La Montée au Calvaire est mentionnée p dans les quatre évangiles canoniques et évoquée dans les premiers chapitres des Actes des Apôtres.
- Évangile selon Matthieu :
« Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier. En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Arrivés en un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire) » (Mt 27, 31-33).
- Évangile selon Marc :
« Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier, et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire) » (Mc 15, 20-22).
- La narration que l’on trouve chez Luc est plus développée :
« Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : ‘Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !” Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous.” Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?’ Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche » (Lc 23, 26-33).
- Seul Jean précise que le Christ porte lui-même la croix :
« Alors, il [Pilate] leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus. Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu » (Jn 19, 16-18).
- Actes des Apôtres :
- Les Apocryphes et la tradition :
« Soucieuse de rendre possible des célébrations où puisse s’exprimer la ferveur populaire, la tradition a imaginé des épisodes secondaires à partir des textes des évangiles jugés sans doute insuffisamment éloquents pour permettre les représentations rituelles du Chemin de croix, donnant ainsi lieu à l’évocation de ce que l’on appelle les Stations de la croix dont la quantité a beaucoup varié au fil du temps avant de se stabiliser au nombre de quatorze. […] Si des textes comme les Méditations sur la Vie du Christ seront, au XIVe siècle, à l’origine de nouveautés formelles dans la peinture de l’Italie centrale, le rayonnement de certaines représentations, héritières d’une solide tradition iconographique, vont influencer à leur tour des textes fondamentaux de la littérature religieuse du Trecento. Les œuvres peintes, de Duccio au Vecchietta, les textes, du Pseudo-Bonaventure [1]L’œuvre la plus fréquemment mentionnée par l’exégèse comme la probable et la plus significative source d’inspiration pour les représentations de la Passion dès la première moitié du XIVe siècle est sans doute les Meditationes vitae Christi, longtemps attribuées à saint Bonaventure bien que composées par un franciscain ayant vécu en Toscane dans la seconde moitié … Poursuivre à Niccolò Cicerchia [2]Niccolò Cicerchia (Sienne, v. 1335 – v. 1376) : religieux et écrivain. En 1376, il accompagne Catherine de Sienne à Avignon. Dans ses œuvres, il réutilise des matériaux médiévaux et choisit la forme du chant, typique des poèmes chevaleresques, afin de populariser le programme dominicain de catholisation de tous les aspects de la vie., sont les acteurs d’un scénario où l’image s’offre comme texte omniprésent. » [3]Laurent Golay, « La montée au calvaire : deux œuvres du Vecchietta, la tradition siennoise et les récits de la passion », Études de Lettres : revue de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne, 1994.
« Le fond de la narration est constitué des évangiles, des premiers chapitres des Actes des Apôtres, mais également de textes apocryphes comme l’Evangile de Nicodème. Par rapport au texte de Luc (23, 26-32), seul des évangélistes à offrir une description du Portement de croix, le Pseudo-Bonaventure développe notablement l’épisode, le chargeant de ce caractère dramatique qui constituera un point de référence pour les Mystères et représentations sacrées des XIVe et XVe siècles. En particulier dans le rôle joué par la Vierge et l’expression de sa douleur avant et pendant sa rencontre avec son Fils. Dans Luc, on lit : « Le peuple, en grande multitude, suivait Jésus, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et qui pleuraient sur lui. » [4]« Sequebatur autem illum multa turba populi et mulierum quae plangebant et lamentabant. ». Dans les Meditationes, la notion de multitude est reprise : « Et parce que sa mère, pleine d’inquiétude, ne pouvait l’approcher ni même le voir, à cause de la multitude, elle vint avec Jean et ses compagnons par un autre chemin, plus court, et ainsi elle put, précédant les autres, s’approcher de Lui. Lorsque, hors de la porte de la ville, à la croisée des chemins, elle le rencontra, le voyant pour la première fois chargé d’une croix si grande, elle était à moitié morte d’angoisse et ne put lui dire un seul mot ; lui non plus ne put lui parler, tellement il était pressé par ceux qui voulaient le crucifier. » [5]« Et quia vero mesta Mater eius propter multitudinem gencium ei appropinquare non poterat nec videre, ivit per aliam viam breviorem cum Iohanne et sociabus suis, ut alios precedens ei approximare valeret. Cum autem extra portam civitatis in concursu viarum eum habuit obvium, cemens eum oneratum ligno tam grandi, quod primo non viderat, semimortua facta est pre angustia, nec verbum ei dicere … Poursuivre.
Notes
1↑ | L’œuvre la plus fréquemment mentionnée par l’exégèse comme la probable et la plus significative source d’inspiration pour les représentations de la Passion dès la première moitié du XIVe siècle est sans doute les Meditationes vitae Christi, longtemps attribuées à saint Bonaventure bien que composées par un franciscain ayant vécu en Toscane dans la seconde moitié du XIIIe siècle. (Livario Oliger, « Le “Meditationes Vita Christi” del Pseudo-Bonaventura », Studi Francescani, VII (1921), p. 143-83 ; VIII (1922), p. 18-47. Francesco Sarri, Le Meditazioni della Vita di Cristo di un frate minore del secolo XIV, Milano, Vita e Pensiero, 1933. Meditations on the Life of Christ. An illustrated Manusript of the Fourteenth Century, éd. et trad. I. Ragusa et R. B. Green, Princeton ; Princeton University Press, 1961. |
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2↑ | Niccolò Cicerchia (Sienne, v. 1335 – v. 1376) : religieux et écrivain. En 1376, il accompagne Catherine de Sienne à Avignon. Dans ses œuvres, il réutilise des matériaux médiévaux et choisit la forme du chant, typique des poèmes chevaleresques, afin de populariser le programme dominicain de catholisation de tous les aspects de la vie. |
3↑ | Laurent Golay, « La montée au calvaire : deux œuvres du Vecchietta, la tradition siennoise et les récits de la passion », Études de Lettres : revue de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne, 1994. |
4↑ | « Sequebatur autem illum multa turba populi et mulierum quae plangebant et lamentabant. » |
5↑ | « Et quia vero mesta Mater eius propter multitudinem gencium ei appropinquare non poterat nec videre, ivit per aliam viam breviorem cum Iohanne et sociabus suis, ut alios precedens ei approximare valeret. Cum autem extra portam civitatis in concursu viarum eum habuit obvium, cemens eum oneratum ligno tam grandi, quod primo non viderat, semimortua facta est pre angustia, nec verbum ei dicere potuit nec Dominus ei, quia acceleratus erat ab eis qui eum ducebant ad crucifigendum. » Meditaciones de Passione Christi olim Sancto Bonaventurœ attributes, éd. M. Jordan Stallings, Washington, The Catholic University of America Press, 1965, p. 110. |
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