Marcus Manlius Capitolinus

Marcus Manlius, dit parfois Capitolinus (mort en 384 av. J.-C.) : homme politique romain, consul en 392 av. J.-C. Sa participation à la défense du Capitole contre les Gaulois de Brennus [1] fait de lui l’un des héros du dévouement à la République. Cinq ans après ce haut fait, Marcus Manlius cherche à gagner les faveurs de la plèbe, ce qui lui vaut d’être accusé de tenter d’établir une tyrannie. Jugé et reconnu coupable, il est exécuté en étant précipité du haut de la roche Tarpéienne. [2]

[1] « […] à Rome la citadelle et le Capitole furent en grand danger. En effet, les Gaulois, soit qu’ils eussent remarqué des traces d’homme à l’endroit où avait passé le messager de Véies, soit qu’ils eussent découvert d’eux-mêmes que près du temple de Carmentis la roche était d’accès facile, profilant d’une nuit assez claire, et se faisant précéder d’un homme non armé pour reconnaître le chemin, ils s’avancèrent en lui tendant leurs armes dans les endroits difficiles; et s’appuyant, se soulevant, se tirant l’un l’autre, suivant que les lieux l’exigeaient, ils parvinrent jusqu’au sommet. Ils gardaient d’ailleurs un si profond silence, qu’ils trompèrent non seulement les sentinelles, mais même les chiens, animal qu’éveille le moindre bruit nocturne. Mais ils ne purent échapper aux oies sacrées de Junon, que, malgré la plus cruelle disette, on avait épargnées ; ce qui sauva Rome. Car, éveillé par leurs cris et par le battement de leurs ailes, Marcus Manlius, qui trois ans auparavant avait été consul, et qui s’était fort distingué dans la guerre, s’arme aussitôt, et s’élance en appelant aux armes ses compagnons : et, tandis qu’ils s’empressent au hasard, lui, du choc de son bouclier, renverse un Gaulois qui déjà était parvenu tout en haut. La chute de celui-ci entraîne ceux qui le suivaient de plus près ; et pendant que les autres, troublés, et jetant leurs armes, se cramponnent avec les mains aux rochers contre lesquels ils s’appuient, Manlius les égorge. Bientôt, les Romains réunis accablent l’ennemi de traits et de pierres qui écrasent et précipitent jusqu’en bas le détachement tout entier ». Tite-Live, Histoire romaine, Livre V, 47.

[2] « Pour le récompenser de cet exploit [la défaite des Gaulois], ses concitoyens lui donnèrent le titre de patron, une provision de blé et une maison sur le Capitole. Tant d’honneur l’enfla d’orgueil : il osa accuser le sénat d’avoir détourné à son profit l’or des Gaulois, pendant qu’il payait lui-même, de ses deniers, les dettes des débiteurs condamnés à être les esclaves de leurs créanciers. Cette conduite le faisant soupçonner d’aspirer à la royauté, il fut mis en prison ; mais il en sortit par le voeu du peuple. Comme il persévérait dans la même conduite, et faisait naître de plus graves soupçons qu’auparavant, il fut accusé une deuxième fois. La vue du Capitole fut cause qu’il ne fut d’abord ni condamné, ni absous. Condamné peu après dans un endroit d’où cette forteresse ne pouvait être aperçue, il fut précipité de la roche Tarpéienne. Sa maison fut rasée, ses biens confisqués, et sa famille abjura son surnom, de peur qu’à l’avenir aucun de ses membres ne prît celui de Capitolinus ». Aurelius Victor, De Viris illustribus, XXIV – M. Manlius Capitolinus.