
La Forteresse
Quelle que soit la route empruntée lorsque l’on parcourt la campagne de la Val d’Orcia, il est peu d’endroits d’où l’on ne puisse percevoir dans le lointain la silhouette imposante et majestueuse de la forteresse de Montalcino. Son profil se dessine au loin sur la crête de la longue colline au sommet de laquelle a été construite la ville, puis elle disparaît à la vue aux abords immédiats de la cité, pour réapparaître enfin une fois passée les deux dernières courbes en épingle et la Porta Cerbaia qui annoncent l’arrivée devant la ville.
Après avoir franchi la Porta al Cassero [1], on parvient sur l’esplanade d’où l’on découvre le monument dans toute son ampleur, non sans être frappé par le caractère harmonieux du site résultant, en particulier, de l’échelle de la forteresse par rapport à la ville elle-même. L’ensemble, qui date de 1361, est dû aux architectes siennois Mino Foresi et Domenico di Feo qui, pour bâtir l’édifice, ont utilisé d’anciennes structures datant du XIIIe siècle. Il subsiste ainsi de l’ancienne basilique préexistante la tour de San Giovanni devenue chapelle du castello ainsi que le donjon de San Martino (ou Martini ?).
Située au sommet d’une belle rampe de pierre, la porte d’accès à l’intérieur de la forteresse, de style gothique, est sommée de la Balzana blanche et noire : au centre du remplage de pierre de l’arc gothique surbaissé (qui constitue le prototype de l’arc siennois), l’emblème de Sienne vient opportunément rappeler le rôle très particulier que joua la ville dans l’histoire de cette République. La porte de bois est moderne et date de 1941.
On pénètre dans la cour en forme de pentagone irrégulier, ceint de hauts murs. A chacun des angles de la cour est postée une tour dont trois d’entre elles sont encore crénelées (une restauration importante a eu lieu après le seconde guerre mondiale. L’espace qui s’ouvre à la vue offre un bon exemple de ce que pouvait être une place forte du Moyen Âge, à la charnière de la Renaissance : au fond de l’enceinte fortifiée, apparaît un simple corps de bâtiment ayant, un temps, servi de chapelle, accolé à un donjon de plan rectangulaire, celui-ci destiné à accueillir la garnison chargée de protéger la ville et, en cas de danger, les membres des familles nobles, le reste de la population se répartissant, en pareil cas, dans l’immense cour et se protégeant, le cas échéant, du soleil ou de la pluie à l’abris de toiles tendues.
On entre au rez-de-chaussée du donjon après avoir traversé l’ancienne chapelle. Celui-ci est constitué de deux pièces voûtées en ogive surmontant probablement l’ancienne citerne dont ce type de place forte était nécessairement équipé. Depuis la fin du siècle dernier, l’endroit est occupé par un commerce de souvenirs et l’on peut également y faire l’acquisition de bouteilles de Brunello.
C’est ici que démarre un étroit escalier de bois conduisant aux étages supérieurs également reliés entre eux par une petite ouverture percée dans le sol et permettant de conserver un lien acoustique, essentiel en cas de crise, entre les différents niveaux.
Terminer en retournant sur place
Du haut du chemin de ronde qui parcourt le sommet des murailles, on peut découvrir une très belle vue sur la ville de Montalcino et, plus encore, sur la sublime campagne de la Val d’Orcia qui se déploie en contrebas.
Bastion sud-ouest de la forteresse portant l’emblème des Médicis
L’imposant bastion San Giovanni, situé au sud-ouest de la forteresse, est de construction plus récente que le reste de la forteresse. Il a été édifié au XVIe siècle, sur ordre de Cosme 1er, dans le but de renforcer le principal point faible de la citadelle. Sur l’éperon le plus avancé du bastion est fixé un énorme blason des Médicis aux caractéristiques aisément reconnaissables, tel que l’on peut en rencontrer dans la plupart des communes toscanes placées sous leur domination ; sculpté dans le travertin et placé à la proue de l’immense navire de pierre, il rappelle qu’ici aussi la puissante famille florentine a exercé sa suprématie.
L’actuel jardin de chênes verts [2] qui occupe la plate forme délimitée par le bastion de San Giovanni a été pendant près de deux siècle le lieu où étaient enterrés les habitants de la ville, depuis la décision, prise en 1787 par le grand-duc Pietro Leopoldo, d’interdire toute sépulture à l’intérieur des églises et d’imposer la création de cimetières en dehors des murs des cités.
[1] Porte d’accès percée dans l’ancienne muraille de la ville. Voir article : « Porta al Cassero ».
[2] Le chêne vert est le symbole de la ville de Montalcino dont le nom dérive du latin Mons Ilcinus : le mont aux chênes.
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