Bartolomeo da Miranda (XVe siècle)
Madonna col Bambino tra i Santi Maria Maddalena, Caterina d’Alessandria, Giovanni Battista e Bernardino da Siena (Vierge à l’Enfant entre les saints Marie Madeleine, Catherine d’Alexandrie, Jean Baptiste et Bernardin de Sienne), 1449
Fresque, dimensions ?
Inscriptions :
– sous le trône de la Vierge : « * bartolomus . demiranda . pinsit * »
– sur la bordure de l’élément décoratif de marbre feint : « * queste . figure . facte . fare . certe . done . datrequanda . »
– sur le phylactère de Jean Baptiste : « Ecce angus dei […] tollis […] n»
Provenance : ?
Le thème de la fresque consiste en la représentation de la Vierge vue en majesté, assise sur un trône surélevé sur un marchepied. La Reine des Cieux est en train d’allaiter son Fils qu’elle porte assis sur ses genoux. Celui-ci vient de s’interrompre comme s’il avait été surpris par l’arrivée, à l’improviste, du spectateur vers lequel, à l’instar de la Vierge, il porte dorénavant son regard. De part et d’autre, les saints, tous quatre particulièrement vénérés dans la région de Sienne, constituent une sorte de résumé de la cour céleste ou règne la Vierge. Ils sont aisément identifiables tant par la fréquence de leur présence que par leurs attribus symboliques particulièrement mis en valeur :
– Marie-Madeleine, près du bord gauche, porte le flacon d’onguent symbole de sa vie de pécheresse, avec lequel elle a recueilli le sang du Christ sur le Golgotha ; sa chevelure défaite est l’autre signe qui permet d’identifier la sainte (les cheveux décoiffés visent à rappeler une nouvelle fois une vie de jeunesse dissolue et marquée par la prostitution).
– Catherine d’Alexandrie, princesse égyptienne légendaire, porte à sa gauche la roue de son supplice, symbole qui la distingue infailliblment des autres saintes, ainsi que le livre qui la désigne comme sainte et la palme du martyre.
– Jean Baptiste porte, comme le veut la trdition iconographique, une peau de bête – rappel de sa vie dans le désert – en partie dissimulée sous sous un manteau et porte, outre une barbe et une chevelure hirsute, un philactère sur lequel on peut lire la formule qu’il aurait prononcée lors du baptème dans le Jourdain : « Ecce agnus dei qui tollis peccata mundi ».
– Bernardin de Sienne, enfin, que l’on reconnaît à son habit de moine franciscain et au monogramme du Christ I-H-S [1] qu’il présente frontalement. Cette figure, hors d’échelle par rapport aux autres, semble à première vue constituer un rajout, comme si une actualité religieuse particulière avait conduit à remplacer un personnage sacré préexistant par la figure de Bernardin. Il n’en est probablement rien mais le traitement particulier de la figure de Bernardin pourrait, en revanche, permettre au peintre d’éviter de placer l’orateur franciscain, personnage contemporain, au même niveau de dignité que les autres saints figurés. On notera d’ailleurs que ce dernier n’est pas nimbé d’une auréole, ce qui laisse supposer qu’il a pu être représenté avant sa canonisation (celle-ci eut lieu le 24 mai 1450, prononcée par le pape Nicolas V).
La fresque est remarquable par la manière élégante dont Bartolomeo da Miranda utilise le format irrégulier dont il dispose, renonçant à placer l’ensemble des personnages au même niveau grâce à un subterfuge rendu possible par l’introduction d’une sorte d’élément architectonique qui, au premier plan, semble rapporté au trône.
On notera, enfin, outre la signature de l’artiste, la mention quelque peu mystérieuse (« queste figure facte fare certe donne de Trequanda [2] ») qui permet d’évoquer la vocation votive de cette fresque probablement peinte pour quelque grâce mystérieusement reçue …
[1] Voir annexe: « Iconographie des principaux saints ».
[2] « Ces figures ont été faites par certaines dames de Trequanda ».
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