Sources écrites de l’épisode de la Crucifixion

LA CRUCIFIXION DANS LES ÉVANGILES

Les quatre Évangélistes évoquent, parfois exactement dans les mêmes termes, la mise à mort du Christ.

  • Évangile selon Matthieu :

“Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier. En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Arrivés en un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire), ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation : ‘Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.’ Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête ; ils disaient : ‘Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix !’ De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant : ‘Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ! Car il a dit : ‘Je suis Fils de Dieu.’ Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière. À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : ‘Éli, Éli, lema sabactani ?’, ce qui veut dire : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’ L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : ‘Le voilà qui appelle le prophète Élie !’ Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres disaient : ‘Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver.’ Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. » (Mt 27, 31-50).

  • Évangile selon Marc :

“Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier, et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : ‘Le roi des Juifs’. Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête : ils disaient : ‘Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix !’ De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : ‘Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons.’ Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient. Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : ‘Éloï, Éloï, lema sabactani ?’, ce qui se traduit : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’ L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Voilà qu’il appelle le prophète Élie !’ L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : ‘Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là !’ Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.” (Mc 15, 20-25).

  • Évangile selon Luc :

« Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : ‘Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’ Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous. Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?” Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : ‘Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.’ Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : ‘Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !’ Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : ‘Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !’ Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : ‘Celui-ci est le roi des Juifs.’ L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : ‘N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !’ Mais l’autre lui fit de vifs reproches : ‘Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.’ Et il disait : ‘Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.’ Jésus lui déclara : ‘Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.’ C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : ‘Père, entre tes mains je remets mon esprit.’ Et après avoir dit cela, il expira. » (Lc 24, 26-46).

  • Évangile selon Jean :

« Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus. Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : ‘Jésus le Nazaréen, roi des Juifs.’ Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et en grec. Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : ‘N’écris pas : “Roi des Juifs” ; mais : ‘Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs”.’ Pilate répondit : ‘Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.’ Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : ‘Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura.’ Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : ‘Femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère.’ Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : ‘J’ai soif.’ Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : ‘Tout est accompli.’ Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. » (Jn 19, 16-30).

LA CRUCIFIXION DANS LES APOCRYPHES

Sept textes apocryphes racontent la Crucifixion : l’Évangile de Pierre (IIe siècle) ; l’Évangile de Nicodème ou Actes de Pilate (probablement écrit entre 320 et 380) ; la Déclaration de Joseph d’Arimathée (composée entre la seconde moitié du IVe et le VIe siècle) ; le Livre de la Résurrection de Jésus-Christ par l’apôtre Barthélemy (Ve-VIe siècle) ; la Vie de Jésus en Arabe (VIe-VIIe siècle) ; et le Livre du coq (XIVe siècle, mais le texte originel est probablement plus ancien) ; la Lettre de Pilate à Hérode (Ve siècle). Les six premiers textes ont été analysés et traduits dans deux volumes de la Pléiade en 1997 et 2005 sous le titre Écrits apocryphes chrétiens. Pour la Lettre de Pilate à Hérode, voir Montague Rhodes James, The Apocryphal : New Testament being the Apocryphal Gospels, Acts, Epistles, and Apocalypses, Oxford, 1924, p. 155.