Paolo et Francesca

Inspirés par deux personnages de la réalité, les figures légendaires de Paolo (Malatesta) et Francesca (da Rimini) étaient deux amants coupables d’adultère (Francesca était l’épouse de Gianciotto, frère de Paolo, comme Dante le précise au chant V). Cet amour coupable les conduisit tous les deux à la mort par la vengeance du mari trompé. Interrogée par Dante (« Mais dis-moi : du temps des doux soupirs, / à quel signe et comment permit amour / que vous connaissiez vos incertains désirs ? », Enfer, V, 118-120), Francesca répond à la curiosité du poète, non sans lui confier qu’il « n’est pas de plus grande douleur que de se souvenir des temps heureux dans la misère » (« nessun maggior dolore / che ricordarsi del tempo felice / ne la miseria », Enfer, V, 118-121) : « […] je ferai comme celle qui pleure et parle à la fois. / Nous lisions un jour par agrément / de Lancelot comment l’amour le prit : / nous étions seuls et sans aucun soupçon. / Plusieurs fois la lecture nous fit lever les yeux et décolora nos visages ; / mais un seul point fut ce qui nous vainquit. / Lorsque nous vîmes le rire [la bouche] désiré[e] / être baisé[e] par tel amant, / celui-ci, qui ne sera jamais loin de moi / me baisa la bouche tout tremblant. Galehaut fut le livre et celui qui le fit ; / ce jour-là, nous ne lûmes pas plus avant » (« […] dirò come colui che piange e dice. / Noi leggiavamo un giorno per diletto / di Lancialotto come amor lo strinse ; / soli eravamo e sanza alcun sospetto. / Per più fïate gli occhi ci sospinse / quella lettura, e scolorocci il viso ; ma solo un punto fu quel che ci vinse. / Quando leggemmo il disïato riso / esser basciato da cotanto amante, / questi, che mai da me non fia diviso, / la bocca mi basciò tutto tremante. Galeotto fu ’l libro e chi lo scrisse : / quel giorno più non leggemmo avante », Enfer, V, 126-138).

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