Palazzo del Magnifico Pandolfo Petrucci

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Palais de Pandolfo Petrucci dit ‘le Magnifique’

Via dei Pellegrini, 20/22. Sienne.

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Construit en 1508 par Domenico di Bartolomeo sur des dessins de Giacomo Cozzarelli, le palais compta parmi les demeures les plus fastueuses de son époque.

Le grand salon de l’étage noble, en particulier, possédait un plafond dont les scènes mythologiques étaient peintes à fresque par Pintoricchio sur le modèle de la Voûte d’or de la Domus Aurea (Rome). Les murs de ce salon étaient, quant à eux, ornées de huit scènes également peintes à fresque, œuvres de Girolamo Genga, Luca Signorelli et du même Pintoricchio. Ces fresques ont été détachées et sont réparties entre la Pinacoteca Nazionale de Sienne et plusieurs musées internationaux. 

L’ancien décor du salon du Palazzo del Magnifico Pandolfo Petrucci

Le Palazzo del Magnifico a été restauré récemment. A cette occasion, son apparence extérieure a retrouvé son lustre d’antan. Mais le décor intérieur, universellement considéré comme admirable, est irrémédiablement perdu ou dispersé. Les fresques les plus célèbres, celles des Signorelli, Pinturicchio et Genga furent tantôt détruites, tantôt découpées avec tout le mur sur lequel elles étaient peintes et “vendues au plus offrant” [1]TORRITI 1978, p. 50..

Le salon de l’étage noble était la pièce la plus extraordinaire du palais. De forme presque carrée (6,74 x 6,29 m), il était orné d’un décor dont le thème s’inspirait de la poésie épique, de l’histoire antique et de la poésie du XIVe s. pour en tirer une série d’exemples de vertus civiles et militaires, aussi bien publiques que privées, supposées inspirer moralement le couple de jeunes mariés mais, surtout, faites pour célébrer le commanditaire de l’ensemble décoratif.

Grâce aux descriptions laissées par les deux historiens siennois du XVIIIe s. que furent le Père della Valle et l’Abbé Carli, Martin Davies [2]DAVIES 1951, pp. 340, 367, 377, 441. est parvenu à reconstruire la forme originale de l’ensemble décoratif, à indiquer les noms des artistes y ayant participé, et à retracer les vicissitudes de la destruction et du démembrement du décor, incluant les fresques murales, celles de la voûte ainsi que du sol couvert d’un pavement orné de grotesques ou des armes de la famille Petrucci. [3]Les carreaux de majolique subsistants sont répartis entre Berlin, Londres (Victoria and Albert Museum) et Paris (Musée du Louvre).

LES PAROIS DU SALON

« Les parois, bordées de cadres sculptés d’Antonio Barili, étaient décorées de huit histoires sur des sujets tirés de la mythologie classique et de l’allégorie, et divisés par de très fins pilastres de bois également sculptés par Barili » [4]DAVIES 1951, pp. 340, 367, 377, 441. ; huit de ces pilastres sont aujourd’hui conservés dans le salon du premier étage du Palazzo Piccolomini alla Postierla, aujourd’hui siège de la Soprintendenza Archeologia Belle Arti e Paesaggio per le province di Siena, Grosseto e Arezzo. Trois de ces huit fresques sont perdues. Les deux œuvres actuellement visibles à la Pinacoteca Nazionale figurent parmi le groupe des cinq qui ont pu sauvées après avoir été taillées directement avec leur support mural et séparées les unes des autres. Les trois dernières sont conservées à la National Gallery de Londres. On connaît aussi bien le sujet que l’auteur de chacune d’elles, y compris s’agissant des deux fresques définitivement perdues :

LA VOÛTE DU SALON

Pintoricchio (Perugia, vers 1452 – Sienne, 1513), Voûte du palais de Pandolfo Petrucci. Reconstitution des fresques détachées et des stucs. New York, The Metropolitan Museum.

Les fresques du plafond, détachées en 1912, sont parvenues jusqu’à Paris avant de traverser l’Atlantique pour New-York en 1914, afin d’y demeurer définitivement. L’ensemble, conçu par le Pintoricchio, fait aujourd’hui partie des collections du Metropolitan Museum de New-York (fig. ci-dessus). Cette œuvre remarquable était constituée de quarante-huit panneaux peints à la fresque dans des formats rendus particulièrement complexes du fait de l’organisation et de la partition du décor, et encadrés par un réseau de moulures sculptées dans le stuc.

