Lorenzo di Pietro, detto ‘Il Vecchietta’, « Morte e resurrezione del monaco »

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Lorenzo di Pietro, dit ‘Il Vecchietta’ (Sienne, 1410 – 1480)

Morte e resurrezione del monaco (Mort et résurrection du moine), vers 1460.

Tempera sur panneaux, 29 x 45 cm.

Inscriptions : /

Provenance : Monastère de Sant’Anna in Camprena.

Pienza, Museo diocesano.

Nous nous trouvons face à l’un des compartiments de prédelle d’un polyptyque démembré. Ce compartiment a lui-même été scié verticalement. Toute la partie droite est dorénavant manquante, ce qui n’est pas sans incidence sur la lisibilité de la scène représentée. De quoi s’agit-il ? Nous voyons plusieurs moines affairés à la construction d’un couvent. Plus précisément, l’édifice en cours de construction est l’église de ce couvent, aisément reconnaissable à l’ouverture circulaire placée au sommet de la façade vue depuis l’arrière, dans laquelle prendra bientôt place une verrière historiée. Sur l’échafaudage, deux moines-maçons achèvent d’élever le flanc droit de cette église tandis qu’au sol, deux autres religieux, également vêtus de l’habit bénédictin, s’activent : l’un, gâche le ciment nécessaire au travail, l’autre remplit les sceaux qui devront ensuite être hissés sur l’échafaudage. Ce dernier semble avoir été interrompu dans son action et se retourne sur sa gauche. Il vient d’assister à la chute de l’un de ses pairs. Cette chute a été mortelle et le malheureux gît au sol : seule sa tête, épargnée par la brutalité de la scie qui a amputé le panneau, est encore visible en bas à droite de l’image. Dans la partie manquante, il est probable que Benoît, le fondateur de l’Ordre et constructeur de nombreux monastères, soit en train d’intervenir et de ramener à la vie notre moine malchanceux [1]Cet épisode de la légende de saint Benoît est fréquemment représenté. Voir, par exemple, la lunette 24 du cycle peint dans le grand cloître de Monte Oliveto Maggiore par Signorelli et Sodoma.. Le miracle vient à peine d’avoir lieu : à gauche de la scène, deux moines – peut-être s’agit-il de ceux que l’on vient de voir en train de préparer le ciment – s’apprêtent à emporter le monacello maintenant ressuscité, assis les mains jointes dans le drap destiné à faciliter son transport.

La scène, représentée avec un sens de la narration qui n’appartient qu’aux maîtres de la peinture siennoise, se déroule dans un paysage au charme irréel, ou rêvé, parfaitement à l’échelle de l’homme avec ses délicates architectures oranges, roses et bleues, et baigné d’une lumière mordorée qui n’occasionne aucune ombre. Ce n’est pas vraiment un drame auquel nous venons d’assister, tout juste un incident sans véritable conséquence : dans cet Eden où le miracle devient chose naturelle, rien ne semble pouvoir durablement troubler la quiétude.

Notes

Notes
1 Cet épisode de la légende de saint Benoît est fréquemment représenté. Voir, par exemple, la lunette 24 du cycle peint dans le grand cloître de Monte Oliveto Maggiore par Signorelli et Sodoma.

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