Bartolo di Fredi, « Ritorno di Maria nella casa dei genitori »

IMG_1852

Bartolo di Fredi (Sienne, documenté à partir de 1353 – 1410)

Ritorno di Maria nella casa dei genitori (Retour de Marie chez Anne et Joachim), 1388.

Tempera sur panneau, compartiment central de la prédelle du Polittico dell’Incoronazione della Vergine (Polyptyque du Couronnement de la Vierge)

Inscriptions : /

Provenance : Chapelle de l’Annunziata, Église de San Francesco, Montalcino.

Montalcino, Museo Civico e Diocesano d’Arte Sacra (dépôt de la Pinacoteca Nazionale).

L’épisode est d’une grande rareté dans l’iconographie chrétienne (voir Les fresques disparue de la façade de Santa Maria della Scala). Il n’est pas cité par Louis Réau, pourtant prolixe, dans son monumental dictionnaire. L’Évangile de la naissance de Marie, apocryphe attribué à saint Jacques, indique que parvenue à ses 14 ans, elle dut, comme toutes les jeunes filles de son âge, quitter le Temple afin de se marier, selon la tradition. Après les fiançailles, Joseph retourna à Bethléem afin d’organiser les préparatifs du mariage tandis que Marie revint au domicile de ses parents à Nazareth en compagnie de sept autres jeunes filles, nous dit le texte. Selon d’autres sources, elle y aurait été accueillie par Anne seule, Joachim étant alors déjà mort. La légende est assez imprécise pour que le peintre puisse prendre ici la liberté de faire figurer Joachim, sans doute pour donner à la scène l’allure de retrouvailles familiales. Anne et Joachim accueillent Marie sur le pas de la porte en lui prenant les mains. A droite, derrière Marie, qui ne porte pas encore le voile habituel des femmes mariées, un groupe de jeunes femmes est témoin de la scène et nous donne par la même occasion la possibilité d’admirer leurs silhouettes élégantes, tout droit sorties du Trecento. A l’arrière du groupe, apparaît une femme vêtue de rouge, la tête voilée. Certains commentateurs y ont vu la figure d’Elisabeth, cousine de la Vierge bien que cette dernière ne soit pas représentée avec l’auréole nécessaire.

Ce panneau sert également de prolongement à la scène précédente, selon un système narratif rencontré à plusieurs reprises au sein du retable dans lequel la relation des événements figurés semble procéder de manière méthodique, par paires, à la manière d’une parenthèse qui s’ouvrirait pour se refermer aussitôt, l’épisode étant signifié au moyen d’une introduction immédiatement suivie d’une conclusion même si, dans le cas présent, la conclusion, nous l’avons vu, se trouve dans le panneau du Mariage de la Vierge. Nous en verrons un nouvel exemple dans le registre supérieur (deux scènes de la Dormition de la Vierge) ainsi que, à deux reprises, sur la prédelle (Histoire de Joachim et Jeunesse de la Vierge).