« Alberto Graziani, savant de grande valeur, mort à 27 ans seulement, qui présenta au Kunsthistorisches Institut de Florence le 17 février 1942, un an avant sa mort prématurée, une reconstruction critique des plus convaincantes de la figure du « Maestro dell’Osservanza ». La conférence de Graziani fut publiée en 1948 (dans le n.° 2 de Proporzioni) mais ayant pu nous-mêmes suivre de près les recherches du savant disparu, nous avons voulu rendre hommage à sa mémoire à l’occasion d’une Exposition des chefs-d’oeuvre de l’art siennois tenue à Sienne en automne 1944, en plaçant côte à côte dans la même salle pour une comparaison directe, des œuvres certifiées de Sassetta avec d’autres à attribuer au « Maître de l’Osservanza ». On eut ainsi la démonstration pratique et la confirmation définitive du bien-fondé des conclusions de Graziani car, dès ce moment, même si le problème fut repris plus tard et présenté autrement, personne ne tenta plus de restituer à Sassetta les œuvres qu’une heureuse intuition de Longhi et l’argumentation serrée de Graziani lui avaient enlevées.
Mais Graziani alla plus loin que les indications de Longhi et il réussit à trouver une œuvre des débuts probablement du « Maestro dell’Osservanza » dans un tableau de la collection Serristori de Florence, qui avait déjà figuré dans les « Elenchi » de Berenson, attribué sans certitude à Pietro di Giovanni d’Ambrogio, puis attribué par Perkins à Sassetta et enfin à un disciple de ce dernier par Pope Hennessy qui le désigne sous le nom de « Castelli Mignanelli Master ». Le tableau représente un Christ mort veillé par la Vierge et par un vieux donateur assisté par Saint Sebaldo vêtu en pèlerin, tenant à la main la maquette d’une église. Par ses rapports évidents avec des œuvres antérieures de plus d’un demi-siècle comme la Pietà de Giovanni da Milano dans la collection Martin le Roy à Paris, le tableau fut défini par Longhi comme « un retour significatif » qui en plaçait l’auteur « au point de jonction précis entre Sassetta et Masolino, sous la vieille constellation du grand artiste milanais du Trecento ». Pour expliquer ce dernier commentaire il sera bon de rappeler que dans sa tentative de dégager la préhistoire du goût et de la culture de Masolino et de Sassetta des étroitesses de leurs traditions locales respectives, Longhi avait proposé le nom de Giovanni da Milano comme étant celui de l’artiste qui, par ses « rapports initiaux avec la spontanéité affectueuse et empirique du Trecento dans la vallée du Pô», avait réalisé, le premier en terre toscane, cet « accord entre poésie sacramentelle et poésie moderne » destiné à refleurir « avec de nouveaux accents personnels » chez Masolino et chez Sassetta. L’attribution de la Pietà Serristori au « Maître de l’Osservanza » paraissant plausible malgré l’avis contraire de Brandi, la question se pose de savoir si les débuts de cet artiste doivent être placés sous la dépendance de Sassetta ou non. » [1]Enzo Carli, Sassetta e il « Maestro dell’Osservanza ». Milan, 1958 (trad. fr. Sassetta et le Maître de l’Observance, Milan, Aldo Martello, 1958, pp. 92-93).
Notes
1↑ | Enzo Carli, Sassetta e il « Maestro dell’Osservanza ». Milan, 1958 (trad. fr. Sassetta et le Maître de l’Observance, Milan, Aldo Martello, 1958, pp. 92-93). |
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