Duccio di Buoninsegna, « Maestà »

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Duccio di Buoninsegna (Sienne, vers 1260 – vers 1318/19)

Maestà (Vierge en Majesté), 1308-1311.

Tempéra et or sur panneaux, dimensions : voir ci-après les descriptifs de chaque panneaux.

Inscriptions :

  • (sur la marche du trône) : « MATER S[AN]CT[A] DEI SIS CAUSA SENIS REQUIEI SIS DUCCIO VITA TE QUIA PINXIT ITA » [1]L’inscription qui se détache sur la contremarche de marbre rouge du trône de la Vierge constitue, en quelque sorte, la signature de Duccio. D’une manière assez émouvante, elle dit ceci : « Sainte Mère de Dieu, sois une cause de paix pour Sienne, concède vie à Duccio, puisque c’est lui qui t’a peinte ainsi. » Cette inscription rappelle également que le … Poursuivre
  • de nombreuses autres inscriptions figurent dans les différents compartiments du polyptyque ; elles sont rapportées dans les notices relatives à chacun des panneaux concernés

Provenance : Maître-autel de la Cathédrale de Santa Maria Assunta [2]Contrairement à l’italien, langue plastique s’il en est, il n’existe, hélas, pas d’équivalent au mot Assunta en français pour qualifier la Vierge de l’Assomption., Sienne.

Sienne, Museo dell’Opera del Duomo.

« Cette ruine […], ainsi dépecée, est encore le monument capital de la peinture siennoise, un des plus considérables de toute la peinture italienne » [3]Louis GILLET, « L’art siennois. À l’occasion d’une exposition récente », Revue des Deux Mondes, 5e période, tome 23, 1904 (p. 367-398)..

Le polyptyque de la Maestà, exceptionnel par sa beauté, sa portée symbolique et poétique, comme par ses dimensions, l’est également par la place qu’il occupe dans l’histoire de l’art et dans l’imaginaire collectif siennois. Le chef-d’œuvre incontestable et incontesté de Duccio est peint sur ses deux faces (recto et verso), dotées toutes deux d’une prédelle et d’un couronnement. Il était destiné au maître-autel de la Cathédrale. Celui-ci occupait alors l’espace de la croisée du transept [4]Le maître-autel se trouvait alors sous la coupole, à la croisée du transept. « L’installation fut rapidement enrichie de baldaquins suspendus au-dessus d’elle, de trois tabernacles contenant trois angelots sculptés et dorés, que l’on descendait pendant les offices, de quatre autres angelots porte-candélabres, d’une tenture rouge pour la recouvrir, et … Poursuivre. La face avant du polyptyque (fig. 1) était orientée vers la nef tandis que le verso (fig. 2) était tourné du côté de l’abside. Du fait de sa position spatiale, l’immense retable était potentiellement visible sous tous les angles, aussi bien par le clergé que par les fidèles.

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« Œuvre aux dimensions insolites, à peine moins de cinq mètres de haut sur autant de large, […] composée, outre le grand sujet principal, de nombreuses autres compositions de format moindre – cinquante, sans compter les simples figures d’encadrement -, due au génie d’un peintre tel que Duccio, […] peut être tenue pour le plus important des retables siennois. Cette affirmation n’est nullement exagérée : il suffit de passer en revue les nombreux autres retables parvenus jusqu’à nous pour s’en convaincre. Pas un seul d’entre eux ne présente une telle complexité. » [5]BELLOSI 1998, p. 9.

  1. Notes sur la Maestà
    • 9 juin 1311
    • Juillet 1506
    • 18 juillet 1771
    • Fin du XIXe s.
  2. La face antérieure du polyptyque
    • Prédelle
    • Panneau central (fig.1)
    • Flèches du couronnement
    • Cuspides
  3. Le revers du polyptyque
    • Prédelle
    • Panneaux centraux (fig. 2)
    • Flèches du couronnement
    • Cuspides

La Maestà, comme tous les polyptyques de cette époque, était dotée, à l’origine, d’un encadrement gothique somptueux. « Il n’est pas facile de saisir, sinon par la force de l’imagination, la fonction essentielle qui, dans ce grand dispositif visuel, était exercée par la riche menuiserie des encadrements. S’il ne reste aujourd’hui que de minces fragments du travail raffiné de l’ébéniste, la composition originelle associait les colonnes torses et historiées, les pinacles flamboyants, les arcs ogivaux et les arcs polylobés, les chapiteaux sculptés en relief, les corniches moulurées et les listels ornés de matériaux précieux : bleu outre-mer, laques rouges et verte. À ces raffinements s’ajoutait l’éclat de la feuille d’or, appliquée autour des figures, ainsi que l’impressionnante répétition des motifs incisés au poinçon sur la surface métallique, un procédé qui rendait encore plus éclatante une image qui resplendissait déjà des reflets luminescents de l’or. » [6]Anna Maria Guiducci, « L’Ars narrandi des peintres siennois des XIVe et XVe siècles : virtuosité technique et poésie du récit », dans Peinture de Sienne, Ars narrandi dans l’Europe gothique, catalogue d’exposition, Cinisella Balsamo, Silvana Editoriale, 2014, p. 58.

Notes

Notes
1 L’inscription qui se détache sur la contremarche de marbre rouge du trône de la Vierge constitue, en quelque sorte, la signature de Duccio. D’une manière assez émouvante, elle dit ceci : « Sainte Mère de Dieu, sois une cause de paix pour Sienne, concède vie à Duccio, puisque c’est lui qui t’a peinte ainsi. » Cette inscription rappelle également que le « rapport actif des siennois avec leur protectrice céleste » est manifesté par cette inscription « probablement dictée, ou du moins inspirée par les autorités de la ville » (Duccio. Alle origini … (cat. d’ex.), p. 208).
2 Contrairement à l’italien, langue plastique s’il en est, il n’existe, hélas, pas d’équivalent au mot Assunta en français pour qualifier la Vierge de l’Assomption.
3 Louis GILLET, « L’art siennois. À l’occasion d’une exposition récente », Revue des Deux Mondes, 5e période, tome 23, 1904 (p. 367-398).
4 Le maître-autel se trouvait alors sous la coupole, à la croisée du transept. « L’installation fut rapidement enrichie de baldaquins suspendus au-dessus d’elle, de trois tabernacles contenant trois angelots sculptés et dorés, que l’on descendait pendant les offices, de quatre autres angelots porte-candélabres, d’une tenture rouge pour la recouvrir, et d’une autre à frange de soie pour recouvrir la prédelle, de deux coffrets peints aux armes de l’Œuvre, placés sur l’autel et destinés aux aumônes, et de deux œufs d’autruche, comme il resort d’un inventaire du Dôme de 1423. » BELLOSI 1998, p. 11.
5 BELLOSI 1998, p. 9.
6 Anna Maria Guiducci, « L’Ars narrandi des peintres siennois des XIVe et XVe siècles : virtuosité technique et poésie du récit », dans Peinture de Sienne, Ars narrandi dans l’Europe gothique, catalogue d’exposition, Cinisella Balsamo, Silvana Editoriale, 2014, p. 58.