Guccio di Mannaia, « Calice »

Guccio di Mannaia (Sienne, actif de 1291 à 1322 [1]« […] dal gennaio 1291 al marzo 1322 », est-il précisé dans Maria Monica Donato (a cura di), Siena e artisti senesi. Maestri Orafi. Opere firmate nell’arte italiana / Medioevo, dans Opera – Nomina – Historiae. Giornale di cultura artistica, 5/6 – 2011/2012, Revue semestrielle en ligne, … Poursuivre)

Calice (Calice), v. 1288-1292.

Argent doré et émaux [2]« Argent fondu, ciselé, repoussé, ciselé et doré d’émaux bleu, violet, or jaune, vert, brun et bleu, vingt-deux centimètres d’or et de couleurs élevés au moment le plus sacré de la fonction liturgique et illuminés par le scintillement des bougies, dans l’obscurité de la Basilique » précise Fabio de Chirico, avant d’ajouter : « Un véritable … Poursuivre, haut. : 22 cm.

Inscriptions :

  • (sur les huit côtés du nœud raccordant le pied du calice à la tige, partie supérieure inclinée) : « + / NIC/CHOL/AV/S PA/PA Q/VAR/TVS » [3]Nicolaus papa quartus. (« Nicolas IV pape. »Cette inscription est aussi un hommage au commanditaire de l’œuvre, le pape franciscain Nicolas IV.)
  • (sur les huit côtés du nœud raccordant le pied du calice à la tige, partie inférieure verticale) : « + G/VCC/IVS / MAN/AIE / DE S/ENIS / FECI/T » [4]Guccius Manaie de Senis fecit (« Réalisé par Guccio di Mannaia de Sienne »). Cette inscription est aussi la signature de l’artiste. « L’orfèvre Guccio savait qu’il avait réalisé un chef-d’œuvre et c’est pour cela qu’il a voulu le signer. Il est émouvant de lire cette inscription en élégantes majuscules gothique d’une qualité graphique élevée. » … Poursuivre

Provenance : In situ.

Assise, Basilique de San Francesco, trésor.

Le précieux calice a été commandé par le pape franciscain Nicolas IV [5]Nicolas IV (Ascoli Piceno, 1227 – Rome, 1292) : pape de 1288 à 1292, premier franciscain élu au pontificat. pour la basilique de San Francesco à Assise. Unanimement considéré comme un chef-d’œuvre d’orfèvrerie, le gobelet contient les premiers émaux translucides existants élaborés selon la technique de la basse-taille. [6]Basse-taille : Giorgio Vasari qualifie de « pittura mescolata con la scultura » la technique de ce type de travail d’orfèvrerie émaillée, qu’il décrit ainsi : « si fa un rilievo piatto et in contrario a l’altro, cosicché mettendo gli smalti pigli gli scuri e i chiari di quello dall’altezza e dalla bassezza dell’intaglio ». Il s’agit de la seule œuvre certaine de l’orfèvre Guccio di Mannaia qui l’a signée.

Conservé au Musée du Trésor de la Basilique de San Francesco (Assise), le calice a été commandé entre 1288 et 1292 par le pape Nicolas IV et offert par ce dernier à la basilique de San Francesco. Il s’agit du plus ancien exemple de « basse-taille » en Europe, antérieur de trente ans au premier spécimen français.

En dépit des dimensions modestes propres à un calice, celui-ci est orné de quatre-vingt émaux (dont deux sont manquants), ordonnés de la base au fût pour former un programme iconographique entièrement centré sur l’Eucharistie. La base est ornée de trente-deux plaques, toutes encadrées d’une bande de perles, à travers laquelle des feuilles battues sont travaillées. La plus basse des plaques quadrilobées représente la Crucifixion et quelques demi-bustes de la Vierge, Jean Baptiste, François, Claire d’Assise, Antoine de Padoue, la Vierge et l’Enfant et un pape (Nicolas IV). Les petites plaques représentent les symboles des évangélistes et divers animaux. Le bourgeon à huit facettes porte des médaillons circulaires en émail du Christ Rédempteur et sept demi-bustes des apôtres. Le gobelet était sans précédent immédiat et n’a jamais été techniquement dépassé. Les lignes fluides des émaux rappellent les enluminures de Maître Honoré [7]Maître Honoré (documenté à Paris de 1288 à 1296 et en 1313) : enlumineur le plus célèbre de son temps. Cinq manuscrits lui sont attribués, parmi lesquels la Somme le Roy (Londres, British Museum) et la Bible de Jean de Papeleu (Paris, bibliothèque de l’Arsenal) comptent parmi les plus parfaites réalisations du gothique à son apogée. Il serait également l’auteur … Poursuivre et de ses apprentis sur les manuscrits français contemporains.

On peut lire à la base de la tige du calice les noms du commanditaire et de l’artiste [8]Notes 3 et 4.. Dans ces deux inscriptions, « l’écriture est constituée d’élégantes lettres majuscules gothiques, de haute qualité graphique, exécutées dans des formes arrondies, avec un trait épais et des hachures contrastées, sans ligatures ni abréviations. Les lettres ne sont fusionnées qu’une seule fois, dans le patronyme Manaie (AI) présent dans l’inscription-signature » écrit Stefano Riccioni [9]L’historien de l’art ajoute : « On notera, pour leur élégance particulière et leur spécificité graphique, les lettres : A avec le premier trait arrondi qui descend en ondulant sous la ligne et se termine par un crochet, une barre transversale qui s’amincit et un large trait supérieur complémentaire vers la gauche ; C et E fermés par un mince arceau ; D oncial avec trait … Poursuivre.

