Les suppressions de la fin du XVIIIe s. et de l’ère Napoléonienne

Jusqu’au milieu du XVIIIe s., les institutions ecclésiastiques bénéficiaient de privilèges, d’exemptions et d’immunités de toutes sortes. Elles étaient dépositaires d’une partie substantielle de la richesse immobilière, notamment foncière, ainsi que centres de collecte de sommes d’argent considérables, perçues sous forme d’impôts et de privilèges. Les institutions religieuses assuraient également, majoritairement vis-à-vis des États, l’exercice d’activités sociales et éducatives. Après le milieu du XVIIIe siècle, la volonté des souverains et de leurs gouvernements a commencé à redimensionner l’influence que les institutions ecclésiastiques, et notamment les ordres et congrégations religieuses, exerçaient sur les populations dans le but d’acquérir et de remettre en circulation les marchandises, obtenant ainsi une augmentation considérable du flux d’argent qui, sous forme d’impôts et de contributions diverses, sortait des frontières des États pour aller à Rome.

Les « suppressions » napoléoniennes ont été précédées, dans le grand-duché de Toscane, par diverses lois émanant du gouvernement du grand-duc Pietro Leopoldo [1]Pierre-Léopold de Habsbourg-Lorraine (Schönbrunn [près de Vienne], 1747 – Vienne, 1792) : archiduc d’Autriche, troisième fils de l’empereur François I et de son épouse Marie-Thérèse, archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême. Devenu grand-duc sous le nom Pierre Léopold I de Toscane (1765 – 1790), puis empereur des Romains sous celui … Poursuivre. La diffusion des idées de la Révolution française, en particulier sa législation antimonastique, inspira une politique défavorable aux religieux dans les territoires occupés par les Français en Italie. Mais c’est le décret napoléonien du 13 septembre 1810 qui imposa la suppression définitive et générale, incluant la fermeture des couvents, qui fut instituée pour le 15 octobre de la même année ; décision accompagnée de l’interdiction, en vigueur depuis le 1er novembre, pour les religieux de porter l’habit régulier. Il faut ajouter que depuis 1808 l’incertitude de l’avenir s’était ajoutée à la misère matérielle des monastères et des couvents. En effet, dès le mois d’avril de cette année-là, des commissaires du gouvernement avaient visité et inventorié des couvents, des églises, des chapelles, des centres d’archives, des écoles, et avaient exproprié des tableaux, des objets de valeur et de l’argenterie qu’ils avaient envoyés aux différentes monnaies de l’État. À partir de 1810, de nombreux religieux et religieuses privées de foyer sont contraintes de retourner auprès de leurs proches ou de subvenir seules à leurs propres besoins.

La situation change après la chute de Napoléon en 1814. En Toscane, avec le retour du grand-duc Ferdinand III, les supérieurs généraux des Ordres préparent la restauration de leurs monastères et de leurs couvents respectifs. Une Députation sur les biens ecclésiastiques est établie par le gouvernement grand-ducal, mais la pauvreté de la population étant grande, de nombreux petits couvents se trouvent dans l’impossibilité de rouvrir. Pour certains grands couvents, il est décidé de compenser les expropriations avec des fonds, plutôt que de restituer les biens faisant désormais partie du patrimoine public ou vendus à des particuliers.

Notes

Notes
1 Pierre-Léopold de Habsbourg-Lorraine (Schönbrunn [près de Vienne], 1747 – Vienne, 1792) : archiduc d’Autriche, troisième fils de l’empereur François I et de son épouse Marie-Thérèse, archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême. Devenu grand-duc sous le nom Pierre Léopold I de Toscane (1765 – 1790), puis empereur des Romains sous celui de Léopold II, roi apostolique de Hongrie, roi de Bohême (1790 – 1792).

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