Luca Signorelli (Cortone, vers 1450 – 1523)
Benedetto caccia lo nemico di sopra la pietra (Benoît chasse l’ennemi de dessus la pierre), 1497-1499.
Fresque
Inscription (sous la fresque) :
- “COME BENEDETTO CACCIA LO NIMICO DI SOPRA LA PIETRA” [1]
Provenance : In situ
Abbazia di Monte Oliveto Maggiore, Cloître principal.
Lors de la construction de l’abbaye du Mont Cassin, les moines se trouvant dans l’incapacité de déplacer une énorme pierre s’aperçoivent que le diable s’y trouve installé. Benoît, par une prière, réussit à soulever la pierre récalcitrante et découvre sous cette dernière une idole païenne en bronze. Il fait jeter celle-ci dans le four de la cuisine mais la salle prend feu. Le saint se doute d’un stratagème caché derrière ce qui n’est, en réalité, qu’un feu follet ; alors qu’il entre en prière, l’incendie cesse miraculeusement. Décision est prise d’enterrer l’idole de bronze plus loin, dans un champ.
Trois groupes permettent de suivre la narration en faisant circuler le regard du premier plan vers le lointain, dans le sens inverse à celui des aiguilles d’une montre, dans une composition admirablement articulée dans la profondeur simulée d’un paysage. Le groupe monumental composé par les moines du premier plan attirent tous les regards par sa beauté, laquelle tient beaucoup à la puissance sculpturale qui en émane. Courbés sous l’effort, ils tentent de soulever la lourde pierre sur laquelle est assis un diable devenu presque invisible à force d’avoir été gratté et frotté de la main par des fidèles, ces derniers plus impressionnés par une sorte de présence réelle du diable que par la beauté – et la fragilité – de l’œuvre sur laquelle celui-ci est représenté.

En arrière, un second groupe de silhouettes blanches en mouvement, est si intelligemment construit, si plein d’attitudes variées, que l’on jurerait qu’il comporte un grand nombre de moines courant en tous sens : ils ne sont pourtant que cinq tenter d’teindre l’incendie !
[1] “Comment Benoît chasse l’ennemi de dessus la pierre.” L’épisode est relaté dans le Livre II des Dialogues, chapitre 11 :
“Un jour que les frères construisaient les demeures de cette cella, ils trouvèrent une pierre au beau milieu du chantier et ils décidèrent de l’enlever pour servir à la construction. Or, comme à deux ou trois, ils ne pouvaient l’enlever, plusieurs autres se joignirent à eux mais elle demeura immobile comme si elle était retenue à terre par des racines. Alors, il leur fut donné de comprendre clairement que c’était l’antique ennemi en personne qui s’était assis dessus puisque les mains réunies de tant d’hommes n’arrivaient pas à la remuer. Devant cette difficulté, on envoya quelqu’un prévenir l’homme de Dieu pour qu’il vienne, qu’il repousse l’ennemi par sa prière et qu’ainsi, on puisse soulever la pierre. Il arriva aussitôt et après avoir fait une prière, il donna sa bénédiction ;on souleva la pierre avec la plus grande facilité, comme si elle ne pesait d’aucun poids.
Alors il parut bon aux yeux de l’homme de Dieu de creuser la terre à cet endroit, et comme, à force de la creuser, ils arrivaient à une bonne profondeur, les frères y découvrirent une idole de bronze que provisoirement ils jetèrent au hasard dans un coin de la cuisine d’où on vit jaillir un feu : aux yeux de tous ces moines, il semblait évident que la cuisine allait brûler toute entière ; ils jetaient donc de l’eau et s’agitaient comme pour éteindre le feu ; attiré par ce vacarme l’homme de Dieu intervint, mais il constata que ce feu était dans les yeux de ces frères et nullement dans les siens ; alors il inclina la tête pour prier, et s’étant rendu compte qu’ils avaient été joués par un feu purement imaginaire, il les invita à bien regarder avec leurs yeux, à constater que la cuisine était intacte et qu’il n’y avait aucune flamme à voir mais que c’était une fiction de l’antique ennemi.”
D’après http://www.abbayes.fr/lectio/Vie_Benoit/Introduction.htmn, consulté le 5 février 2020 et CAVALCA, Domenico, Volgarizzamento del Dialogo di San Gregorio, reproduit dans Enzo Carli, Le storie di San Benedetto a Monte Oliveto Maggiore. Cinisello Balsamo (Milano), 1980, pp. 161-180.
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