La recomposition du décor qui figure ci-après est celle proposée par H. B. Wehle, mais, dit Pietro Torriti, « inexplicablement, le chercheur américain n’a pris en compte que la seule partie centrale du plafond où étaient installées vingt deux des quarante huit fresques qui formaient le décor complet [5]TORRITI 1978, p. 50. », ainsi que l’indique le schéma ci-dessous (fig. b). La distribution générale et la partition de la surface dérive de l’une des voûtes peintes dans la Domus Aurea, ou Maison dorée, immense palais impérial que l’Empereur Néron fit construire à Rome sur les pentes du Palatin (la demeure couvrait une partie importante de la ville intra muros) et que Pintoricchio eut l’occasion de voir personnellement au cours de ses différents séjours à Rome. Un grand nombre de figures individuelles s’inspirent, quant à elles, d’œuvres d’art antiques, en particulier des sarcophages.

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Si la conception du décor du plafond est entièrement due au Pinturicchio, son exécution a probablement été confiée, comme cela se produisait généralement dans l’organisation de l’atelier d’un peintre, à ses assistants, parmi lesquels se trouvaient certainement le siennois Giacomo Pacchiarotti et le jeune Girolamo Genga.

Autour d’un grand écu aux armes de la famille Petrucci s’organisait une série de compartiments peints à fresque sur des sujets empruntés à la mythologie antique, séparés et encadrés de bandeaux sculptés dans le stuc :

  1. Il Pintoricchio’, Putto with garlands (Putto avec guirlande entourant le blason des Petrucci placé au centre)
  2. Il Pintoricchio’, Putto with garlands (Putto avec guirlande entourant le blason des Petrucci placé au centre)
  3. Il Pintoricchio’, Putto with garlands (Putto avec guirlande entourant le blason des Petrucci placé au centre)
  4. Il Pintoricchio’, Putto with garlands (Putto avec guirlande entourant le blason des Petrucci placé au centre)
  5. Il Pintoricchio’, Rape of Proserpine (Rapt de Proserpine)
  6. Il Pintoricchio’, Chariot of Apollo (Char d’Apollon)
  7. Il Pintoricchio’, Triumph of Mars (Triomphe de Mars)
  8. Il Pintoricchio’, Chariot of Ceres (Char de Cérès)
  9. Il Pintoricchio’, Triumph of Cybele (Triomphe de Cybèle)
  10. Il Pintoricchio’, Triumph of Alexander (Triomphe d’Alexandre)
  11. Il Pintoricchio’, Triumph of Amphitrite (Triomphe d’Amphitrite)
  12. Il Pintoricchio’, Triumph of a warrior (Triomphe d’un guerrier [César ?])
  13. Il Pintoricchio’, Galatea ? (Galathée ?)
  14. Il Pintoricchio’, Hunt of the Calydonian Boar (Chasse au sanglier Caledonio)
  15. Il Pintoricchio’, Judgment of Paris (Jugement de Pâris)
  16. Il Pintoricchio’, Helle on a Ram (Helle sur le bélier à la Toison d’or)
  17. Il Pintoricchio’, Hercule and Omphale (Hercule et Omphale)
  18. Il Pintoricchio’, Rape of Europa (Rapt d’Europe)
  19. Il Pintoricchio’, Bacchus, Pan and Silenus (Bacchus, Pan et Silène)
  20. Il Pintoricchio’, Jupiter and Antiope (Jupiter et Antiope)
  21. Il Pintoricchio’, The three Graces (Les trois Grâces)
  22. Il Pintoricchio’, Venus and Cupid (Vénus et Amour)
Œuvres provenant du palais visibles a sienne

Notes

Notes
1 TORRITI 1978, p. 50.
2 DAVIES 1951, pp. 340, 367, 377, 441.
3 Les carreaux de majolique subsistants sont répartis entre Berlin, Londres (Victoria and Albert Museum) et Paris (Musée du Louvre).
4 DAVIES 1951, pp. 340, 367, 377, 441.
5 TORRITI 1978, p. 50.