Pittore senese attivo nell’ultimo quarto del XIII secolo, “Isacco benedice Giacobbe”

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Pittore senese attivo nell’ultimo quarto del XIII secolo (Peintre siennois actif au cours du dernier quart du XIIIe s.)

Isacco benedice Giacobbe [?] (Isaac bénit Jacob [?])

Fresque

Provenance : In situ

Sienne, « crypte » sous la Cathédrale.

Le sujet de l’épisode est déductible des éléments encore visibles au sein du fragment de fresque. On distingue le bas du corps et les jambes de deux personnages représentés debout, à une échelle qui paraît différente. Le plus petit des deux personnages, à droite, présente en offrande un plat sur lequel on distingue un met, une sorte de rôti. Ce sont ces éléments qui permettent d’aboutir à l’identification de la scène comme étant la représentation de l’épisode au cours duquel Isaac bénit son fils Jacob croyant avoir à faire à Esaü, son fils ainé.

Le caractère extraordinaire de ce fragment de fresque tient à un presque rien, un détail qui, pourtant, révolutionne la tradition byzantine, essentiellement bidimensionnelle, de la peinture médiévale italienne : ce détail, c’est la position des pieds du personnage portant l’offrande. Solidement arrimés au sol, ces pieds portent un corps qui pèse de tout son poids. Le pied gauche empiète sur la ligne de séparation orange tracée sur la paroi du mur pour démarquer les deux scènes superposées, intégrant inévitablement cette ligne de séparation au sein de l’espace représenté, comme si cette dernière était tracée non pas sur le mur mais à même le sol sur lequel évoluent les personnages devenus fantomatiques en étant dorénavant privés de la partie supérieure de leurs corps. Chose d’une éblouissante nouveauté dans les années 1260 : cette position des pieds impose aussi à la totalité du corps un mouvement de rotation qui, littéralement, fait tourner le personnage dans l’espace, et par voie de conséquence – pour la première fois peut-être dans l’histoire de l’art depuis l’Antiquité gréco-romaine – lui permet à nouveau d’en occuper visuellement les trois dimensions.

Vue de la même scène dans son contexte, sur la paroi de la contre-façade (fig. 1) : au-dessous, à gauche sur la photographie, le Massacre des Innocents (à droite, le Baptême du Christ).

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