Gentile da Fabriano

Gentile di Niccolò di Giovanni di Massio, dit Gentile da Fabriano (Fabriano, v. 1370 – Rome, 1427) : peintre, l’une des plus éminentes figure du style qualifié de « Gothique international ».

Le polyptyque Quaratesi (aujourd’hui dispersé) fut, avec l’Adoration des Mages (Florence, Uffizi), l’autre grande commande florentine de Gentile, achevée à la veille de son départ pour Sienne où il se trouvait déjà le 22 juin 1425 en vue de se rendre à Rome via Orvieto.

L’influence de Gentile da Fabriano sur l’art siennois du XVe s. est loin d’être négligeable. Réfutant, après Brandi, une influence directe de l’art courtois français sur Sassetta, particulièrement véhiculé par les miniatures, Enzo Carli observe qu’il « n’y a rien [dans les panneaux Griggs et Chigi [1]Voyage des mages (New York, Metropolitan Museum) et Adoration des Mages, Sienne, Collection Chigi-Saracini.] qui nous rappelle de façon particulière l’art des frères de Limbourg ou d’un Jacquemart de Hesdin [2]Jacquemart de Hesdin (documenté de 1384 à 1409) : peintre franco-flamand. Probablement originaire de Hesdin en Artois, Jacquemart était peut-être passé par Avignon, où le duc de Berry séjourna en avril 1384, tant son oeuvre reflète l’influence de Matteo Giovannetti. Devenu peintre en titre et installé à Bourges avec son épouse (novembre 1384), il termine d’abord les Petites … Poursuivre, d’un Jacques Coëne [3]Jacques Coëne (actif de la fin des années 1380 à 1411) : peintre, illustrateur et architecte flamand. Il a travaillé en Flandres, en France et en Italie. En 1399, il est documenté sur le chantier de la construction de la cathédrale de Milan. Parmi ses commanditaires se trouvent Jean, duc de Berry et de Philippe le Téméraire. Certains historiens de l’art lui attribuent encore parfois le … Poursuivre ou d’un ‘Maître de Boucicault’ [4]‘Maître de Boucicault’ (actif à Paris dans le premier quart du 15e s. [entre 1408 et 1420 environ]) : enlumineur, peut-être d’origine flamande, formé dans l’entourage de Jacquemart de Hesdin. Il est nommé d’après un livre d’heures commandé par Jean II Le Meingre, dit le maréchal de Boucicaut (Paris, Musée Jacquemart-André, ms. 1). Il est parfois identifié … Poursuivre. » Faisant état du rôle joué par Gentile dans la diffusion du style Gothique international, Carli ajoute plus loin : « La société ‘courtoise’ de ces enlumineurs très précieux, dont il est improbable que les œuvres aient été divulguées jusqu’à Sienne, ne peut être évoquée dans la peinture de Sassetta que dans la mesure où elle put être assimilée par un peintre italien qui, lui au contraire, est venu en personne à Sienne pour y travailler au moins deux fois : il s’agit de Gentile da Fabriano qui, de juin à août 1425, y peignait pour le compte de la Commune la ‘Madonna dei Notai’ [5]Gabriele Fattorini, à travers une série de documents inédits, a reconstitué l’histoire de la « Madonna dei Notai » (« Vierge dite des Notaires ou des Banquets ») peinte par Gentile à l’extérieur de la résidence de la Guilde des notaires de Sienne, sur la Piazza del Campo. L’œuvre (une fresque aujourd’hui perdue) avait été réalisée lors de deux séjours à … Poursuivre, et qui en octobre de l’année suivante y revenait pour achever certaines parties ‘anno elapso incohatas et non plene absolutas’. ». [6]« Commencées l’année dernière et pas terminée entièrement. »

