Girolamo del Pacchia, « La Carità »

Girolamo del Pacchia (Sienne, 1477 – après 1533)

La Carità (La Charité)

Tempéra sur panneaux hexagonaux, 89 x 51 cm.

Provenance : ?

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Publié pour la première fois à Rome en 1593, l’Iconologia overo Descrittione dell’Imagini universali de Cesare Ripa est une compilation savante de motifs allégoriques, souvent déjà utilisés dans l’Antiquité, parfois d’origine ésotérique. L’ouvrage a rapidement servi de manuel de référence à plusieurs générations de poètes et d’artistes, un peu partout en Europe. Il aura également une grande influence dans les arts appliqués. C’est ainsi, par exemple, que le Château de Versailles doit beaucoup aux modèles fournis par L’Iconologie de Ripa, au point que l’un des motifs principaux du célébrissime secrétaire à cylindre de Louis XV comporte un ornement directement copié des illustrations figurant dans le traité. [1]

Compte tenu du rôle joué par ce traité à partir de la fin du XVIe s., et conscient de l’anachronisme de la tentative [2], c’est par le biais des textes de Cesare Ripa que l’iconographie des quatre allégories feront l’objet d’un éclairage.

La Charité appartient à une série de quatre Vertus [1] représentant :

  • La Justice (vertu cardinale), fig. 1.
  • La Foi (vertu théologale), fig. 2.
  • La Charité (vertu théologale), fig. 3.
  • La Force d’âme (vertu cardinale), fig. 4.

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1                                         2

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3                                         4

L’origine de cette série n’est pas connue. Compte tenu du format très particulier de chaque panneau (six côtés irréguliers), on est enclin à penser qu’il s’agit d’éléments provenant d’un décor sur un thème allégorique, au sein duquel ils étaient possiblement insérés. L’identité des Vertus représentées pose également question. En lieu et place de sept panneaux qui constitueraient une série complète des quatre Vertus cardinales et des trois théologales, nous sommes face à quatre panneaux seulement, au sein d’une série dont la logique échappe. L’hypothèse d’un décor dispersé permettrait également d’expliquer l’absence de deux des quatre figures cardinales (la Prudence et la Tempérance) et de l’une des trois figures théologales (l’Espérance), toutes sept ayant dû, en bonne logique, être représentées dans l’hypothétique décor d’origine.

La Charité 

Cesare Ripa semble moins inspiré, ou en tous cas moins disert, pour évoquer la figure allégorique de la Charité :

« À voir ces Enfants alentour de cette Femme, qui tient à la main un cœur embrasé, et du chef de laquelle s’exhale une flamme, on juge aussitôt que c’est la Charité, qui comprend elle seule toutes les autres Vertus. Le Feu signifie l’ardeur de son zèle, qui ne s’éteint jamais en elle ; et par les Enfants qui l’environnent, il nous est montré, que cette Vertu fait ordinairement sa demeure dans les âmes innocentes et pures. »

Ne cherchons pas le Feu dans l’image de Girolamo del Pacchia. Il n’y est pas. En revanche, l’ardeur que met cette femme à sauver les deux enfants dont elle assume la charge se voit, elle, à l’œil nu. C’est d’ailleurs l’une des qualités attendues de la peinture en ce début du XVIe s. : donner à voir des expressions qui traduisent au mieux des sentiments. La présence du Feu visant à confirmer l’identité de l’allégorie ne donnerait lieu, ici, qu’à une malencontreuse paraphrase, ou à une précaution superflue.

[1] Voir, de Girolamo del Pacchia, La Justice, La Fede et La Fortezza exposées dans la même salle.

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