Francesco di Giorgio Martini, « Il casto Giuseppe e la moglie di Putifarre »

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Francesco di Giorgio Martini (Sienne, 1439 – 1502)

Le chaste Joseph et la femme de Putiphar [1], vers 1460.

Tempéra sur panneau (fragment d’un cassone), 29 x 41 cm.

Inscriptions : /

Provenance : ?

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Un récit de la Genèse (Gn 41, 37-43) raconte que Putiphar, officier du pharaon, après avoir acheté l’esclave Joseph, fils de Jacob, lui accorde désormais toute sa confiance. La femme de Putiphar, dont les textes ne donnent pas le nom, s’éprend cependant de Joseph mais celui-ci refuse ses avances (c’est la scène qui nous intéresse ici) : « Quoiqu’elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès d’elle, d’être avec elle. Un jour qu’il était entré dans la maison pour faire son ouvrage, et qu’il n’y avait là aucun des gens de la maison, elle le saisit par son vêtement, en disant : ‘Couche avec moi !’ Il lui laissa son vêtement dans la main, et s’enfuit au-dehors. »

Dépitée par le comportement de celui dont elle voulait faire son amant, et forte de ce vêtement qu’elle présente comme la preuve de la culpabilité de Joseph à son égard, elle renverse la situation et accuse alors celui-ci auprès de son époux. Seule la sagacité du prophète Daniel sauvera l’honnête Joseph de la lapidation.

C’est exactement l’instant que représente, avec une minutieuse exactitude, Francesco di Giorgio, celui où Joseph s’arrache des bras de la femme de Putiphar en abandonnant malencontreusement dans l’opération son propre vêtement. Dans une pièce au somptueux décor inspiré de l’antique (alors en pleine redécouverte), la femme de Putiphar, nue, dans une attitude parfaitement explicite, laisse échapper celui dont elle voulait à toute force faire son amant. Joseph, respectueux de la confiance que Putiphar a placée en lui, mais aussi, comme on peut le lire dans la Genèse, des Lois divines, préfère s’enfuir plutôt que de manquer au respect de principes jugés sacrés. Belle preuve d’abnégation soumise quotidiennement au regard des destinataires du cassone nuptial d’où provient ce petit panneau.

Le sujet, prisé à partir du milieu du XVe siècle, fonctionne comme un exemple de continence adressé principalement, semble-t-il, à l’époux. Ainsi, contrairement à des apparences que l’on sait être souvent trompeuses, les exemples de chasteté ne sont-ils pas destinés aux seules épouses.

Texte intégral de l’épisode représenté : Le chaste Joseph et la femme de Putiphar

[1] Putiphar ou Potiphar : personnage de la Genèse.

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