Le terme plain-chant est l’équivalent français du latin Cantus Planus. Ici, le terme plain est de la même famille que le mot plaine, et désigne la continuité de quelque chose qui n’a pas de rupture, d’accident ni d’altération.
« Le vieux mot de plain-chant désigna, vers le XIIe siècle, le chant de l’Église catholique ; existant depuis plusieurs siècles, il apparut alors planus par opposition à un chant nouveau où la division du temps (brèves, semi-brèves, etc.) acheminait vers une composition plus complexe, moins asservie à la rythmique propre du mot latin. On a beaucoup discuté sur l’origine de ces mélodies ; le chant grégorien n’est pas, comme on l’a prétendu, l’œuvre de Grégoire le Grand, pape de 590 à 604, lequel mit en ordre le calendrier liturgique et l’ordonnance des prières, et provoqua sans doute ainsi le progrès musical et une certaine unité dans le répertoire. Il semble que ce chant, sous sa forme actuelle, ait été élaboré à partir d’un modèle plus ancien, peu après 750, entre Loire et Rhin, en milieu bénédictin et carolingien ; ensuite, il l’emporta dans toute l’Europe (sauf à Milan) sur tous les répertoires régionaux antérieurs (gallican, hispanique, bénéventain…) et même sur le chant des basiliques romaines qui semble avoir été à son origine. […] il apparaît, dans les premiers livres liturgiques (IXe s.), comme un tout bien constitué, homogène, avec des formes nettes (psaumes, antiennes, répons, etc.), un langage musical bien défini et bien assimilé… […] Le plain-chant a, par exemple, une rythmique quasi instinctive fondée sur celle du mot latin, une syntaxe modale très précise, unique en Occident, ou encore une écriture méticuleuse […]. Enfin, ce chant se révèle dès l’origine comme un commentaire musical hautement contemplatif. Un ensemble relativement considérable de manuscrits permet, à partir de la fin du IXe siècle, d’étudier ce répertoire à sa source de diffusion. […] fait surprenant, ce sont les manuscrits les plus anciens qui donnent, et abondamment, les nuances les plus riches. » Encyclopedia Universalis.