Notes

Notes
1 « […] dal gennaio 1291 al marzo 1322 », est-il précisé dans Maria Monica Donato (a cura di), Siena e artisti senesi. Maestri Orafi. Opere firmate nell’arte italiana / Medioevo, dans Opera – Nomina – Historiae. Giornale di cultura artistica, 5/6 – 2011/2012, Revue semestrielle en ligne, https://onh.giornale.sns.it/numeri/05_06_2012/ONH_5_6_2011_2012_Oreficeria.pdf, consulté le 3/03/2022.
2 « Argent fondu, ciselé, repoussé, ciselé et doré d’émaux bleu, violet, or jaune, vert, brun et bleu, vingt-deux centimètres d’or et de couleurs élevés au moment le plus sacré de la fonction liturgique et illuminés par le scintillement des bougies, dans l’obscurité de la Basilique » précise Fabio de Chirico, avant d’ajouter : « Un véritable triomphe de la lumière qui a dû pénétrer toutes les personnes présentes, des fraticelli au pape lui-même, au point d’influencer la production de l’orfèvrerie dans toute l’Italie. Malheureusement, précisément à cause des matériaux précieux utilisés et de l’usage liturgique, il n’existe pas beaucoup d’autres témoignages contemporains qui soient demeurés inchangés jusqu’à aujourd’hui, un facteur qui rend le calice d’Assise, presque inchangé depuis plus de sept cents ans, encore plus précieux. » Fabio de Chirico, « Introduction », Flavia Callori di Vignale et Ulderico Santamaria (dir.), Il Calice di Guccio di Mannaia nel Tesoro della Basilica di San Francesco ad Assisi. Storia e restauro, Città del Vaticano, Edizioni Musei Vaticani, 2014, p. 11.
3 Nicolaus papa quartus. (« Nicolas IV pape. »Cette inscription est aussi un hommage au commanditaire de l’œuvre, le pape franciscain Nicolas IV.)
4 Guccius Manaie de Senis fecit (« Réalisé par Guccio di Mannaia de Sienne »). Cette inscription est aussi la signature de l’artiste. « L’orfèvre Guccio savait qu’il avait réalisé un chef-d’œuvre et c’est pour cela qu’il a voulu le signer. Il est émouvant de lire cette inscription en élégantes majuscules gothique d’une qualité graphique élevée. » Antonio Paolucci, « Préface », Falvia Callori di Vignale et Ulderico Santamaria (dir.), op. cit., p. 7.
5 Nicolas IV (Ascoli Piceno, 1227 – Rome, 1292) : pape de 1288 à 1292, premier franciscain élu au pontificat.
6 Basse-taille : Giorgio Vasari qualifie de « pittura mescolata con la scultura » la technique de ce type de travail d’orfèvrerie émaillée, qu’il décrit ainsi : « si fa un rilievo piatto et in contrario a l’altro, cosicché mettendo gli smalti pigli gli scuri e i chiari di quello dall’altezza e dalla bassezza dell’intaglio ».
7 Maître Honoré (documenté à Paris de 1288 à 1296 et en 1313) : enlumineur le plus célèbre de son temps. Cinq manuscrits lui sont attribués, parmi lesquels la Somme le Roy (Londres, British Museum) et la Bible de Jean de Papeleu (Paris, bibliothèque de l’Arsenal) comptent parmi les plus parfaites réalisations du gothique à son apogée. Il serait également l’auteur du Bréviaire de Philippe le Bel (Bibliothèque nationale). De nombreux autres manuscrits proviennent de son atelier, ou sont inspirés de son art.
8 Notes 3 et 4.
9 L’historien de l’art ajoute : « On notera, pour leur élégance particulière et leur spécificité graphique, les lettres : A avec le premier trait arrondi qui descend en ondulant sous la ligne et se termine par un crochet, une barre transversale qui s’amincit et un large trait supérieur complémentaire vers la gauche ; C et E fermés par un mince arceau ; D oncial avec trait complémentaire descendant vers la gauche ; G avec point d’attache du trait courbe sur la base d’écriture, pour former une spirale, et trait supérieur descendant ; H et Q minuscules (ces lettres se retrouvent uniquement dans l’inscription du nom du commanditaire) ; I avec le trait complémentaire de la traverse prolongé jusqu’à la ligne supérieure ; M oncial à traits externes arqués se terminant par un crochet ; N minuscule avec deuxième trait artistiquement arrondi et fin, qui apparaît surtout dans les œuvres envoyées à l’extérieur des murs de Sienne. Une pratique qui unit les orfèvres siennois à leurs confrères peintres et les distingue des autres maîtres non siennois. » (Stefano Riccioni, « Le iscrizioni sul Calice di Guccio di Mannaia : il committente e l’ ’artista’ », Flavia Callori di Vignale et Ulderico Santamaria (dir.), op. cit., pp. 115-116).