Le flanc gauche de la Cathédrale de Santa Maria Assunta

Francesco Periccioli (Siena [?]), « Veduta della piazza del Duomo con il Palazzo Arcivescovile ». Plume, encre brune, aquarelle grise sur papier blanc, 42,8 x 56,8 cm. [1]Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana.
Agostino Marcucci (Sienne, documenté de 1576 à 1626), « La processione del Corpus Domini esce dalla Cattedrale », début du XVII s. [2]Sienne, Museo dell’Opera del Duomo. Détail montrant, sur la gauche, le haut mur d’enceinte du cloître des chanoines sommé par la loggia du recteur.

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, l’espace situé sur le flanc gauche de l’édifice était délimité, sur trois côtés, par le palais du recteur, le chapitre des chanoines, et la paroi de la cathédrale. Le quatrième côté était fermé par la loggia du même recteur, joignant le Palais à la Cathédrale. À l’arrière de la loggia, l’espace était occupé par le cloître des chanoines du Chapitre de Sienne. Entre 1658 et 1668, le recteur de l’Opera Metropolitana Ludovico de Vecchi, conseillé par Giovanelli Orlandi, et avec l’accord du pape Alexandre VII Chigi, décida de faire démolir les deux palais, celui de l’archevêque, à droite, et celui du Recteur, à gauche, lesquels flanquaient la façade de la Cathédrale depuis le Moyen Âge. Plusieurs représentations anciennes des lieux sont parvenues jusqu’à nous et permettent de se faire une idée de l’aspect des lieux antérieurement à ces interventions ayant occasionné d’importantes modifications de l’aspect des lieux. Parmi elles, une série de dessins aquarellés de Francesco Periccioli montrent en détail l’état de la cathédrale et de la place avant et après les travaux [3]Ces dessins, réalisés sur des feuillets superposés permettaient, au moyen d’une simple manipulation, de comparer facilement les deux situations. Ils ont été réalisés de telle sorte que le pape, en les feuilletant, puisse voir le contexte ancien tel qu’il le connaissait bien, et simultanément, l’aspect que celui-ci aurait une fois les travaux terminés. et donnent une idée précise du changement radical effectué au XVIIe siècle.

Francesco Periccioli (Siena [?]) ?, « Veduta della Casa e della Loggia del Rettore ante 1661 », 1662. Plume, encre brune, aquarelle grise sur papier blanc, 19,9 x 35,5 cm. [4]Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana.
Sur le flanc gauche de la Cathédrale, la différence de couleur des marbres, plus clairs dans la partie basse, conserve la trace de la présence du cloître des chanoines.

La partie basse du flanc gauche de la Cathédrale a été refaite après les destructions. Le revêtement de marbre y est plus blanc que dans les parties hautes, et porte encore, de ce fait, la trace de la présence des anciennes constructions médiévales.

Au sol, les ornements de marbre créés par Antonio Federighi proviennent de la marqueterie des Sette età dell’Uomo située au sol, à l’intérieur de la cathédrale, devant la chapelle du Vœu où elle a été remplacé par une copie au XIXe s. Il s’agit d’une partie des encadrements de marbre originaux des sept scènes dont les originaux sont visibles au Museo dell’Opera.

Au sol, les ornements de marbre créés par Antonio Federighi proviennent de la marqueterie des Sette età dell’Uomo située au sol, à l’intérieur de la cathédrale, face à la chapelle du Vœu, emplacement où elle a été remplacée par une copie au XIXe s.

Il s’agit d’une partie des encadrements de marbre originaux dans lesquels étaient réparties les sept scènes dont les originaux sont encore visibles au Museo dell’Opera.

Plus loin, à l’angle formé par les parois de la Cathédrale et de la salle du Chapitre des Chanoines (aujourd’hui ’bookshop’) une plaque de marbre scellée dans le parement du mur porte l’inscription disposée sous la forme ci-dessous appelée « Carré Sator » [5]Le Carré Sator est composé de « cinq lignes [et] d’autant de lettres chacune ». Ces lignes « conservent, dans tous les cas, la propriété de se retrouver identiques à elles-mêmes, par quelque bout qu’on les prennent et en quelque sens qu’on cherche à les lire ». Jérôme Carcopino, « Le Christianisme secret du ‘carré magique’ », Museum Helveticum, … Poursuivre :

SATOR
AREPO
TENET
OPERA
ROTAS

« De fait, ce qui frappe de prime abord dans le carré, avant même qu’on ait essayé d’en comprendre le texte et d’y découvrir un sens caché, c’est la perfection du ‘palindrome’ qu’il réalise à vue d’œil. Sur les cinq mots qui le composent, il y en a un – tenet – qui constitue son propre palindrome, puisque aussi bien ils offre la même contexture et une signification identique de gauche à droite et de droite à gauche ; et quatre qui sont libellés de telle sorte que chacun deux s’inverse en un autre de leur groupe, arepo en opera, et sator en rotas et, cela va de soi, réciproquement. Mais il y a mieux : d’une part, la succession de ces mots forme l’un de ces palindrome continu qui est dans le jargon de leurs auteurs s’appelaient, en grec, des écrevisses, et où la phrase où ils s’agencent se déroule indifféremment dans les deux sens : Sator arepo tenet opera rotas [ou] Rotas opera tenet arepo sator.

D’autre part, ils sont rangés en carré, ils se reproduisent tels quels, non seulement suivant les lignes horizontales, mais encore suivant les verticales, où il se présentent de bas en haut comme de haut en bas. Rarement, d’un point de vue formel, les faiseurs de palindromes ont mieux réussi dans ces dans les agencement où s’ingéniait leur subtilité ; et l’on conçoit que cette figure, dans laquelle les lettres s’assemblaient suivant un ordre dont les alternances et les répétitions tiennent du prodige et semblaient inclure, dans les mystérieuses correspondances de leurs vocables, l’unité et la diversité d’un monde, ait été dotée bientôt d’étonnantes propriétés et de puissances extraordinaires. » [6]Jérôme Carcopino, « Le Christianisme secret du ‘carré magique’ », op. cit., p. 21.

Il n’est pas étonnant que l’on ait appelé cet assemblage un carré magique. Bien qu’on l’observe depuis le IXe s. et jusqu’au XIXe, à des endroits et sur des support variés allant de la pierre au parchemin et de la simple maison à la cathédrale, sa multiplication au Moyen Âge a persuadé certains érudits ((« On garnirait que le ‘carré’ était hérité de la cabale bien qu’à cette même époque, il ait été imprégné d’idées chrétiennes et parfaitement adapté aux principes de l’Église. Ainsi

Notes

Notes
1 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana.
2 Sienne, Museo dell’Opera del Duomo.
3 Ces dessins, réalisés sur des feuillets superposés permettaient, au moyen d’une simple manipulation, de comparer facilement les deux situations. Ils ont été réalisés de telle sorte que le pape, en les feuilletant, puisse voir le contexte ancien tel qu’il le connaissait bien, et simultanément, l’aspect que celui-ci aurait une fois les travaux terminés.
4 Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana.
5 Le Carré Sator est composé de « cinq lignes [et] d’autant de lettres chacune ». Ces lignes « conservent, dans tous les cas, la propriété de se retrouver identiques à elles-mêmes, par quelque bout qu’on les prennent et en quelque sens qu’on cherche à les lire ». Jérôme Carcopino, « Le Christianisme secret du ‘carré magique’ », Museum Helveticum, Vol. 5, No. 1 (1948), pp. 16-59.
6 Jérôme Carcopino, « Le Christianisme secret du ‘carré magique’ », op. cit., p. 21.

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