Pietro di Giovanni d’Ambrogio, “San Bernardino”

Pietro di Giovanni d’Ambrogio (Sienne, connu de 1410 à 1449)

San Bernardino, 1444 (la signature indique 1439).

Tempera sur panneau,

Inscriptions :

  • (dans le livre ouvert) : “QU[A]E SURSU[M] SUNT SAPITE NON QU[A]E SUPER TERRAM” [1]
  • (le long du cadre, en bas) : « OPVS PETRI IOHANE SENIS MCCCCXXXVIIII » [2], répété deux fois.

Provenance :

Sienne, Basilica dell’Osservanza.

Le fil conducteur qui relie nombre d’œuvres conservées dans la Basilique de l’Observance est la dévotion à saint Bernardin et, plus généralement, aux saints de l’ordre franciscain. Le panneau de Pietro di Giovanni d’Ambrogio (provient-il d’un polyptyque comme son format pourrait l’induire ?) représente le grand saint siennois. L’œuvre est d’une importance particulière : peinte en 1444, année de sa mort, il s’agit de l’une des premières représentations de Bernardin en peinture. Peinte par un artiste ayant eu l’occasion de l’observer de visu, elle peut être considérée comme l’équivalent d’un portrait, et devient ainsi un modèle, sinon un archétype, pour toutes les représentations suivantes. Les traits de son visage et son allure générale demeureront d’ailleurs les caractères distinctifs de son iconographie personnelle, outre, bien entendu, les attributs qui l’accompagnent parmi lesquels figure en premier lieu le monogramme « IHS » visible dans le centre d’un soleil rayonnant.

Le geste de la main droite de Bernardin doit être interprété comme un souvenir de son éloquence maintes fois soulignée : ici, le saint accompagné du geste la parole prononcée, dont il souligne, d’une certaine manière, à la manière d’un commentaire, le caractère particulièrement précis. Évidemment voulue, et non fortuite, la proximité de ce geste avec le symbole du nom du Christ est telle que l’on dirait qu’il le maintient au bout de ses doigts, comme un objet matériel d’une insigne préciosité.

A l’époque où l’Humanisme mettait l’homme au centre du monde, Bernardin insistait sur la suprématie absolue du Christ. De ce point de vue, l’inscription figurant dans le livre ouvert qu’il tient de la main gauche apparaît particulièrement emblématique et rappelle le rôle joué par la peinture visible dans les églises, et pas uniquement là : avant d’être vue comme une œuvre d’art, l’image a d’abord constitué, souvent plus que l’écrit en raison de l’illettrisme des foules, l’un des principaux vecteurs de la communication du message délivré par l’Église.

Comme cela arrive parfois, une main anonyme a répété, à une époque tardive, les éléments de la signature ainsi que la date de la réalisation de l’œuvre, comme si l’effacement guettait ces inscriptions et qu’il fallait en pérenniser la présence.

[1] “quae sursum sunt sapite, non quae super terram. Mortui enim estis, et vita vestra est abscondita cum Christo in Deo. Cum Christus apparuerit, vita vestra : tunc et vos apparebitis cum ipso in gloria” : “Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.” Paul, Épître aux Colossiens 3, 2-4.

« Œuvre de Pietro di Giovanni, de Sienne, 1439 ».