
Niccolò di Segna (documenté à Sienne entre 1331 et 1345)
San Giovanni Battista, Madonna col Bambino, San Giovanni Evangelista (Saint Jean Baptiste, Vierge à l’Enfant, Saint Jean l’Évangéliste), vers 1330.
Tempéra et or sur panneaux (compartiments d’un triptyque démembré), 58 x 31 cm. (Jean Baptiste) ; 74 x 40 cm. (Vierge à l’Enfant) ; 58 x 31 cm. (Jean l’Évangéliste).
Inscriptions :
- (sur le phylactère de Jean Baptiste) : « ECCE ANGN/US D/EI ECCE QVI TOLL/IS PE/CHAT/A MUN(…) »
Provenance : San Giovanni d’Asso, église de San Giovanni Battista, sacristie (sans doute sur le maître-autel à l’origine).
Pienza, Museo diocesano.
Les trois panneaux de ce triptyque proviennent de l’église de San Giovanni Battista, à San Giovanni d’Asso, où leur présence est signalée dès 1753 (« un tableau peint all’antico avec les images de desaints assez vieilles »). Ils sont présentés aujourd’hui privés de leurs encadrements, leurs sommets ayant sans doute redécoupés pour être mis au format arrondi, supprimant la découpe en pointe alors traditionnelle.
Des débats, comme toujours longs et nombreux en pareil domaine, ont fini par aboutir à un consensus selon lequel l’œuvre est dorénavant attribuée à Niccolò di Segna.

L’Enfant que la Vierge tient dans ses bras est doué d’une force et d’une vitalité qui n’est pas sans évoquer celle du même Enfant peint, comme cela a été noté à de nombreuses reprises, dans la même situation dans le panneau central de la Collection Berenson (Settignano, Villa I Tatti) provenant du polyptyque de San Maurizio aujourd’hui démembré : même attitude, même geste, même regard porté directement sur le spectateur (même si ici, ce regard est plus décidé), même bouquet de roses rouges et blanches, à la fois symboliques (la Passion pour les rouges, la Pureté pour les blanches) et, fermement serré dans sa main droite, également possible cadeau destiné à sa Mère.
Les duretés qu’expriment encore les figures des saints Jean Baptiste et Jean l’Évangéliste évoquent immanquablement le style de Duccio, que l’on retrouve également dans les œuvres de la maturité d’Ugolino di Nerio, telles que le polyptyque de San Pietro in Villore de la collection Contini Bonacossi (aujourd’hui aux Offices de Florence). Ici, cependant, l’effet d’aplatissement des figures s’estompe et, désormais, laisse place à un sens plus marqué du volume qui prend toute sa matérialité et tout son poids, en particulier dans le traitement des draperies mais également dans les subtils jeux de la lumière et de l’ombre qui viennent modeler les visages. Les figures, écrit Nicoletta Matteuzzi [1], acquièrent « une maturité de dessin et d’intention qui les rendent plus proches de la Madone de la Villa I Tatti » qui constituait le panneau central d’un polyptyque aujourd’hui éparpillé dans plusieurs musées à travers le monde.
Les cuspides du couronnement du triptyque
- Niccolò di Segna, Redentore benedicente. Tempera et or sur panneau, 45,4 x 36,2 cm. Raleigh, North Carolina Museum of Art.
- Niccolò di Segna, Due Angeli. Tempera et or sur panneau, 31 x 24 cm. (chacun). Cleveland, Museum of Art.
Ces trois cupides triangulaires sont généralement considérées comme un ensemble que Nicoletta Matteuzzi [1] associe au tryptique de San Giovanni d’Asso.
[1] MATTEUZZI 2018, p. 142.
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