
Sano di Pietro (Sienne, 1405 – 1481)
Madonna col Bambino detta Madonna del Pilastro (Vierge à l’Enfant dite Madone du Pilastre), v. 1450-1460.
Tempera et or poinçonné et ciselé sur panneau, 37,5 x 26,5 cm.
Inscriptions :
- (dans l’auréole de la Vierge) : « AVE GRATIA PLENA DOMIN[I MATER] » [1]Ave gratia plena Domini mater » (« Je vous salue, pleine de grâce, Mère de Dieu » (Lc, 1, 28). Paroles de salut adressées par l’ange à Marie au début du colloque angélique.
- (dans l’auréole du Christ) : « XPO » [2]Ces trois lettres sont celles d’une abréviation du mot grec « CHRISTOS » qui désigne Jésus-Christ. Cette abréviation, à l’instar du chrisme constantinien, est formée non pas à partir du nom de Jésus mais à partir de son titre de majesté (« Christos » : « l’oint du Seigneur »), ne conservant que les deux premières lettres (X [khi] et P [rhô]) du … Poursuivre.
Provenance : Cathédrale de Santa Maria Assunta, Montepulciano.
Montepulciano, Museo Civico e Pinacoteca Crociani (dépôt de la Cathédrale de Santa Maria Assunta).
L’appellation populaire de ce précieux petit panneau (Madonna del Pilastro) provient tout simplement du fait qu’à l’origine, il était visible dans un tabernacle placé sur l’un des piliers de la Cathédrale, entre la quatrième et la cinquième chapelle de la nef gauche [3]Aujourd’hui, l’original est remplacé par une copie de l’œuvre installée à ce même emplacement..
Si la composition de l’œuvre semble quasiment indifférente aux développements en cours dans les grands centres de la Renaissance à la même époque, si Sano demeure profondément attaché au fond d’or caractéristique de la tradition picturale siennoise, au traitement de sa surface qui l’apparente à un précieux objet d’orfèvrerie et, vraisemblablement, à un type de religiosité qu’il reconnaissait davantage dans les formes caractéristiques de l’art de Sienne, il n’empêche que cette image de dévotion est frémissante de vie. Les attitudes des deux protagonistes sont d’un naturel très éloigné de celles, essentiellement hiératiques, héritées de Byzance. Il suffira que l’on observe la manière affectueuse dont l’Enfant enlace de son bras le cou de sa Mère au moment où, semble-t-il, surgit une inquiétude chez celle-ci [4]Marie est sans doute alertée par le chardonneret de mauvais augure que l’on voit immobilisé dans la main de Jésus, pour mesurer le degré de naturalisme qui vient de pénétrer dans l’œuvre : son allure archaïsante n’est que de façade. La beauté de l’exécution et l’élégance formelle font de cette petite tablette, exécutée sur un petit format pour être contemplée de près par un dévot privilégié, l’une des images mariales plus belles et les plus achevées de Sano di Pietro.
Notes
1↑ | Ave gratia plena Domini mater » (« Je vous salue, pleine de grâce, Mère de Dieu » (Lc, 1, 28). Paroles de salut adressées par l’ange à Marie au début du colloque angélique. |
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2↑ | Ces trois lettres sont celles d’une abréviation du mot grec « CHRISTOS » qui désigne Jésus-Christ. Cette abréviation, à l’instar du chrisme constantinien, est formée non pas à partir du nom de Jésus mais à partir de son titre de majesté (« Christos » : « l’oint du Seigneur »), ne conservant que les deux premières lettres (X [khi] et P [rhô]) du mot grec Χριστός (« Christ »). |
3↑ | Aujourd’hui, l’original est remplacé par une copie de l’œuvre installée à ce même emplacement. |
4↑ | Marie est sans doute alertée par le chardonneret de mauvais augure que l’on voit immobilisé dans la main de Jésus |