Cléopâtre

La mort de Cléopâtre a exercé une influence marquée et durable sur l’art de la Renaissance. Plutarque lui a consacré des pages d’un drame intense dans sa Vie d’Antoine. À partir du chapitre 25, celle d’Antoine est, en fait, « la biographie d’un couple, Cléopâtre ayant presque autant d’importance : en effet, les chapitres 78-87 ne concernent plus Antoine, mais les derniers jours de la reine d’Égypte ».

Le suicide de l’héroïne a été illustré par Girolamo di Benvenuto dans un panneau, anciennement de la collection Grassi à Florence. Au centre du tableau se dresse l’image de Cléopâtre, alors qu’elle est mortellement blessée à la poitrine par l’aspic. Dans le ciel, des nuages ​​lugubres se rassemblent, comme pour annoter le triste événement.

À côté de la figure, un panier en osier est rempli de fleurs. Si l’on passe en revue, de manière préliminaire, les nombreuses sources qui rendent compte du suicide de la reine, on constate que les témoignages qui décrivent le décès comme causé par un seul ou par une paire de colubers au sein sont nettement minoritaires. La version selon laquelle Cléopâtre aurait délibérément appliqué un ou deux serpents sur les veines d’un bras prévaut. La thèse la moins répandue pourrait dériver d’une tradition locale alexandrine.

On raconte que Cléopâtre, après avoir éprouvé la piqûre venimeuse de l’aspic au sein de ses servantes, approcha d’elle le coluber mortel. Qu’il s’agisse d’une croyance locale semblerait être confirmé par une épigramme de Ponnano, d’origine africaine. Dans son élégante ekphrasis, le plaisir éprouvé par le serpent attaquant le sein de Cléopâtre correspond à la douleur subie par la reine :

“Fu dipinta una volta la regina della egizia Canopo,
in virtù della sapiente mano dell’artista. ci sembra l’aspide vivo
gioire del fatale adempimento mordendole il seno.”

“La reine du Canopus égyptien a été peinte une fois,
grâce à la main habile de l’artiste. l’aspic nous semble vivant
se réjouissant de l’accomplissement fatal en lui mordant le sein.