Giovanni Antonio Bazzi, dit ‘Il Sodoma’ (Vercelli, 1477 – Sienne, 1549)
Benedetto fa portare il corpo di Cristo sopra il corpo del monaco (Benoît fait porter le corps du Christ sur le corps d’un moine), 1505-1508.
Fresque
Inscription (sous la fresque) :
- “COME BENEDETTO FA PORTARE IL CORPO DI CRISTO SOPRA AL CORPO DEL MONACO CHE LA TERRA NON VOLEVA RICEVERE” [1]
Provenance : In situ
Chiusure (Asciano), Abbazia di Monte Oliveto Maggiore, Cloître principal.
« Il y avait, parmi les religieux, écrit saint Grégoire, un jeune enfant qui avait pour ses parents une tendresse excessive. Un jour, il quitta le monastère sans avoir reçu la bénédiction du saint abbé ». Une fois arrivé chez ses parents (on découvre au loin leur ferme désolée au second plan), le jeune moine décède brutalement.
Les parents du jeune moine tentent à plusieurs reprises d’ensevelir le corps de leur fils mais, à deux reprises, la terre restitue le cadavre ; jusqu’à ce que Benoît, sollicité par le prêtre chargé de la cérémonie funèbre, ne donne à celui-ci une hostie en le chargeant de la déposer sur le corps du défunt. Alors seulement, l’inhumation peut avoir lieu.
L’instant décisif est représenté au premier plan. Allongé selon une horizontale parfaite et encore accentuée par l’angle droit formé avec l’homme debout à ses pieds, le corps rendu rigide par la mort reçoit des mains du prêtre l’hostie envoyée par l’abbé, sous les yeux de la famille du défunt rassemblée autour de lui, cierges à la main [2]. Un groupe d’enfants de chœur joue son rôle tout en offrant à Sodoma prétexte à une déclinaison de visages juvéniles d’une grande expressivité. Dans la compagne environnante qui descend jusqu’à la mer, un chasseur chasse, des lévriers poursuivent un lièvre, le lièvre fuit, la vie suit son cours.
[1] “Comment Benoît fait porter le corps du Christ sur le corps d’un moine que la terre ne voulait pas recevoir”. L’épisode est relaté dans le Livre II des Dialogues, chapitre 27 :
“[…] Un certain jour, l’un de ses moines, un jeune garçon qui aimait ses parents plus que de raison, voulut se rendre à la maison et il sortit du monastère sans bénédiction, mais le jour même, à peine était-il arrivé chez eux qu’il mourut. Or, bien qu’il eût été enseveli, on retrouva son corps, le jour suivant, hors de terre. De nouveau, ils se mirent en devoir de lui redonner une sépulture, mais le jour d’après, on le retrouva encore rejeté à l’extérieur et le voilà exhumé comme la première fois !
Alors, en toute hâte, ils coururent se jeter aux pieds de Benoît et demandèrent avec force larmes qu’il daignât lui faire grâce. Aussitôt, de ses propres mains, l’homme de Dieu leur donna le Corps eucharistique du Seigneur en disant : ‘Allez et déposez le Corps du Seigneur sur sa poitrine, et lui, ensevelissez-le ainsi.’ Lorsque cela fut accompli, la terre retint le corps qu’on y avait déposé et ne le rejeta plus. Comprends-tu bien, Pierre [Pierre est l’interlocuteur de Grégoire dans le Dialogue), quel était le mérite dont cet homme était revêtu aux yeux du Seigneur ? La terre rejetait le corps de celui qui n’était pas en grâce aux yeux de Benoît !’ […]”
D’après http://www.abbayes.fr/lectio/Vie_Benoit/Introduction.htmn, consulté le 7 février 2020, et CAVALCA, Domenico, Volgarizzamento del Dialogo di San Gregorio, reproduit dans CARLO, Enzo, Le storie di San Benedetto a Monte Oliveto Maggiore. Cinisello Balsamo (Milano), 1980, pp. 161-180.
[2] Le Sodoma a fait en sorte que la position relative des cierges et leur succession dans l’espace représenté inscrive le mot “VIXI” (“j’ai vécu”) sur la surface de l’œuvre.
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