
‘Maestro del 1346’ (« Maitre de 1346 », peintre siennois actif dans les années trente et quarante du Trecento) ?
Madonna col Bambino (Vierge à l’Enfant), second tiers du XIVe s.
Tempéra sur panneau,
Provenance : Église de San Pietro à Sant’Angelo in Colle. [1]L’œuvre se trouvait dans l’église de san Pietro depuis 1760.
Sant’Angelo in Colle (Montalcino), Église de la Madonna della Misericordia.
Cette belle Vierge à l’Enfant, œuvre siennoise du XIVe s. à l’allure en effet « lorenzettienne », est présentée dans les dépliants touristiques comme étant de la main de Pietro Lorenzetti, sans que cette attribution recueille l’assentiment des historiens de l’art siennois les plus autorisés. Il se peut que l’auteur soit un peintre demeuré anonyme, connu sous le pseudonyme du ‘Maître de 1346’, dont un triptyque, la Madonna col Bambino, Sant’Agostino, San Giovanni Battista, très proche sur un plan stylistique [2]Outre les affinités stylistiques entre ces deux œuvres, la silhouette de la Vierge, ses longues mains aux doigts effilés, le geste de l’Enfant mettant la main à la bouche comme sa coiffure blonde et bouclée se retrouvent à l’identique dans le triptyque du Musée de Montalcino., est conservé au Museo Civico e Diocesano de Montalcino, non loin de Sant’Angelo in Colle. Sans qu’il soit repris à l’identique, le modèle du schéma général de ce panneau semble devoir être recherché dans une autre peinture (dont l’auteur assuré, cette fois-ci, est bien Pietro Lorenzetti), une Madonna col Bambino que l’on peut voir au Museo Comunale d’Arte Sacra della Val d’Arbia, à Buonconvento. La composition resserrée dans le format vertical oblong, l’attitude générale de l’Enfant-Jésus enveloppé dans une large robe de couleur rose dans laquelle se noient les formes de son petit corps, dos au spectateur et se retournant vers lui comme surpris par son intrusion constituent autant de repères qui peuvent difficilement avoir été ignorés de notre Maître anonyme.

Si elle n’atteint pas la splendeur incomparable du panneau de Lorenzetti, ni dans la délicatesse des formes et des modelés, ni dans la pénétrante psychologie que Pietro parvient à insuffler à ses figures, ni même dans le raffinement des ornements gravés dans les auréoles des deux protagonistes, l’œuvre n’est pas dénuée d’un charme particulier que les nombreux repeints malencontreux et bien visibles de près ne parviennent pas à oblitérer. [3]Ces pesants repeints devraient disparaître lors de la restauration à laquelle cette peinture doit être soumise prochainement. Il reste à espérer que cette œuvre digne d’intérêt, actuellement difficilement visible derrière une vitre haut placée au-dessus de l’autel de la chapelle, devienne accessible au plus grand nombre une fois restaurée dans sa beauté originelle. En dépit de la comparaison – nécessairement défavorable – inspirée par l’œuvre d’un géant, le charme qui émane de l’œuvre, produit d’un siècle et d’un lieu qui réinventait la peinture, est bien réel. A quoi tient-il sinon à la vérité que le peintre parvient à conférer à l’image ? Plongeant leurs regards dans celui de l’observateur, la Mère et le Fils se tiennent devant lui dans la réalité même de l’instant où celui-ci les a surpris.
Notes
1↑ | L’œuvre se trouvait dans l’église de san Pietro depuis 1760. |
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2↑ | Outre les affinités stylistiques entre ces deux œuvres, la silhouette de la Vierge, ses longues mains aux doigts effilés, le geste de l’Enfant mettant la main à la bouche comme sa coiffure blonde et bouclée se retrouvent à l’identique dans le triptyque du Musée de Montalcino. |
3↑ | Ces pesants repeints devraient disparaître lors de la restauration à laquelle cette peinture doit être soumise prochainement. Il reste à espérer que cette œuvre digne d’intérêt, actuellement difficilement visible derrière une vitre haut placée au-dessus de l’autel de la chapelle, devienne accessible au plus grand nombre une fois restaurée dans sa beauté originelle. |