‘Il Sodoma’, « Natività di Gesù con un Angelo e San Giovannino »

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Giovanni Antonio Bazzi, dit ‘Il Sodoma’ (Vercelli, 1477 – Sienne 1549)

Natività di Gesù con un Angelo e San Giovannino (Nativité avec un ange et saint Jean Baptiste), vers 1503/1505.

Tondo sur bois, diamètre : 111 cm. (avec le cadre original).

Provenance : Couvent de Lecceto, près de Sienne.

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Le format arrondi de cette Nativité, de même que le paysage de l’arrière plan, évoquent une formule de la fin du XVe et des débuts du XVIe s. typiquement toscane, et pour tout dire, vraiment florentine. Semblant lui-même se plier aux contraintes du format, l’admirable profil circulaire du paysage creuse l’espace de la représentation. La lumière claire qui inonde le paysage, la parfaite translucidité de l’air, et les lointains bleutés qui n’ont pas attendu Léonard pour apparaître dans les représentations picturales, tout indique que l’aube vient de succéder à la nuit, dans un symbolisme qui renvoie au début d’une ère nouvelle survenue ce jour-même avec la naissance de l’Enfant que l’on voit au premier plan, allongé à même le sol dans un pan du manteau de la Vierge.

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Le petit Jean Baptiste, venu rendre visite à son cousin, s’agite dans les bras de l’ange (ne serait-ce pas l’archange Uriel qui préfigurerait ici son rôle dans la Fuite en Egypte et dans la réunion des deux cousins et de leurs parents respectifs une fois parvenus à destination ?). Le bœuf comme l’âne arborent une sorte de sourire qui exprime leur propre contentement.

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Marie, l’air vaguement songeur et non exempt de gravité, est en prière devant l’Enfant qui vient de naître. Seul Joseph, qui n’a pas encore eu la visite de l’Ange, semble encore soucieux et contrarié faute, sans doute, de connaître la réponse aux interrogations qui le rongent depuis que son épouse s’est révélée enceinte d’un enfant dont il sait ne pas être le Père.

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Au loin, le cortège des mages qui s’avance vers le premier plan, vient de marquer une pause. Deux des princes sont descendus de leurs monture pour se saluer. Bientôt, ces rois viendront s’agenouiller devant celui qui leur a été annoncé comme le Sauveur. Ils le feront après que les bergers qui les ont précédés leur auront cédé la place, conformément aux textes sacrés. Pour l’heure, ces derniers profitent encore du spectacle avec attendrissement.

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L’Enfant potelé à souhait pour lequel est organisée cette mise en scène a vraiment l’air d’un nouveau-né. Dans une apparente béatitude dont la contemplation de sa Mère est la cause, il semble parfaitement indifférent au drame à venir, en dépit de la croix qu’arbore pourtant le petit Jean Baptiste. L’époque a changé. Celle des grandes peurs médiévales liées, notamment, aux troubles politiques ou aux épidémies de peste ravageuses, et à répétition, est lointaine. La religiosité est devenue moins sévère. La représentation picturale traduit une forme d’apaisement qui est aussi le reflet de l’état de la société en ce début du XVIe siècle.