
Duccio di Buoninsegna (Sienne, vers 1255/57 – vers 1318/19)
Madonna and Child (Vierge à l’Enfant. Auparavant Madonne Stoclet), v. 1290–1300.
Tempéra et or sur panneau, 27,9 x 21 cm (l’ensemble, avec le cadre) ; 23,8 x 16,5 cm (surface peinte).
Provenance : collection Stroganoff depuis la dernière décennie du XIXe s. [1] ; 1923, collection du banquier belge Adolphe Stoclet, Bruxelles ; 2004, achat par le Metropolitan Museum.
New York, The Metropolitan Museum of Art.
L’histoire documentée de cette peinture commence en 1904, lorsque le comte Grigorij Sergeevich Stroganoff [1]Grigorij Sergeevich Stroganoff (Saint Petersbourg, 1829 – Paris, 1910) : homme politique russe, riche propriétaire d’un palais à Rome dans lequel il possédait une également collection riche d’œuvres d’art et de livres., une semaine avant l’inauguration de la grande exposition d’art ancien siennois au Palazzo Pubblico, présente cette Madone de Duccio et une Vierge de l’Annonciation, toutes deux attribuées à Simone Martini, au commissaire de l’exposition Corrado Ricci [2]Corrado Ricci (Ravenne, 1858 – Rome, 1934) : archéologue et historien de l’art.. Les deux œuvres sont citées au catalogue [3]Mostra dell’antica arte senese (cat. d’exp. avril-août 1904), Sienne, L. Lazzeri, 1904, pp. 308-309. dans la liste des prêts portant les numéros 37 (1960) et 38 (1959), mais ne sont pas reproduites. Rapidement après la fin de l’exposition de Sienne, le panneau joua un rôle significatif dans la littérature sur les « primitifs » et l’attribution à Duccio fut soutenue, entre autres, par Frederick Mason Perkins [4]Frederick MASON PERKINS, « La pittura alla mostra d’arte antica in Siena », Rassegna d’arte, 4, ottobre 1904, pp. 145-153., Crowe e Cavalcaselle [5]Joseph Archer CROWE, Giovanni Battista CAVALCASELLE, A History of Painting in Italy, Umbria, Florence and Siena from the Second to the Sixteenth Century, vol. III, Londres, 1908., Bernard Berenson [6]Bernard BERENSON, The Central Italian Painters of the Renaissance, New York, 1909. e Raimond van Marle [7]Raimond VAN MARLE, The Development of the Italian Schools of Painting, vol. II, La Haye, 1924.. L’époque et les modalités d’acquisition de l’œuvre par Stroganoff demeuraient cependant inconnus. En une période où l’art ancien faisait l’objet d’une intense production de la part de faussaires parfois extrêmement talentueux, il n’en fallut pas plus pour que le doute s’installe. Ce n’est pourtant qu’à l’été 2006 que James Beck, professeur d’histoire de l’art à l’Université Columbia de New York, a lancé une attaque contre le New York Times en déclarant que le Duccio acheté par le Metropolitan était un faux. Keith Christiansen, l’un des principaux experts de la peinture italienne à la tête du département des peintures européennes du Metropolitan Museum of Art, écrivit à la Fondation Zeri afin de demander de vérifier s’il existait une photo ou une note dans les dossiers du chercheur attestant de son opinion. « En effet, [les photographies] fournissent une documentation unique sur l’histoire de la conservation du tableau ». [8]Keith CHRISTIANSEN, The Metropolitan’s Duccio, «Apollo», 165, febbraio 2007, p. 40.
Ce tableau « exquis », aurait dit Michel Laclotte, marque un tournant dans l’art occidental en ce que l’artiste a emprunté à la vie réelle pour représenter des personnages sacrés. Abandonnant la conception byzantine selon laquelle une peinture est l’image symbolique d’un être divin, Duccio confère à la Madone et à l’Enfant une humanité nouvelle en explorant la relation psychologique entre eux deux. Le parapet, accessoire pictural alors peu utilisé, établit un lien entre le monde fictif de la peinture et celui, bien réel, du spectateur. Le cadre original porte la marque des brûlures causées par des chandelles votives qu’on allumait devant le tableau.
Notes
1↑ | Grigorij Sergeevich Stroganoff (Saint Petersbourg, 1829 – Paris, 1910) : homme politique russe, riche propriétaire d’un palais à Rome dans lequel il possédait une également collection riche d’œuvres d’art et de livres. |
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2↑ | Corrado Ricci (Ravenne, 1858 – Rome, 1934) : archéologue et historien de l’art. |
3↑ | Mostra dell’antica arte senese (cat. d’exp. avril-août 1904), Sienne, L. Lazzeri, 1904, pp. 308-309. |
4↑ | Frederick MASON PERKINS, « La pittura alla mostra d’arte antica in Siena », Rassegna d’arte, 4, ottobre 1904, pp. 145-153. |
5↑ | Joseph Archer CROWE, Giovanni Battista CAVALCASELLE, A History of Painting in Italy, Umbria, Florence and Siena from the Second to the Sixteenth Century, vol. III, Londres, 1908. |
6↑ | Bernard BERENSON, The Central Italian Painters of the Renaissance, New York, 1909. |
7↑ | Raimond VAN MARLE, The Development of the Italian Schools of Painting, vol. II, La Haye, 1924. |
8↑ | Keith CHRISTIANSEN, The Metropolitan’s Duccio, «Apollo», 165, febbraio 2007, p. 40. |
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