Michelino da Besozzo, “Matrimonio mistico di Santa Caterina d’Alessandria e i Santi Giovanni Battista e Antonio Abate”

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Michelino da Besozzo (vers 1370 – après 1450)

Matrimonio mistico di Santa Caterina d’Alessandria e i Santi Giovanni Battista e Antonio Abate (Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie et les saints Jean Baptiste et Antoine Abbé), 1420.

Tempéra et or sur panneau, 75 x 58 cm. (le panneau, scié à une époque inconnue, a été réduit en hauteur).

Inscriptions :

  • l’œuvre est signée en lettres gothiques aux pieds du trône de la Vierge : « MICHELINUS FECIT »
  • au-dessus de la tête de chacun des deux saints sont inscrits en relief leurs noms respectifs : « S. JOH[AN]ES » et « S. ANTONIUS »

Provenance : ?

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Dans cette œuvre au charme étrange, dont l’aspect évoque quelque réminiscence de la peinture germanique, l’Enfant Jésus passe l’anneau symbolique du Mariage Mystique à Catherine d’Alexandrie, sous les yeux de Marie, mais sans que celle-ci ne voie véritablement la scène, détournant le regard dans une attitude que l’on dirait empreinte de perplexité. Deux témoins attentifs, en revanche, observent la situation avec intérêt : Jean, le Baptiste, que l’on reconnaît à sons aspect hirsute et à la peau de bête dont il est revêtu [1], et Antoine abbé, ermite perpétuellement appuyé sur sa canne en forme de T (Tau, en grec) et accompagné, comme souvent, par un tout petit cochon noir représenté hors d’échelle.

L’image se préoccupe peu, sinon pas du tout, de tridimensionalité. Le trône sur lequel est assise la Vierge, du fait du même traitement en à-plat, se fond dans l’or de l’arrière-plan, ce qui induit une certaine incertitude quant à l’organisation des différents plans dans l’espace desquels se meuvent les personnages. Les modulations du clair-obscur ne jouent aucun rôle sur ce point, et ne servent qu’à créer de délicates vibrations sur les surfaces, plus soucieuses de leur effet décoratif que du rendu de la profondeur ou de l’espace. L’intérêt de Michelino da Besozzo est plus concentré sur les rythmes linéaires, qui se résolvent en autant de volutes aux courbures diverses, et sur les combinaisons chromatiques entre l’or, le rouge, le bleu, le noir et le rose des carnations.

“Jamais, ou peut-être seulement chez Gentile da Fabriano, la ligne du dessin atteint un tel niveau d’abstraction lyrique, vidant les personnages de toute forme texturée, et les réunissant en les enroulant, en les modulant sur le fond d’or en précieuses arabesques. Et aussi ce sentiment d’humilité franche et un peu paysanne, bien visible sur les visages assortis des deux saints, qui renforce un mysticisme plus affirmé face à l’élégance aristocratique, à la fois déterminée et froide, des personnages du cependant très grand Gentile.” [2]

[1] Jean porte à la main le rouleau caractéristique, qualifié en latin de volumen, sur lequel sont rédigées les Écritures saintes.

[2] TORRITI 1977, p. 238.