Duccio di Buoninsegna, « Disputa di Gesù fanciullo con i dottori »

Duccio di Buoninsegna (Sienne, vers 1260 – vers 1318/19)

Disputa di Gesù fanciullo con i dottori (Dispute de l’Enfant Jésus avec les docteurs),

Compartiment du polyptyque de la Maestà, tempéra et or sur bois, 47,5 x 47,5 cm.

Provenance : Cathédrale de Santa Maria Assunta, Sienne.

Sienne, Museo dell’Opera Metropolitana del Duomo.

La scène représente la dispute avec les docteurs, épisode de la jeunesse du Christ qui se déroule dans le Temple de Jérusalem quelques années après le retour d’Égypte. Elle se décompose en deux moments distincts : la dispute, ou la discussion proprement dite, avec les docteurs et le « recouvrement » de Jésus par ses parents. L’Évangile de Luc (Lc 2, 41-52) raconte que lors d’un aller et retour de la sainte famille de Jérusalem à Nazareth, Jésus, alors âgé de 12 ans, demeura à Jérusalem à l’insu de ses parents qui, le croyant quelque part dans la caravane, firent une journée de route avant de se rendre compte de sa disparition et de faire demi-tour pour partir à sa recherche. Parvenu au Temple, il découvrirent l’enfant « assis au milieu des docteurs », « tous frappés de son intelligence et de ses réponses ». Joseph et Marie, tous deux parfaitement identifiables (Joseph ne quitte jamais le beau manteau rose qu’il arbore dans toutes les scènes de la prédelle), viennent d’entrer dans le Temple, lieu de la rencontre entre le Christ et les Docteurs : leurs gestes traduisent le soulagement d’avoir retrouvé (« recouvré ») le jeune adolescent. Celui-ci trône parmi les savants docteurs et s’exprime dans une attitude et avec une gestuelle qui n’est pas sans évoquer celle des philosophes tels que nous les montre la statuaire grecque, provoquant chez son auditoire un étonnement et une admiration qui s’exprime visiblement, non sans une certaine emphase.

L’épisode est situé dans le même décor architectural aux voûtes en plein cintre que celui de La Présentation, mais « comme s’il s’agissait d’une nef adjacente » [1]Luciano BELLOSI, La Maestà, Milan, Electa, 1998 (trad. française, Paris, Gallimard, 1999, p. 18.. L’effet de profondeur observable dans l’image rappelle les « boites d’espace » plus ou moins cubiques inventées par Giotto. L’efficacité est grande : même si le tapis et le mobilier posé au sol semblent en équilibre précaire, et bien que les personnages semblent être alignés à l’avant-scène d’un décor théâtral, l’architecture du bâtiment figurant à l’arrière-plan (une sorte de portique ouvert vers l’extérieur dans lequel la lumière et les ombres viennent renforcer l’illusion de l’espace), créé de manière empirique par Duccio (ou par celui de ses collaborateurs chargé d’exécuter ce panneau), contribue fortement à creuser l’espace de la scène représentée.

Notes

Notes
1 Luciano BELLOSI, La Maestà, Milan, Electa, 1998 (trad. française, Paris, Gallimard, 1999, p. 18.

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