Chacun des trois murs est orné d’une frise qui court horizontalement sur les bords inférieurs et supérieurs des fresques. Ces frises englobent trente médaillons auxquels s’ajoute le blason de Sienne (la Balzana noire et blanche), en bas à droite du mur est, c’est-à-dire juste à droite de l’ancienne porte de sortie, aujourd’hui condamnée. Lorenzetti a placé le symbole de sa ville à un endroit où il ne manquerait pas d’être vu de tout visiteur quittant la Salle des Neuf.
Ces trente médaillons ne sont pas tous parvenus jusqu’à nous : huit (quatre tyrans et quatre planètes) sont aujourd’hui perdus et l’un d’eux, le Soleil, est aujourd’hui à demi masqué par une poutre. Leur registre montre la richesse de la pensée qui a érigé ce cycle unique en son genre, puisqu’on y trouve :
- Les sept arts libéraux (auxquels s’ajoute « PHILOSOPHIA »), qui courent sous les deux premiers murs consacrés au Bon Gouvernement :
- Sous l’Allégorie : le Trivium (« GRAMATICA », « DIALECTICA », « RHETORICA »)
- Sous les Effets du Bon Gouvernement : le Quadrivium (« ARITHMETICA », « GEOMETRIA », « MUSICA », « ASTROLOGIA ») et « PHILOSOPHIA »
Le sens va de soi : c’est le Bon Gouvernement qui favorise l’essor de la connaissance et du savoir dans la République.
- Les quatre saisons :
- Au-dessus des Effets du Bon Gouvernement : le Printemps (aujourd’hui effacé) et l’Eté (une faucille de moissonneur dans la main droite et une gerbe de blé dans l’autre)
- Au-dessus du Mauvais Gouvernement : l’Automne (Bacchus en vieillard torse nu tenant deux grappes de raisin l’une blanc et l’autre noir et des branches d’un arbuste non identifié) et l’Hiver (un homme élégant portant une boule de neige, sur un fond qui semble martelé de taches blanches, comme autant de flocons)
Leur sens et leur positionnement sont explicites, les saisons douces sous le Bon Gouvernement, les saisons difficiles sous le Mauvais Gouvernement.
- Sept astres sont encore visibles, il manque quatre planètes, aujourd’hui effacées :
- Au-dessus de l’Allégorie du mur nord : le Soleil, à demi masqué par une poutre. On devine une boule de feu, encerclant probablement un visage, et les deux chevaux dorés du char du Soleil prêts à entamer leur course. Les quatre planètes manquantes autour du Soleil étaient probablement : la Terre, Uranus, Neptune et Pluton.
- Au-dessus du mur est :
- Vénus, une belle femme d’allure volontaire insérée dans le signe zodiacal du Taureau
- Mercure en dieu du commerce et des études de la mythologie romaine. Il tient d’une main une longue tige dont l’extrémité est striée. Il s’agit sans doute d’un instrument de mesure pour le commerce, ou peut-être est-ce le caducée ou son signe astrologique ? Sous le bras gauche, il porte un gros livre, symbole de connaissance.
- la Lune, figure miroir du Soleil. Elle est constituée d’une face encerclée d’un croissant de lune et on retrouve les deux chevaux dorés du char du Soleil qui terminent ici leur fin de course diurne.
- Au-dessus du mur du Mauvais Gouvernement :
- Saturne, brandissant la faucille et le marteau avec lesquels il a tué son père Uranus
- Jupiter, sous l’aspect d’un jeune empereur arborant couronne fermée, sceptre et orbe
- Mars en dieu de la guerre, à cheval, armé jusqu’au cou, glaive à la main, prêt à charger
- Un seul des cinq tyrans de l’antiquité qui se trouvaient sur le bord inférieur du Mauvais Gouvernement est aujourd’hui visible. Il s’agit de Néron, figure du tyran sanguinaire et fou. Il se jette sur son épée pour se suicider.
- Enfin, deux emblèmes, insérés dans des écussons :
- Sur la frise supérieure du mur est : les Clefs de Saint Pierre, emblème du Vatican, qui veille sur la cité guelfe de Sienne
- Sur la frise supérieure du mur ouest : des Fleurs de lys, dont la sens est difficile à déchiffrer. S’agit-il de l’emblème de la Maison de France ou de celui de Florence ?
Si toutes les figures de ces médaillons ne nous sont pas parvenues, leur raison d’être ne fait aucun doute : elles avaient pour objectif de renforcer le sens des images des fresques et des inscriptions. Comme les Vices et Vertus des fresques, les figures représentées, au-delà des mentions qu’on pouvait lire sous l’image, se devaient d’être facilement identifiables.
Les représentations des Arts Libéraux sont assez proches de celles de Giotto à Padoue : des personnages majestueux en grisaille assis sur un trône de marbre imposant et tenant en main des attributs reconnaissables entre tous. Les images des Astres et des Saisons, comme on l’a vu, tout en reprenant les attributs traditionnels, ont permis à Lorenzetti de donner libre cours à son imagination, c’est par exemple le cas pour l’Hiver. Mais c’est dans la série des Astres que Lorenzetti déploie le plus son originalité : pour les représenter, il utilise à la fois des symboles des divinités mythologiques correspondantes (Saturne, le Soleil, Mercure et Mars), mais aussi les signes du zodiaque (Vénus et la Lune) et des images d’origine laïque (Jupiter).
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