par les Apocryphes, elle s’emparera alors de son propre voile pour dissimuler la nudité de son Fils (le maphorion, que Marie, comme toutes les femmes juives, portait à même la tête, sous son manteau rabattu devient ainsi le perizonium pudique porté par le Christ sur la croix.

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