Carlo Marchionni [1]Carlo Marchionni ou Marchionne ou Marchioni (Rome, 1702 – 1786) : architecte et sculpteur. (Rome, 1702 – 1786) , Filippo della Valle (Florence, 1698 – Rome, 1768) [2]Filippo della Valle (Florence, 1698 – 1768) : sculpteur, principalement actif à Rome., Pietro Bracci [3]Pietro Bracci (Rome, 1700 – 1773) : sculpteur. Son œuvre la plus célèbre est le colossal Neptune de la Fontaine de Trevi. (Rome, 1700 – 1773), Giovanni Battista Maini [4]Giovanni Battista Maini (Cassano Magnago [Lombardie], 1690 – Rome, 1752) : sculpteur, actif à la fin du XVIIIe s., principalement à Rome. (Cassano Magnago, 1690 – Rome, 1752)
Storie della Vergine (Épisodes de la vie de la Vierge), v. 1745.
Marbre.
Provenance : In situ.
Sienne, Cathédrale, Capella della Madonna del Voto (Chapelle de la Madone du vœu).
En 1745, le prince Agostino Chigi [5]Agostino III Chigi della Rovere, prince Farnese (Rome, 1710 – 1769), petit-neveu des papes Alexandre VII et Paul V par son père, et apparenté à Clément IX par sa mère, frère du cardinal Flavio Chigi. A la mort de son père en 1744, il lui succède en reprenant son titre princier ainsi que sa charge honorifique de Maresciallo di Santa Romana Chiesa e custode del Conclave, conférée à … Poursuivre commande à « quelques-uns des meilleurs sculpteurs romains de son temps [6]Alessandro Angelini, dans LORENZONI 2009, p. 78. » les derniers éléments du décor de la chapelle familiale encore en place, quatre bas-reliefs de marbre consacrés à la représentation d’autant d’épisodes de la vie de la Vierge destinés à être insérés au-dessus des quatre statues mises en place dans des niches à la demande du pape Alexandre VII en 1663. C’est ainsi que sont sollicités Carlo Marchionni qui réalise la Natività di Maria, Filippo della Valle pour la Visitazione, Pietro Bracci, la Presentazione al Tempio et Giovanni Battista Maini (Morte della Vergine). Parmi ces quatre artistes de la même génération, trois d’entre eux [7]Carlo Marchionni fait exception : il vint remplacer Mario Righi dont le projet (aujourd’hui à Berlin) ne fut pas accueilli favorablement. ont fréquenté l’atelier romain de Camillo Rusconi [8]Camillo Rusconi (Milan, 1658 – Rome, 1728) : sculpteur formé dans l’atelier d’Ercole Ferrata, lui-même élève de Gian Lorenzo Bernini. Il a été directeur de l’Accademia di San Luca (1727)., l’un des plus grands sculpteurs travaillant à Rome au début du XVIIIe s.
Une fois achevés, les quatre reliefs ont été exposés au Panthéon en 1747, avant d’être envoyées à Sienne au mois de septembre de la même année.
Parmi les points communs qui font de cette série de bas-reliefs un ensemble parfaitement cohérent, on notera un détail que l’on observe dans chacun d’eux : la base du compartiment de marbre est légèrement proéminente par rapport au cadre, accentuant grâce à ce stratagème l’illusion de la profondeur de l’espace figuré en dépit de la faible épaisseur du relief.
- Carlo Marchionni, Natività di Maria (Nativité de Marie), 1746.
Carlo Marchionni, qui est aussi architecte, comme il le rappelle avec la signature qu’il appose sur le bas-relief, a été substitué à Tommaso Righi [9]Tommaso Righi (Rome, 1722 ou 1723 – Varsovie, ap. 1802) : sculpteur. pour sculpter la scène de la Naissance de Marie dont l’esquisse préparatoire se trouve aujourd’hui à Berlin. Ce dernier avait probablement été retenu initialement en vertu des « bons offices de son influent maître [Della Valle], mais évidemment, son travail, dans lequel les différents plans de la composition ne s’harmonisent pas bien, n’a pas dû être accueilli favorablement. Bien qu’il s’inspire du schéma narratif proposé par Righi, le relief de Marchionni est beaucoup plus convaincant, particulièrement par la caractérisation des figures des femmes qui entourent le nouveau-né et du vieux Joachim dont le geste est emprunté à l’art oratoire [10]Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », dans Mario Lorenzoni, Le sculture del Duomo di Siena. Cinisello Balsamo (Milano), 2009, p. 78..
