Cristoforo di Bindoccio e Meo di Pero, “Eroe anonimo. Trajano ?”

Cristoforo di Bindoccio (Sienne, documenté de 1361 à 1407) e Meo di Pero (Sienne, documenté de 1370 à 1407), attr.

Eroe anonimo. Trajano ? (Héros anonyme. Trajan ?), vers 1350-1375.

Fresque

Inscriptions : « EL GIUSTO I[M]PER/ADORE DI ROMA ».

Provenance : In situ.

Asciano, Museo Civico Archeologico e d’Arte Sacra, Palazzo Corboli, Sala di Aristotele.

Le monarque barbu et couronné apparaît, le profil orienté vers le centre où se trouve Aristote. Une épée est positionnée en travers de sa silhouette ; la main qui empoigne cette épée est une main droite : ce ne peut donc pas être la sienne, sauf à imposer au personnage une contorsion peu naturelle. Par analogie avec les précédentes figures, il nous faut reconnaître ici la main anonyme (divine ?) que nous avons déjà rencontrée dans les deux cas précédents. Sur le fond, en haut, derrière la couronne, apparaît encore une inscription comportant deux lignes sur lesquelles on peut lire : “EL GIUSTO I[M]PER/ADORE DI ROMA”.

En raison des traces écrites subsistantes et de l’iconographie relativement explicite qui le caractérise, le cas de ce héros anonyme est le plus simple à déchiffrer. C’est ainsi que la mention écrite du “juste empereur de Rome” ainsi que la représentation de l’épée dégainée confirment le statut du personnage et son rapport avec la vertu de la Justice (pendant tout le Moyen âge, cette épée dégainée a été le symbole de cette vertu). Le lien avec la Justice paraît donc évident. De même, l’association entre le principe de Justice et le mode du bon gouvernement, fut-il impérial, semble une nouvelle fois évident, ainsi que Max Seidel [1] le précise en écrivant que “l’épée que l’empereur reçoit lors de son couronnement symbolise son rôle de custor egregius iustitiae“, autrement dit, de gardien suprême de la justice.

Quant à l’identité du monarque représenté, le meilleur candidat, selon Maria Monica Donato, est l’empereur Trajan, “prince juste par antonomase (grâce à l’histoire apocryphe et exemplaire de sa veuve) dans la tradition médiévale [2]” (Plotine, veuve de l’empereur, est considérée comme un modèle de vertu, d’intelligence, de modestie et de piété, toutes qualités qui lui vaudront d’être divinisée par Hadrien, le successeur de Trajan à la tête de l’Empire).

[1] Max Seidel (sous la direction de), Giovanni Pisano a Genova. Gênes, 1987, pp. 90 et 96.

[2] DONATO, Maria Monica, « Un ciclo pittorico ad Asciano (Siena), Palazzo Pubblico e l’iconografia ‘politica’ alla fine del medioevo », Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa. Classe di Lettere e Filosofia. Serie III, Vol. 18, No. 3 (1988), p. 1162.