Séjour(s) à Sienne

Le sculpteur Jacopo della Quercia a probablement joué un rôle important en tant qu’intermédiaire dans les séjours effectués à Sienne par Gentile da Fabriano (et par Donatello) : « Au printemps 1423, il semble que Jacopo della Quercia ait agi comme l’intermédiaire crucial qui amena à Sienne Gentile, le peintre le plus illustre d’Italie, et Donatello, le sculpteur qui mit en pratique les innovations de Brunelleschi (comme il le démontra dans le Banquet d’Hérode en 1427). En gardant à l’esprit que les séjours siennois de Gentile et Donatello ont été essentiels pour la régénération de l’art à Sienne dans les années 1420 – comme on peut le voir dans le travail de peintres tels Giovanni di Paolo (dont la dévotion à Gentile est évidente dans son Adoration des Mages [7]Giovanni di Paolo, Adoration of the Magi. Tempéra et or sur panneau, 38,4 x 44,3 cm. Cleveland, The Cleveland Museum of Art.) et Sassetta (qui, en 1423, commença à travailler sur son premier chef-d’œuvre, le retable de l’Arte della Lana) – il n’est pas exagéré de donner à Jacopo della Quercia le rôle de promoteur du début de la Renaissance à Sienne. [8]Jacopo était ouvert au travail d’artistes d’autres écoles ; en 1421, il se porte garant d’Alberto di Betto da Assisi qui avait reçu une commande pour une Lamentation sur le Christ mort destinée à la chapelle du Crocifisso, dans la cathédrale de Sienne ; Voir Milanesi, op. cit. (note 7), II, pp. 101–102, no. 68 : une sculpture de groupe en bois, pour laquelle voir A. … Poursuivre Pourtant Gentile était déjà célèbre pour la précédente génération de peintres siennois ; en 1418, le plus important d’entre eux, Taddeo di Bartolo, peignit un panneau [9]Taddeo di Bartolo, Virgin and Child with angels, 1418. Tempéra sur panneau, 175,5 x 88,7 cm. Fogg Art Museum, Cambridge (MA). reproduisant le groupe d’anges agenouillés tenant un rouleau avec un hymne à la louange de la Vierge dans la Vierge à l’Enfant des Gentils avec des anges (Pérouse, Galleria Nazionale dell’Umbria). » [10]Gabriele FATTORINI, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena : the ‘Madonna dei banchetti’ », The Burlington Magazine, 152, 1284, 2010, pp. 154-155.

« Au printemps 1423, il semble que Jacopo della Quercia ait agi comme l’intermédiaire crucial qui amena à Sienne Gentile, le peintre le plus illustre d’Italie, et Donatello, le sculpteur qui mit en pratique les innovations de Brunelleschi (comme il le démontra dans le Banquet d’Hérode en 1427). En gardant à l’esprit que les séjours siennois de Gentile et Donatello ont été essentiels pour la régénération de l’art à Sienne dans les années 1420 – comme on peut le voir dans le travail de peintres tels Giovanni di Paolo (dont la dévotion à Gentile est évidente dans son Adoration des Mages et Sassetta (qui, en 1423, commença à travailler sur son premier chef-d’œuvre, le retable de l’Arte della Lana) – il n’est pas exagéré de donner à Jacopo della Quercia le rôle de promoteur du début de la Renaissance à Sienne. [11]Jacopo était ouvert au travail d’artistes d’autres écoles ; en 1421, il se porte garant d’Alberto di Betto d’Assisi qui avait reçu une commande pour une Lamentation sur le Christ mort destinée à la chapelle du Crucifix, dans la cathédrale de Sienne ; Voir Milanesi, op. cit. (note 7), II, pp. 101–102, no. 68 : une sculpture de groupe en bois, pour laquelle voir A. … Poursuivre Pourtant Gentile était déjà célèbre pour la précédente génération de peintres siennois ; en 1418, le plus important d’entre eux, Taddeo di Bartolo, peignit un panneau [12]Taddeo di Bartolo, Virgin and Child with angels, 1418. Cambridge (MA), Fogg Art Museum. reproduisant le groupe d’anges agenouillés tenant un rouleau avec un hymne à la louange de la Vierge dans la Vierge à l’Enfant des Gentils avec des anges (Pérouse, Galleria Nazionale dell’Umbria). » [13]Gabriele FATTORINI, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena : the ‘Madonna dei banchetti’ », The Burlington Magazine, 152, CLII (mars 2010), pp. 154-155.

