Aby Warburg

Aby Warburg (1866-1929) : historien de l’art

Aby M. Warburg a été un pionnier de l’étude moderne de l’art et de la culture visuelle. Avant la Première Guerre mondiale, il s’est fait un nom en tant qu’expert de l’art florentin, grâce à un nombre relativement restreint de publications qui ont néanmoins constamment offert des aperçus surprenants et conduit à plusieurs reprises à des découvertes. Ce qui était tout à fait extraordinaire, cependant, était le projet auquel il a consacré les dernières années de sa vie : l’Atlas Mnemosyne [1]De 1924 à 1929, Warburg a concentré l’ensemble de ses connaissances dans cette collection d’images, qui s’étendait sur soixante trois panneaux et englobait près d’un millier de pièces individuelles. Il a principalement utilisé des photographies, mais a également inclus des illustrations de livres ou de fichiers d’images, des graphiques originaux et des … Poursuivre, longtemps resté une légende, même après sa publication en 1993. En tant qu’« historien des images » et non de l’art, ainsi qu’il se définissait, Warburg « cherche à retrouver ou à construire les liens qui paraissent unir les époques à partir de l’examen des images. Une telle démarche n’a en soi rien de très nouveau. Ce qui fait son originalité, c’est l’intérêt qu’il manifeste pour ce qui n’est pas l’image, mais ce que celle-ci rend accessible et qui rend celle-ci compréhensible : la vie des hommes, leurs passions, leurs peurs et leurs désirs, leurs activités, leurs modes de pensée [2]Roland Recht, dans Aby Warburg, Mnemosyne Bilderatlas (trad. de l’allemand), L’Atlas mnémosyne : avec un essai de Roland Recht. Paris, L’écarquillé-INHA, 2012). ».

Warburg était préoccupé par la question de savoir comment le monde pictural de l’Antiquité était revenu dans la sphère culturelle européenne et avait conduit le monde médiéval vers une nouvelle ère, avec un problème classique et une solution très familière : la nouvelle naissance (rebirth), la Renaissance. Les exemples réunis sur les panneaux de son « Bilderatlas » (atlas d’images) établissent des correspondances inattendues entre différentes reproductions d’œuvres parfois très éloignées dans le temps, le style et la technique, épinglées sur une toile noire puis photographiées avant d’être éventuellement modifiées. Une histoire de conflit, montrant non pas l’issue, mais plutôt un moment où une lutte sur le sens de l’art était toujours en cours. Warburg n’a jamais simplement cartographié les dialogues et les conflits d’intérêts entre artistes, clients, philosophes, poètes et églises. Les lignes de conflit traversent les personnes concernées, et les œuvres. Il n’est donc pas étonnant que l’atlas ne connaisse pas non plus de frontières dans l’art. Peinture, sculpture, graphisme, manuscrits enluminés, tapisseries, coffres de mariage, cartes à jouer, objets du quotidien, bijoux – dans tous les domaines, Warburg a cherché les indices qui pourraient l’aider. [3]Article rédigé d’après une notice du Center for art and media, Karlsruhe, https://zkm.de/en/publication/aby-warburg-mnemosyne-bilderatlas-english, consulté le 17.01.2022.