- Filippo della Valle, Visitazione (Visitation), 1746.
Filippo della Valle démontre ici sa science impeccable de la « distribution des figures sur un fond neutre et dégradé. Le ton solennel de la Visitation semble faire écho aux sollicitations des meilleurs élèves de Carlo Maratti, lui-même auteur de la peinture réalisée sur le même thème [11]L’original est conservé aujourd’hui à la Galleria Nazionale (Palazzo Barberini) de Rome. Voir : Carlo Maratti, Visitazione. destinée à la chapelle Chigi et dont l’écho semble encore présent dans le relief du sculpteur florentin. La formation de Filippo, advenue à Florence dans l’atelier de Giovan Battista Foggini, et plus encore, sa fréquentation de Rusconi, se révèlent à travers l’empreinte, presque néo raphaélique, de la rencontre entre les deux protagonistes de l’histoire évangélique, accompagnées de figures soigneusement agencées (di quinta ariosamente attegiate) [12]Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », op. cit., p. 79. ».
- Pietro Bracci, Presentazione al Tempio (Présentation au Temple), 1746.
Bracci, bien que généralement « très habile pour construire ses compositions […] articulées entre plusieurs éléments et fruit, également, d’un vrai projet architectonique, se révèle cependant, dans sa Présentation au Temple, un peu court dans l’invention, disposant les figures selon un rythme (paratattico) qui évoque presque une frise antique [13]Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », op. cit., p. 79. ».
- Giovanni Battista Maini, Morte della Vergine (Mort de la Vierge), 1746.
« Mais le vrai chef-d’œuvre de la série des reliefs est représenté par la Mort de la Vierge de Maini, fraîche et émouvante, éloignée de toute forme d’hommage à la tradition figurative la plus aulique. Ici, l’effet admirable de relief est obtenu grâce à un savant travail des surfaces polies ou traitées en gradins, capables de créer l’effet des rayons de lumière qui émanent de la Madone mourante, mettant en relief, avec une projection progressivement de plus en plus importante, les figures expressives et douloureuses des apôtres en prière [14]Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », op. cit., p. 79. ».
Notes
1↑ | Carlo Marchionni ou Marchionne ou Marchioni (Rome, 1702 – 1786) : architecte et sculpteur. |
---|---|
2↑ | Filippo della Valle (Florence, 1698 – 1768) : sculpteur, principalement actif à Rome. |
3↑ | Pietro Bracci (Rome, 1700 – 1773) : sculpteur. Son œuvre la plus célèbre est le colossal Neptune de la Fontaine de Trevi. |
4↑ | Giovanni Battista Maini (Cassano Magnago [Lombardie], 1690 – Rome, 1752) : sculpteur, actif à la fin du XVIIIe s., principalement à Rome. |
5↑ | Agostino III Chigi della Rovere, prince Farnese (Rome, 1710 – 1769), petit-neveu des papes Alexandre VII et Paul V par son père, et apparenté à Clément IX par sa mère, frère du cardinal Flavio Chigi. A la mort de son père en 1744, il lui succède en reprenant son titre princier ainsi que sa charge honorifique de Maresciallo di Santa Romana Chiesa e custode del Conclave, conférée à perpétuité à sa famille en 1712. |
6↑ | Alessandro Angelini, dans LORENZONI 2009, p. 78. |
7↑ | Carlo Marchionni fait exception : il vint remplacer Mario Righi dont le projet (aujourd’hui à Berlin) ne fut pas accueilli favorablement. |
8↑ | Camillo Rusconi (Milan, 1658 – Rome, 1728) : sculpteur formé dans l’atelier d’Ercole Ferrata, lui-même élève de Gian Lorenzo Bernini. Il a été directeur de l’Accademia di San Luca (1727). |
9↑ | Tommaso Righi (Rome, 1722 ou 1723 – Varsovie, ap. 1802) : sculpteur. |
10↑ | Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », dans Mario Lorenzoni, Le sculture del Duomo di Siena. Cinisello Balsamo (Milano), 2009, p. 78. |
11↑ | L’original est conservé aujourd’hui à la Galleria Nazionale (Palazzo Barberini) de Rome. Voir : Carlo Maratti, Visitazione. |
12↑ | Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », op. cit., p. 79. |
13↑ | Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », op. cit., p. 79. |
14↑ | Alessandro Angelini, « La decorazione scultorea della cappella Chigi tra Seicento e Settecento », op. cit., p. 79. |
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.