Notes

Notes
1 Voyage des mages (New York, Metropolitan Museum) et Adoration des Mages, Sienne, Collection Chigi-Saracini.
2 Jacquemart de Hesdin (documenté de 1384 à 1409) : peintre franco-flamand. Probablement originaire de Hesdin en Artois, Jacquemart était peut-être passé par Avignon, où le duc de Berry séjourna en avril 1384, tant son oeuvre reflète l’influence de Matteo Giovannetti. Devenu peintre en titre et installé à Bourges avec son épouse (novembre 1384), il termine d’abord les Petites Heures du duc, restées inachevées après la disparition de Jean Le Noir (Paris, Bibliothèque Nationale de France). Le peintre est déjà assisté de collaborateurs : le Pseudo-Jacquemart, peut-être identifiable à son beau-frère Jean Petit, et le ‘Maître de la Trinité’. Un autre voyage en Avignon pourrait se situer d’avril à juillet 1395, lorsque Jean de Berry mena une importante ambassade auprès du pape Benoît XIII. Mais Jacquemart de Hesdin semble avoir été surtout employé au décor des résidences ducales sous la supervision des architectes Dreux de Dammartin et Jean Guérart, auxquels les archives l’associent. En janvier 1398, l’atelier travaille au palais de Poitiers. En avril 1399, Jacquemart œuvre à nouveau à Bourges. Un dernier séjour du duc en Avignon en septembre 1403 fournit peut-être l’occasion d’un contact renouvelé avec l’art du palais des Papes, dont semblent témoigner les Grandes Heures de 1409 (Paris, Bibliothèque Nationale de France).
3 Jacques Coëne (actif de la fin des années 1380 à 1411) : peintre, illustrateur et architecte flamand. Il a travaillé en Flandres, en France et en Italie. En 1399, il est documenté sur le chantier de la construction de la cathédrale de Milan. Parmi ses commanditaires se trouvent Jean, duc de Berry et de Philippe le Téméraire. Certains historiens de l’art lui attribuent encore parfois le livre d’heures créé par le ‘Maître de Boucicaut’ bien que le fait ne soit plus considéré comme étant basé sur une évidence historique.
4 ‘Maître de Boucicault’ (actif à Paris dans le premier quart du 15e s. [entre 1408 et 1420 environ]) : enlumineur, peut-être d’origine flamande, formé dans l’entourage de Jacquemart de Hesdin. Il est nommé d’après un livre d’heures commandé par Jean II Le Meingre, dit le maréchal de Boucicaut (Paris, Musée Jacquemart-André, ms. 1). Il est parfois identifié hypothétiquement à Jacques Coene.
5 Gabriele Fattorini, à travers une série de documents inédits, a reconstitué l’histoire de la « Madonna dei Notai » (« Vierge dite des Notaires ou des Banquets ») peinte par Gentile à l’extérieur de la résidence de la Guilde des notaires de Sienne, sur la Piazza del Campo. L’œuvre (une fresque aujourd’hui perdue) avait été réalisée lors de deux séjours à Sienne, en 1423 et 1425, juste après la célèbre Adoration des Mages, actuellement aux Offices, et en même temps que le retable démembré dit Quaratesi. Voir Gabriele FATTORINI, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena : the ‘Madonna dei banchetti’ », The Burlington Magazine, Vol. 152, No. 1284 (mars 2010), pp. 152–61.
6 « Commencées l’année dernière et pas terminée entièrement. »
7 Giovanni di Paolo, Adoration of the Magi. Tempéra et or sur panneau, 38,4 x 44,3 cm. Cleveland, The Cleveland Museum of Art.
8 Jacopo était ouvert au travail d’artistes d’autres écoles ; en 1421, il se porte garant d’Alberto di Betto da Assisi qui avait reçu une commande pour une Lamentation sur le Christ mort destinée à la chapelle du Crocifisso, dans la cathédrale de Sienne ; Voir Milanesi, op. cit. (note 7), II, pp. 101–102, no. 68 : une sculpture de groupe en bois, pour laquelle voir A. Galli dans Salvatore Settis et Donatella Toracca (dir.), La Libreria Piccolomini nel Duomo di Siena, Modène, 1998, pp. 343–346, dont la restauration récente, qui a permis de récupérer une partie de la polychromie originale, a révélé un ensemble sculptural de la plus haute qualité, profondément influencé par Ghiberti et l’art gothique septentrional.
9 Taddeo di Bartolo, Virgin and Child with angels, 1418. Tempéra sur panneau, 175,5 x 88,7 cm. Fogg Art Museum, Cambridge (MA).
10 Gabriele FATTORINI, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena : the ‘Madonna dei banchetti’ », The Burlington Magazine, 152, 1284, 2010, pp. 154-155.
11 Jacopo était ouvert au travail d’artistes d’autres écoles ; en 1421, il se porte garant d’Alberto di Betto d’Assisi qui avait reçu une commande pour une Lamentation sur le Christ mort destinée à la chapelle du Crucifix, dans la cathédrale de Sienne ; Voir Milanesi, op. cit. (note 7), II, pp. 101–102, no. 68 : une sculpture de groupe en bois, pour laquelle voir A. Galli dans Salvatore Settis et Donatella Toracca (dir.), La Libreria Piccolomini nel Duomo di Siena, Modène, 1998, pp. 343–346, dont la restauration récente, qui a permis de récupérer une partie de la polychromie originale, a révélé un ensemble sculptural de la plus haute qualité, profondément influencé par Ghiberti et l’art gothique septentrional.
12 Taddeo di Bartolo, Virgin and Child with angels, 1418. Cambridge (MA), Fogg Art Museum.
13 Gabriele FATTORINI, « Gentile da Fabriano, Jacopo della Quercia and Siena : the ‘Madonna dei banchetti’ », The Burlington Magazine, 152, CLII (mars 2010), pp. 154-155.

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