Benozzo Gozzoli, « Martirio di San Sebastiano »

Benozzo Gozzoli (Scandicci, 1420 ou 1424 – Pistoia, 1497)

Martirio di San Sebastiano (Martyre de saint Sébastien), 1465-1466.

Fresque. 

Inscriptions :

  • (dans la frise décorative au bas de l’œuvre) : “

Provenance : In situ.

San Gimignano, Collegiata di Santa Maria Assunta.

À la suite de la terrible épidémie de peste qui frappa la cité de San Gimignano au début des années soixante du Quattrocento, la Commune décida de faire exécuter un ex voto dans la chapelle dédiée aux saints Fabien et Sébastien (aujourd’hui détruite) qui avait été édifiée au bas de la contre-façade de la Collégiale de Santa Maria Assunta après la précédente épidémie de 1348.

Benozzo reçu cette commande en 1465, alors qu’il venait de peindre une fresque votive sur le même sujet dans l’église de Sant’Agostino. Il acheva son travail le 18 janvier 1466, deux jours avant la fête dédiée au Saint qui, avec saint Roch, est l’un des deux protecteurs traditionnels des populations contre la peste. L’œuvre est datée et signée dans la frise décorative.

Contrairement à la fresque peinte dans l’église de Sant’Agostino, Sébastien est ici figuré selon une tradition iconographique plus familière au spectateur du XXIe s., dans une nudité à peine couverte par un perizonium, et littéralement hérissé de flèches, symboles de la pestilence, lancées contre lui par les archers qui l’encerclent de près. Comme il l’avait déjà fait dans l’église de Sant’Agostino, Benozzo représente Sébastien debout sur un piédestal de marbre, avec cette fois-ci la volonté évidente d’assimiler le saint à la figure de Jésus : sa pose évoque de très près celle du Christ lors de la Flagellation, souffrant pour le salut de l’humanité. Dans le registre supérieur, sont représentés Jésus bénissant et la Vierge Marie en prière, tous deux entourés d’un cercle de chérubins et de séraphins. Quatre anges se sont échappés de la nuée. Deux d’entre eux s’apprêtent à poser sur la tête du Saint la couronne du martyre qui est l’un de ses attributs iconographiques habituels.

Cette image, comme celle que l’on peut voir à Sant’Agostino, témoigne de la dévotion importante des différentes communautés, laïques ou religieuses, à l’égard de Sébastien, dans une époque où la peste représente encore un fléau redoutable, et suscite des peurs qui aident à comprendre pourquoi des populations démunies face à ce mal en viennent à invoquer sa protection.