Pietro di Francesco degli Orioli, “Ascensione di Cristo”

Pietro di Francesco degli Orioli (Sienne, 1458 – 1496)

Ascensione di Cristo (Ascension du Christ), vers 1492.

Tempera sur panneau, 306 x 219 cm.

Inscriptions : /

Provenance : Couvent de l’Osservanza, Chapelle de l’Ascension.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Au bas du tableau, observant l’Ascension du Christ vers le ciel, les douze personnages masculins constituent le groupe des apôtres entourant Marie. Vu de trois-quart arrière, Pierre, dans la même position que le spectateur auquel il tourne le dos, joue un rôle que l’on verra se développer dans les scènes religieuses, celui d’embrayeur : sa position par rapport à l’événement représenté, identique à celle du spectateur, permet à ce dernier, par assimilation, d’entrer dans la scène comme s’il en était lui-même participant.

1

Toujours proche de la Vierge (il satisfait en cela la demande qui lui a faite le Christ avant la Passion), Jean est agenouillé en oraison. Face à lui, un jeune apôtre est représenté avec un visage vu en raccourci qui évoque Signorelli [1], peintre avec lequel Orioli a été en contact. Peut-être s’agit-il de Thomas, celui-là même qui sera absent lors de l’Assomption de la Vierge, identifiable à sa jeunesse, si celui-ci ne pouvait pas également être représenté dans la figure qui trouve derrière la Vierge, se protégeant les yeux de la main (fig. 3).

2

La Vierge, au premier plan, semble devoir conserver éternellement cette même jeunesse. L’expression pénétrée et radieuse de son visage devant le spectacle de son fils montant au ciel tout auréolé de la gloire, la manière dont l’une de ses mains est serrée sur sa poitrine tandis que l’autre, au doigts écartés, trahit une sorte d’émerveillement, est d’une justesse qui relève d’une observation sur le vif.

3

Échappant au lois de la perspective, d’une taille supérieure à celle des autres personnages présents, le Christ, encore visible pour ceux qui l’observent depuis le sol, est déjà parvenu dans la sphère céleste. Dans l’œuvre, celle-ci est définie visuellement en tant que telle par l’arrondi supérieur du format auquel répond la composition circulaire dans laquelle s’inscrivent les personnages célestes, comme ceux demeurés au sol.

Son vêtement, dont les couleurs passent insensiblement du gris au blanc, au bleuté puis au rosé, créant ainsi un effet de transparence chromatique, de même que le mouvement aérien des voiles qui semblent le soulever du sol dans un souffle, concourent à exprimer la légèreté qui sied à un être divin redevenu  céleste.

Autour de lui, volettent des anges, des chérubins et des séraphins au visage enfantin, s’inspirant étonnamment d’un modèle devenu archaïque en ce XVe siècle finissant, signalent la proximité du royaume céleste que rejoint le Christ, et plus encore, du Dieu qui en est le souverain, et dont ils sont ceux qui l’approchent de plus près. Les bras largement écartés, vue dans un raccourci qui lui donne l’air de planer dans les airs, la figure de Dieu s’apprête à l’accueillir.

4

Dans les cieux, plus bas cependant, le Christ a été précédé de plusieurs figures peintes de manière à être identifiables, qui, pour une large part, ont joué un rôle dans l’Ancien Testament.

5

[1] La figure du jeune apôtre que l’on voit ici la tête renversée en arrière ressemble à un souvenir précis, pour ne pas dire la citation d’une idée de Signorelli dans la figure de droite de la Conversion de saint Paul de la Basilique de Loreto.

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Luca Signorelli, Conversion de saint Paul. Fresque. Basilique de Loreto.