Domenico Beccafumi, « La decapitazione di Spurio Cassio »

Domenico Beccafumi (Valdibiena [Montaperti], entre 1484 et 1486 – Sienne, 1551)

La decapitazione di Spurio Cassio (La décapitation de Spurius Cassius), entre 1529 et 1535.

Fresque de la voûte de la salle du Consistoire.

Inscriptions :

  • (dans le cartouche sous la fresque) : « SPVRIVS CASSIVS »

Provenance : In situ

Sienne, Palazzo Pubblico, Sala del Concistoro.

Peinte dans un format octogonal, au sein d’une architecture figurée à l’identique, ou presque, de celle que l’on retrouve dans le Marco Manlio gettato dalla Rupe Tarpea, voici maintenant l’histoire de la fin violente de Spurius Cassius. Valère Maxime [1], qui demeure la source de référence, rapporte que le sénat romain, soupçonnant les velléités de Spurius Cassius de restaurer la monarchie à son profit, lui infligea le supplice de la peine capitale : « Pareille indignation éclata dans Rome contre Spurius Cassius. Le seul soupçon d’avoir aspiré à la souveraineté lui fit plus de tort que trois glorieux consulats et deux magnifiques triomphes ne lui avaient valu d’avantages. En effet, le sénat et le peuple romain, non contents de lui infliger la peine capitale, ajoutèrent à son supplice la destruction de sa maison afin de le punir encore par la ruine de ses pénates. Sur cet emplacement on éleva un temple à la Terre. Ainsi ce qui avait été la demeure d’un homme d’une ambition sans mesure est aujourd’hui un monument qui rappelle la sainte sévérité des dieux ». 

Alors que le bourreau s’affaire encore à rengainer la longue épée avec laquelle il vient de remplir son hideux office, le corps du décapité gît au premier plan : étonnamment, sa couleur verdâtre signale déjà l’état d’avancement de la flétrissure des chairs, comme si, par une sorte de contraction de la durée dans l’instant de l’image, Beccafumi cherchait à évoquer la longue exposition du cadavre des condamnés au regard des citoyens, selon une pratique siennoise héritée de l’époque romaine impériale, et spécialement appliquée aux auteurs d’attentats politiques. La tête de Marcus a roulé vers l’avant, en direction du spectateur que nous sommes, à l’instar de ceux que l’on voit également observer un spectacle. Nous savons dorénavant que la cruauté de celui-ci vise à édifier la foule des témoins dont nous sommes devenus involontairement l’un des éléments.

[1] Valère Maxime, Faits et dits mémorables, VI, 3, 1b. (ou II, 7)

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