Pietro Lorenzetti, “Madonna col Bambino”

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Pietro Lorenzetti (Sienne, documenté de 1305 à 1345)

Madonna col Bambino (Vierge à l’Enfant), 1310-1320.

Tempera sur panneaux, 71 x 47 cm.

Inscriptions : /

Provenance : Pieve dei Santi Leonardo e Cristoforo, Monticchiello.

Pienza, Museo diocesano.

La “Madone de Montichiello” constituait vraisemblablement, à l’origine, le panneau central d’un polyptyque destiné à l’autel de l’église des saints Léonard et Christophe de Montichiello, près de Pienza. Les quatre panneaux latéraux sont identifiés et acceptés actuellement comme tels par toute la critique. Il s’agit des œuvres suivantes : Sainte Agathe (?), conservée au Musée Tessé (Le Mans), et les saints Léonard, Catherine et Marguerite (?), tous trois au Musée Horne de Florence. Parmi les points communs aux cinq panneaux, on notera en particulier le soin extraordinaire avec lequel Pietro rend compte du raffinement des vêtements portés par les personnages. Tous (excepté Léonard, bien entendu) portent de précieux habits à la mode des années 1310-1320, faits de tissus légers et soyeux, rehaussés, aux encolures et sur les manches, de broderies. Ces dernières ne sont pas sans évoquer les motifs au poinçon visibles dans les auréoles qui caractérisent les personnes sacrées. Un même raffinement se retrouve dans le chromatisme délicat et recherché des tissus dont le rendu semble avoir été l’une des préoccupations du peintre. De chacun des panneaux émane une forme de sophistication qui se retrouve jusque dans la pose inédite de l’Enfant Jésus.

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L’œuvre appartient au début du parcours de Pietro, vers la fin de la décennie 1310-1320, années au cours desquelles il se libère peu à peu de l’influence de Duccio, même si, à l’évidence, celle-ci demeure le fondement du style propre à l’ainé des frères Lorenzetti. Ici, la puissance expressive et plastique que l’on peut admirer est la même que dans les scènes d’Assise. Les plis des vêtements ne sont pas uniquement, loin de là, le prétexte à d’élégantes arabesques mais participent à la construction des formes et de leurs volumes.

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Le dialogue silencieux entre la Madone et l’Enfant acquière une force dramatique extrême. Leurs deux visages sont proprement rivés l’un à l’autre par la tension de leurs regards. La concentration de l’Enfant vers sa mère lui impose une attitude qui serait difficilement tenable de manière prolongée. Chose rare pour l’époque, l’Enfant est représenté parfaitement de profil.