Benvenuto di Giovanni, « ‘Effusio Sanguinis’ con il Redentore benedicente, quattro angeli e i Santi Michele Arcangelo ed Egidio »

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Benvenuto di Giovanni di Meo del Guasta (Sienne, 13 septembre 1436 – 1509 ou 1517/1518)

“Effusio sanguinis” con il Redentore benedicente, quattro angeli e i Santi Michele Arcangelo ed Egidio (« Effusio sanguinis » avec le Rédempteur bénissant et les saints Michel archange et Gilles), après 1450.

Tempera sur panneaux, 272 x 180 cm.

Inscriptions :

  • Sur le livre ouvert du Rédempteur bénissant : «  EGO / SVM / LVX / MVN/DI . V/IA . E VERI/TAS / ALFA / ED O[MEGA] » [1]
  • En bas, sur la contre-marche :
    • “S[ANCTUS] . ANGELUS”
    • “S[ANCTUS] . AEGIDIUS”

Provenance : Palazzo Communale de Montalcino.

Montalcino, Museo Civico e Diocesano d’Arte Sacra.

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Le panneau représente le Christ, debout devant son tombeau d’où il est ressuscité, tenant la croix, tandis que son sang jaillit de son flanc en un jet dont la chute s’achève dans un ciboire posé au sol, après que se soit réalisée l’opération de transsubstantiation. Ce mystère est ici figuré par le jet de sang et l’hostie peinte à mi chemin entre le flanc du Christ et le récipient. Agenouillé à ses côtés, en prière comme devaient l’être les fidèles eux-aussi agenouillés devant une image qu’il convient de resituer dans un contexte de dévotion avant même de la considérer comme une œuvre, l’Archange Michel (le dragon gît vaincu à ses pieds) et saint Gilles. Dans la lunette de l’œuvre, venant compléter la représentation symbolique de la Rédemption, le Christ Sauveur de l’humanité apparaît en demi-buste à l’intérieur de la sphère céleste, frontalement à la manière des icônes, et bénissant. Sur le livre ouvert devant lui, on déchiffre les lettres “EGO / SVM / LVX / MVN/DI […].” La formule complète associe plusieurs citations bibliques qui, d’une certaine façon, paraphrasent l’image en identifiant à nouveau le Christ en tant que Sauveur (voir note 1). Ce dernier est entouré de quatre anges en vol.

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Le contexte de la scène fait apparaître une caractéristique remarquable : comparé au reste du décor relativement abstrait et intemporel dû à la présence du fond doré, le sol, traité sur un mode géométrique sophistiqué, semble devoir être considéré comme l’un des éléments symboliques à part entière de l’œuvre tant sa présence est insistante.

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Il est difficilement imaginable qu’une figure du Christ évoquant autant le style de Giovanni Bellini n’ait pas été précédée d’une rencontre avec l’art de ce maître de l’école vénitienne. Nombre de critiques et d’historiens de l’art ayant fait état d’un probable séjour de Benvenuto di Giovanni à Padoue, l’hypothèse n’en est que renforcée.

[1] Cette formule est composée d’extraits de l’Évangile de Jean et du Livre de l’Apocalypse, également de Jean :

    • Jn 08, 12 : « Ego sum lux mundi [; qui sequitur me non ambulabit in tenebris, sed habebit lumen vitae, dicit Dominus] » (« C’est moi qui suis la lumière du monde [: qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de vie, dit le Seigneur.]”)
    • Jn 14, 06 : “Ego sum via et veritas […]” (« Moi, je suis le Chemin, la Vérité [et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.]”)
    • Livre de l’Apocalypse, 21, 06 : “Ego sum alpha et O, [primus et novissimus, initium et finis, qui ante mundi principium]” (” C’est moi qui suis l’alpha et l’oméga, [le premier et le dernier, le début et la fin, qui vis avant l’origine du monde […]”)

Ce type d’image, dans son rapport à la dévotion comme dans son caractère atemporel, semble également être une sorte d’illustration de l’Évangile de Matthieu lorsqu’il fait dire au Christ ceci  (Mt 28, 20) : “Et ego in saeculum saeculi vivo in aeternum.” (“Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »).