Ranuccio Bianchi Bandinelli

Ranuccio Bianchi Bandinelli (Sienne, 1900 – Rome, 1975) : archéologue et historien de l’art classique ; professeur dans les universités de Cagliari, Groningue, Pise, Florence et Rome ; directeur général (1945-1947) des Antiquités et des Beaux-Arts au ministère de l’Instruction publique ; membre national de l’Accademia dei Lincei à partir de 1947 ; président (1957-1970) de l’Institut Gramsci ; fondateur et directeur des revues La Critica d’Arte (1935-1942, avec Carlo Ludovico Ragghianti [1]Carlo Ludovico Ragghianti (Lucques, 1910 – Firenze, 1987) : historien de l’art, critique d’art, critique de cinéma, homme politique, antifasciste et partisan.), Società (1943-1952, avec C. Luporini [2]Cesare Luporini (Ferrare, 1909 – Florence, 1993) : philosophe, historien de l’art et homme politique. et R. Bilenchi [3]Romano Bilenchi (Colle di Val d’Elsa, 1909 – Florence, 1989) : écrivain et journaliste.) et Dialoghi di Archeologia (en 1967).

Paru dans le quotidien L’Unità du 1er novembre 1979, le texte du discours prononcé par Giulio Carlo Argan [4]Giulio Carlo Argan (Turin, 1909 – Rome, 1992) : critique d’art, historien de l’art et homme politique. Il fut sénateur puis, en 1976, maire de la Rome. Dans les années 1970, il fut aussi l’un des membres importants de la Gauche indépendante (Sinistra indipendente) italienne. lors de la cérémonie organisée le 31 octobre 1979 en hommage à Bianchi Bandinelli, au Campidoglio, à l’occasion de la publication de la nouvelle série des Dialoghi di Archeologia, dresse un portrait vibrant du grand historien de l’art :

« En intitulant sa revue Dialoghi di Archeologia, Bianchi Bandinelli pensait certainement à ses élèves, car dans son école, tout était dialogue, aucune connaissance n’était transmise verticalement. Il aimait beaucoup l’école et la quitta lorsqu’il fut convaincu que, pour sauver l’école, il devait quitter l’université. Il la quitta également pour se consacrer entièrement à une grande entreprise scientifique, l’Enciclopedia dell’Antichità [5]L’Encyclopédie de l’Antiquité.. Le dialogue continuait, une encyclopédie est un travail d’équipe : elle convoque des universitaires du monde entier pour faire le point sur les progrès d’une discipline, mais aussi pour situer celle-ci au sein d’une culture générale. Il avait un sens profond de l’éthique du travail scientifique ; il aimait la recherche, mais ne refusait pas les devoirs qui en découlaient. La première forme d’intelligence, pour lui, était la générosité et donc l’engagement, y compris politique. Immédiatement après la guerre, il accepta d’être Directeur général des Beaux-Arts : il savait très bien qu’il s’agissait d’un travail bureaucratique aride, dans des conditions particulièrement difficiles. Mais c’était un devoir, envers la culture et envers le pays. L’Italie était encore en ruines, de nombreuses œuvres d’art italiennes volées par les nazis se trouvaient encore en Allemagne (et beaucoup le sont encore) où Siviero s’affairait à les récupérer. J’étais directement employé par lui et ce travail commun a été une école pour moi.

« Il était déjà communiste. Raison de plus pour être intransigeant quand il s’agissait de l’intérêt public. Il quitta la direction générale parce qu’il ne pouvait pas faire tout ce que sa conscience lui imposait : à l’occasion, dénoncer pour collaboration et escroquerie quelque grand monsieur qui vendait des tableaux anciens à Goering mais qui, connaissant les goûts les plus authentiques de ce dernier, y ajoutait en cadeau du vin et des charcuteries provenant de ses fermes.
Je l’ai particulièrement admiré car, face à la catastrophe et sans argent dans les caisses, il parvenait pourtant à trouver de quoi financer quelque fouille. Il pensait qu’il était avant tout important de garder vivant l’esprit de la recherche : pour conserver les choses, il faut garder l’état d’esprit qui veut que les choses soient conservées. L’important était de ne pas rompre l’unité théorico-pragmatique de la science. Le théoricien doit savoir descendre près des choses s’il veut pouvoir remonter ensuite de ces choses au grand dessein historique et à la théorie, peut-être à la philosophie de l’art. Je me suis souvenu de lui et de son engagement pratique, de la sérénité et de l’esprit avec lesquels il a rempli ses fonctions lorsque, de manière inattendue, j’ai été nommé maire de Rome et que je me suis retrouvé submergé par une avalanche de préoccupations qui n’avaient rien à voir avec mes études. J’ai réalisé que ces préoccupations n’étaient pas si étrangères, que rien, peut-être, n’est étranger à la culture : essayer de garder Rome propre (malheureusement en vain) revient à nettoyer une œuvre d’art tachée.
Aujourd’hui, je réfléchis à de nombreuses coïncidences étranges de mon destin avec le sien et bien sûr aussi au choix politique commun. Rien d’accidentel : nous avons tous les deux été formés dans la tradition de l’école viennoise d’histoire de l’art, où l’on partait du croquis pour arriver au traité, mais sans jamais perdre de vue la chose artistique, son caractère d’objet sujet aux aléas du temps. Étudier l’histoire de l’art, c’était comme s’occuper des choses, besorgen.

« Depuis que, très jeune encore, il fit des débuts brillants avec les études sur la culture étrusque de Roselle et de Sovana, il était tourmenté par un dilemme qui ne le quittait plus : archéologie ou histoire de l’art ? C’est le cœur de toute son œuvre. Comme tous les savants de sa génération puis de la mienne, il était idéaliste et crocien [6]Disciple de Benedetto Croce (Pescasseroli, 1866 – Naples, 1952) : philosophe, historien, homme politique, critique littéraire et écrivain. : ce n’est qu’au temps de la guerre, je crois, qu’il eut les lumières de Gramsci (Antonio Gramsci (Ales [Sardaigne], 1891 – Rome, 1937) : philosophe, écrivain et théoricien politique. Membre fondateur du Parti communiste italien, dont il est un temps à la tête, il est emprisonné par le régime mussolinien de 1926 à sa mort.)). Le dégoût de la rhétorique, qu’en vérité Croce a toujours nourri chez les intellectuels, a conduit à une critique radicale de l’archéologie italienne : d’abord pour sa mentalité antiquaire attardée, mais aussi pour l’asservissement à la mégalomanie fasciste, pour les ravages qu’elle a autorisés à partir de Rome, pour le manque de rigueur dans la recherche et la restauration des monuments, pour l’abus de faux concepts comme celui de romanità. Sans doute l’idéalisme l’a-t-il conduit à des choix de goût très sévères mais sans aucun scrupule.
Aujourd’hui, il est de bon ton de dire que le critère de qualité implique une évaluation subjective, ce que la science rigoureuse n’admet pas ; et au fond il est juste que les médiocres défendent les médiocres. Or c’est précisément par ses choix qualitatifs que Bianchi Bandinelli a bouleversé le tableau de l’histoire de l’art classique. Lorsque l’Historicité de l’art classique est sortie, ce fut comme si les bandeaux nous tombaient des yeux. Ce n’était pas une question d’art ou de non-art. L’histoire de l’art classique que les archéologues nous avaient enseignée était en réalité l’histoire d’une culture figurative courtoise ou officielle et donc non pas l’histoire de l’art, mais l’histoire du pouvoir vu à travers l’art. Bien que beaucoup plus complexe, le point de vue de Bianchi Bandinelli nous ramenait aux premiers historiens romantiques comme Fauriel [7]Charles-Claude Fauriel (Saint-Étienne, 1772 – Paris, 1844) : historien, linguiste, romancier et critique littéraire français. Il est très connu en Italie pour l’influence qu’il a eu sur Alessandro Manzoni., qui préféraient la civilisation des vaincus à celle des conquérants : Bianchi Bandinelli écartait les artistes du palais, parlait de la province au lieu de la métropole, d’artisans pleins de génie ou d’esprit au lieu d’artistes diplômés. Et ce n’était pas une vision populiste : l’analyse, comme chez le très admiré Riegl [8]Aloïs Riegl (Linz, 1858 – Vienne, 1905) : historien de l’art autrichien, auteur notamment de Der moderne Denkmalkultus, sein Wesen, seine Entstehung, traduit en français sous le titre Le Culte moderne des monuments, son essence et sa genèse., était toujours scrupuleusement menée sur les formes.
Comme toujours, Bianchi Bandinelli, pourtant doué pour faire des synthèses grandioses d’époques entières, a tiré de sa théorie toutes les conséquences pratiques : au point qu’une nouvelle manière de concevoir et de conduire des fouilles découlait précisément de ce postulat critique général : ne plus trouver des trésors ou des documents sensationnels, mais le tissu modeste d’une culture, les outils de la vie quotidienne, les preuves des activités quotidiennes. En un mot, l’intrigue de ce que nous appelons aujourd’hui la culture matérielle et qui, en vérité, nous renseigne infiniment plus que ce que peut fournir un monument imposant, expression des grandes institutions de l’époque.
De cette première formulation, au moins en Italie, d’une méthodologie fondamentalement marxiste des études archéologiques est également sortie, et a été portée par les disciples, une nouvelle méthode de planification, de mise en œuvre, d’interprétation de la fouille : non plus conçue comme une chasse au trésor, mais comme une reconstruction organique du tissu culturel. Qu’aurait dû être, ou du moins aurait dû être, le principe d’un changement radical de la politique de protection du patrimoine culturel : toujours faite d’interdits et de limites de moins en moins respectées au lieu d’interventions directes et positives dans le développement de la politique de la ville et du territoire. C’est une perspective culturelle et politique extrêmement prometteuse qu’il ouvre en Italie après la Libération ; mais il a été fermé à la hâte par ce provincialisme culturel que Bianchi Bandinelli détestait et qui non seulement prospère encore, mais est cultivé avec un zèle soucieux dans les jardins indigènes.
Peut-être que le dialogue que ce magazine, avec son nouveau cours, devra mener avec courage n’est pas précisément un dialogue entre professeurs et élèves, mais un dialogue plus ouvert entre les civilisations anciennes et la civilisation moderne. Bianchi Bandinelli a voulu clarifier, en le vivant seul dans toutes ses contradictions, même dramatiques, ce qu’est la civilisation moderne, souhaitant ardemment que sa confrontation avec l’antique soit la confrontation entre deux moments de l’histoire et non entre un récit et une chronique parfois noire. Personne ne peut voir tout ce qu’il espère accompli. Mais certainement tout ce qui pouvait être fait, dans sa discipline et dans son existence pratique, pour que l’ère moderne soit une ère historique, Bianchi Bandinelli l’a fait avec une intelligence, un courage, une fermeté et une sérénité dignes de demeurer exemplaires pour les intellectuels de tous horizons, et dans le monde entier. »

