
Lorenzo di Mariano, detto ‘Il Marrina’ (Sienne, 1476 – 1534) ?
La Cacciata dal Paradiso terrestre (L’Expulsion du Paradis terrestre),
Stuc,
Inscriptions :
(sur le fronton de l’édicule) : « DEVM MAXIMVM ET POSTEROS OF / FE[N]DI VTRIUVQUE DEBEO NEVTER MIHI » [1]« J’ai offensé Dieu et la postérité. Je suis débiteur vis-à-vis de chacun d’eux, aucun d’eux [ne l’est] envers moi ». Telles auraient été les dernières paroles du pape Enea Silvio Piccolomini prononcées sur son lit de mort (Roberto Guerrini, “Libreria Piccolomini”, in Le sculture del duomo di Siena, Milano, Silvana Editoriale, 2009, … Poursuivre
Provenance : In situ.
Sienne, Duomo, Libreria Piccolomini.
Selon Roberto Guerrini, le cardinal Francesco Todeschini Piccolomini [2]Francesco Todeschini Piccolomini (Sienne, 1439 — Rome, 1503) : neveu de Pie II, élu pape à son tour le 22 septembre 1503 sous le nom de Pie III. Il ne reste chef de l’Église que vingt-six jours avant de mourir de la goutte., commanditaire de la Libreria, a voulu perpétuer le souvenir des dernières paroles de son oncle, témoins de son repentir (tardif), en les faisant inscrire au fronton d’un petit monument presque invisible – il est quasiment caché au-dessus de la porte d’entrée. Cette inscription, placée en hauteur, dont les lettres sont d’une taille inférieure à celles des didascalies qui accompagnent chacune des fresques du Pintoricchio, revêt de ce fait un caractère intime, discret, et n’est lisible que par un un petit nombre de visiteurs particulièrement attentifs. Pie II parlant ici à la première personne et non à la troisième comme on peut le constater dans les didascalies placées sous les fresques, l’aspect humain de cette confession s’en trouve souligné.
Transposition du modèle sculpté par Jacopo della Quercia pour la Fonte Gaia, le bas-relief de la L’expulsion du Paradis des ancêtres de l’humanité, que l’on voit ici littéralement poussés au-dehors par l’ange, accompagne en l’explicitant la mention inscrite au fronton (fig. 1), et non l’inverse, comme c’est habituellement le cas dans des contextes différents, lorsque c’est l’œuvre qui illustre l’inscription. Le monogramme bernardinien du Christ : IHS vient rappeler la possibilité du rachat des péchés, y compris les plus répréhensibles (!) et les plus offensants pour Dieu et pour l’humanité. [3]Voir Roberto Guerrini, « Libreria Piccolomini », dans Le sculture del duomo di Siena, op. cit, pp. 162–165.
« Le relief en stuc de L’Expulsion du paradis marque […] le moment où l’homme franchit pour la première fois le seuil de l’expérience temporelle, le tout début de l’histoire humaine, la scène signalant de manière inhérente son événement causal – la chute de l’homme – qui gâcherait l’existence humaine et qui nécessitait l’œuvre de rédemption menée par le Christ et poursuivie par les vicaires de son Église, dont le Pape Pie II [4]Susan J. May, « The Piccolomini library in Siena cathedral: a new reading with particular reference to two compartments of the vault decoration », dans Renaissance Studies 19 (3), June 2005, pp. 287-324. ».
Notes
1↑ | « J’ai offensé Dieu et la postérité. Je suis débiteur vis-à-vis de chacun d’eux, aucun d’eux [ne l’est] envers moi ». Telles auraient été les dernières paroles du pape Enea Silvio Piccolomini prononcées sur son lit de mort (Roberto Guerrini, “Libreria Piccolomini”, in Le sculture del duomo di Siena, Milano, Silvana Editoriale, 2009, pp. 162–165). |
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2↑ | Francesco Todeschini Piccolomini (Sienne, 1439 — Rome, 1503) : neveu de Pie II, élu pape à son tour le 22 septembre 1503 sous le nom de Pie III. Il ne reste chef de l’Église que vingt-six jours avant de mourir de la goutte. |
3↑ | Voir Roberto Guerrini, « Libreria Piccolomini », dans Le sculture del duomo di Siena, op. cit, pp. 162–165. |
4↑ | Susan J. May, « The Piccolomini library in Siena cathedral: a new reading with particular reference to two compartments of the vault decoration », dans Renaissance Studies 19 (3), June 2005, pp. 287-324. |