Les fresques qui occupent les trois murs de la chapelle absidiale constituent un cycle consacré à l’histoire de la vie de Saint Augustin (Storie della vita di Sant’Agostino), dont il subsiste plusieurs scènes, et de deux fresques consacrées respectivement aux saints Jacques le Mineur et Philippe. Elles ont été redécouvertes à la fin du XIXe s. et au début du XXe s. dans des conditions de conservation très précaires. De très importantes restaurations ont été menées au cours des différentes campagnes de restauration (elles sont encore en cours en 2018) ; elles ont permis d’éviter une dégradation irrémédiable de l’ensemble ainsi que sa mise en valeur, parfois au prix de reconstitutions excessives comme l’attestent les photographies anciennes (fig. 1). Gaudenz Freuler [1], historien de l’art suisse, a attribué la paternité de ce cycle à Bartolo di Fredi dont il est le spécialiste reconnu. La réalisation, selon lui, pourrait toutefois avoir été assurée par l’atelier de Bartolo, probablement avec l’intervention du fils de ce dernier, Andrea [2]. L’attribution des fresques du chœur à Bartolo di Fredi Cini est dorénavant communément admise.
Gaudenz Freuler [3] précise que le décor de la chapelle a vraisemblablement été commandé à Bartolo par une riche habitante de la ville, nommée Petra Cacciati,[4] veuve de Bartolomeo Longarucci, dont le nom figure sur la grande fenêtre du chœur, en caractères bien visibles : « PIETRA IE[KTAT]IS FECIT ».
Bien que redécouvert depuis plus d’un siècle, le cycle de fresques est cependant resté longtemps absent de la littérature artistique, probablement en raison de son très mauvais état de conservation et, peut-être plus encore, des innombrables réintégrations et repeints[5] qui ont purement et simplement « réinventé » l’œuvre datant du XIVe siècle et, par la même occasion, gravement endommagé un nombre important d’images, comme l’attestent, entre autres, les photographies [6] des figures de saintes situées dans l’embrasure de la fenêtre du chœur, prises avant et après l’intervention des années 1937-38). « L’âme du travail artistique de Bartolo, écrit Emma Luccherini [7], et l’originale expressivité des fresques ne peuvent plus êtres éprouvées qu’intuitivement, et seulement grâce aux quelques têtes et autres visages qui sont parvenus intacts jusqu’à nous, surtout sur la voûte du chœur ; qu’il suffise d’observer les demi bustes des quatre Evangélistes encadrés dans des médaillons ou la merveilleuse tête, si caractéristique, de saint Jérôme ».
Fig. 1
Sant’Agata (Sainte Agathe), avant et après restauration
Pour Freuler, les fresques du chœur de Montalcino constituent l’un des cycles consacrés à Augustin les plus détaillés et les plus intéressants de toute la Toscane, et peut-être, de toute l’Italie. Elles constituent la réponse des augustiniens de Montalcino à la propagande alors intense des franciscains à laquelle Bartolo avait d’ailleurs lui-même grandement participé en peignant le grand polyptyque destiné à l’autel du bienheureux Filippino Ciardelli [8] dans l’église de San Francesco.
Le cycle de l’abside, dont une large partie est dorénavant manquante, est actuellement (octobre 2018) en cours de restauration. Les conditions précaires de l’ensemble du cycle (les fresques semblent avoir beaucoup souffert de l’humidité et de la moisissure liée aux infiltrations d’eau) rendent quelque peu délicate une reconstitution exacte de la nature et de l’ordre des scènes.
[1] FREULER, 1993.
[2] Andrea di Bartolo (?, entre 1360 et 1370 – ?, 3 juin 1428) : miniaturiste et peintre, probablement le fils de Bartolo di Fredi Cini. Voir annexe : « Principaux artistes ».
[3] FREULER, 1985 ; FREULER, 1993.
[4] Petra Cacciati, veuve de Bartolomeo Longarucci († 1380), également commanditaire (?) du triptyque de l’Adoration des Bergers conservé dans l’église Santa Flora e Lucilla à Torrita di Siena mais situé, à l’origine, dans la chapelle de San Pietro de l’église San Francesco à Montalcino. Voir : “Torrita di Siena.”
[5] Ce type de reconstruction pseudo historique est caractéristique d’une méthode propre au milieu du XXe siècle et abondamment mise en œuvre par Cesare Vagarani dans l’église de Sant’Agostino.
[6] Les photographies ont été publiées par Freuler, FREULER, 1993.
[7] Emma Luccherini, « Nota sugli affreschi della chiesa di Sant’Agostino in Montalcino », in BONNUCCI, Bruno, Agostiniani di Montalcino. Documenti per la storia del convento (secc. XII – XVIII). Montalcino, 2016, p. 410.
[8] Voir : « Iconographie des principaux saints ».