[9]Intitolando la sua rivista «Dialoghi di Archeologia» Bianchi Bandinelli pensava sicuramente ai suoi allievi, perché nella sua scuola tutto era dialogo, nulla sapere impartito. Amava molto la scuola, la lasciò quando si persuase che, per salvare la scuola, bisognava lasciare l’università. La lasciò, anche, per dedicarsi interamente ad una grande impresa scientifica, l’Enciclopedia … Poursuivre

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1 Carlo Ludovico Ragghianti (Lucques, 1910 – Firenze, 1987) : historien de l’art, critique d’art, critique de cinéma, homme politique, antifasciste et partisan.
2 Cesare Luporini (Ferrare, 1909 – Florence, 1993) : philosophe, historien de l’art et homme politique.
3 Romano Bilenchi (Colle di Val d’Elsa, 1909 – Florence, 1989) : écrivain et journaliste.
4 Giulio Carlo Argan (Turin, 1909 – Rome, 1992) : critique d’art, historien de l’art et homme politique. Il fut sénateur puis, en 1976, maire de la Rome. Dans les années 1970, il fut aussi l’un des membres importants de la Gauche indépendante (Sinistra indipendente) italienne.
5 L’Encyclopédie de l’Antiquité.
6 Disciple de Benedetto Croce (Pescasseroli, 1866 – Naples, 1952) : philosophe, historien, homme politique, critique littéraire et écrivain.
7 Charles-Claude Fauriel (Saint-Étienne, 1772 – Paris, 1844) : historien, linguiste, romancier et critique littéraire français. Il est très connu en Italie pour l’influence qu’il a eu sur Alessandro Manzoni.
8 Aloïs Riegl (Linz, 1858 – Vienne, 1905) : historien de l’art autrichien, auteur notamment de Der moderne Denkmalkultus, sein Wesen, seine Entstehung, traduit en français sous le titre Le Culte moderne des monuments, son essence et sa genèse.
9 Intitolando la sua rivista «Dialoghi di Archeologia» Bianchi Bandinelli pensava sicuramente ai suoi allievi, perché nella sua scuola tutto era dialogo, nulla sapere impartito. Amava molto la scuola, la lasciò quando si persuase che, per salvare la scuola, bisognava lasciare l’università. La lasciò, anche, per dedicarsi interamente ad una grande impresa scientifica, l’Enciclopedia dell’Antichità. Il dialogo seguitava, un’enciclopedia è un lavoro di gruppo: convoca gli studiosi da ogni parte del mondo per fare il punto dello stato di avanzamento di una disciplina, ma anche per inquadrarla in una cultura generale. Aveva il senso profondo dell’etica del lavoro scientifico; amava la ricerca, ma non ricusava i doveri che ne discendevano. La prima forma dell’intelligenza, per lui, era la generosità e quindi l’impegno, anche politico. Subito dopo la guerra accettò di fare il Direttore generale delle Belle Arti: sapeva benissimo ch’era un arido lavoro burocratico in condizioni, poi, particolarmente difficili. Ma era un dovere, verso la cultura e verso il Paese. L’Italia era ancora in rovine, molte opere d’arte italiane rubate dai nazisti erano ancora in Germania (e molte ci sono ancora) dove Siviero si dava da fare a recuperarle. Io ero alle sue dipendenze dirette e quel lavoro comune per me fu una scuola.

Era già comunista, un’altra ragione per essere  intransigente quando si tratta del pubblico interesse. Lasciò la direzione generale perché non poteva fare tutto ciò che la coscienza gli imponeva: magari denunciare per collaborazionismo e truffa qualche gran signore che vendeva quadri antichi a Goering ma, conoscendone i gusti più autentici, vi aggiungeva in regalo il vino e i salumi dei suoi poderi.
Lo ammirai soprattutto perché, davanti al disastro e senza soldi in cassa, riusciva a trovarne abbastanza per finanziare qualche scavo. Pensava che soprattutto era importante mantenere vivo lo spirito della ricerca: per conservare le cose bisogna conservare la mentalità che vuole conservate le cose. L’importante era non rompere l’unità teorico-pragmatica della scienza. Il teorico deve sapere discendere alle cose se vuole che poi dalle cose si possa risalire al grande disegno storico e alla teoresi, magari alla filosofia dell’arte. Mi sovvenni di Lui e del suo impegno pratico, e della serenità e dello spirito con cui lo adempiva, quando imprevedutamente fui fatto sindaco di Roma e mi trovai travolto in una valanga di cure che non avevano niente a che fare con i miei studi. Mi accorsi che non erano poi tanto estranee, forse niente è estraneo alla cultura: cercare di tenere pulita Roma (invano, purtroppo) è come nettare un’opera d’arte imbrattata.
Oggi rifletto a molte strane coincidenze del mio destino col suo e naturalmente anche alla comune scelta politica. Nulla di casuale: tutt’e due ci eravamo formati nella tradizione della scuola viennese di storia dell’arte, dove si partiva dalla scheda per arrivare al trattato, ma senza mai perdere di vista la cosa artistica, il suo essere un manufatto soggetto ai guasti del tempo. Studiare la storia dell’arte era lo stesso che prender cura delle cose, besorgen.

Fin da quando, giovanissimo ancora, esordì brillantemente con gli studi sulla cultura etrusca di Roselle e Sovana lo tormentava il dilemma che non l’abbandonò mai più: archeologia o storia dell’arte? È il nodo di tutto il suo lavoro. Come tutti gli studiosi della sua e poi della mia generazione è stato idealista e crociano: solo al tempo della guerra, credo, ebbe l’illuminazione di Gramsci. Il disgusto della rettorica, che per la verità il Croce ha sempre alimentato negli intellettuali, portava ad una critica radicale dell’archeologia italiana: per la ritardata mentalità antiquariale, anzitutto, ma anche per l’asservimento alla megalomania fascista, per gli scempi che autorizzava a cominciare da Roma, per lo scarso rigore nella ricerca e nel restauro dei monumenti, per l’abuso di falsi concetti come quello di «romanità». Indubbiamente l’idealismo lo avviò a scelte di gusto molto severe, ma del tutto spregiudicate.
Oggi è di moda dire che il criterio di qualità implica una valutazione soggettiva, che una scienza rigorosa non ammette; e in fondo è giusto che i mediocri difendano i mediocri. Eppure è proprio con le sue scelte qualitative che Bianchi Bandinelli ha rovesciato il quadro della storia dell’arte classica. Quando uscì laStoricità dell’arte classica fu come ci cadessero le bende dagli occhi. Non era una questione di arte o non- arte. La storia dell’arte classica che ci avevano insegnato gli archeologi era in realtà la storia di una cultura figurativa aulica o ufficiale e dunque non storia dell’arte, ma storia del potere vista attraverso l’arte. Benché assai più complesso, il punto di vista di Bianchi Bandinelli riportava ai primi storici romantici come il Fauriel, che preferiva la civiltà dei conquistati a quella dei conquistatori: Bianchi Bandinelli accantonava gli artisti di palazzo, parlava di provincia invece che di metropoli, di artigiani pieni di genio o di spirito invece che di artisti laureati. E non era una veduta populista: l’analisi, come nell’ammiratissimo Riegl, era sempre scrupolosamente condotta sulle forme.
Come sempre Bianchi Bandinelli, pur così bravo nel disegnare grandiose sintesi di epoche intere, ha dedotto dalla sua teoria tutte le conseguenze d’ordine pratico: al punto che proprio da quella generale premessa critica è disceso un nuovo modo di concepire e condurre lo scavo: non più per trovare tesori o documenti sensazionali, ma il modesto tessuto di una cultura, gli strumenti della vita quotidiana, le testimonianze delle attività quotidiane. In una parola, la trama di quella che oggi chiamiamo cultura materiale e che, in verità, ci porge una quantità d’informazioni infinitamente maggiore che quelle che può dare un imponente monumento, espressione delle grandi istituzioni del tempo.
Da questa prima formulazione, almeno in Italia, di una metodologia fondamentalmente marxista degli studi di archeologia uscì anche, e fu portata avanti dai discepoli, una nuova modalità della progettazione, dell’attuazione, dell’interpretazione dello scavo: non più concepito come caccia al tesoro, ma come ricostruzione organica del tessuto della cultura. Ciò che doveva, o almeno avrebbe dovuto, essere il principio di un mutamento radicale della politica della tutela del patrimonio culturale: ancora fatta di divieti e di limiti sempre meno rispettati invece che di interventi diretti, in positivo, nello sviluppo della politica della città e del territorio. Era una prospettiva culturale e politica estremamente promettente, quella ch’egli aprì in Italia dopo la Liberazione; ma fu precipitosamente richiusa da quel provincialismo culturale che Bianchi Bandinelli odiava e che ancora non soltanto prospera, ma viene coltivato con sollecito zelo nei patrii giardini.
Forse il dialogo che questa rivista, con il suo nuovo corso, dovrà coraggiosamente portare avanti non è precisamente un dialogo tra maestri ed allievi, ma un dialogo più aperto tra civiltà antiche e civiltà moderna. Bianchi Bandinelli volle chiarire, vivendolo in proprio in tutte le sue contraddizioni, anche drammatiche, che cosa sia la civiltà moderna, ardentemente desiderando che il suo confronto con l’antico fosse il confronto tra due momenti della storia e non tra una storia e una cronaca, talvolta nera. Nessuno può vedere realizzato tutto ciò che spera. Ma certo tutto ciò che poteva essere fatto, nella sua disciplina e nella sua pratica esistenza, affinché l’epoca moderna fosse un’epoca storica, Bianchi Bandinelli lo ha fatto con un’intelligenza, un coraggio, una fermezza e una serenità da rimanere, per gli intellettuali di tutto il mondo, esemplari.