Venedico « Caccianemico » dell’Orso (Bologne, 1228 – 1302) : homme politique. Parmi les principaux représentants de la faction guelphe de sa ville, il était le chef de la coterie Geremei. Avec son père Alberto dell’Orso, il fut très actif dans la politique intérieure de la ville. En 1274, il réussit à vaincre la faction gibeline menée par les Lambertazzi, et exila leurs aînés tout en favorisant les visées ambitieuses que nourrissaient les marquis de Ferrare envers Bologne.
« La culpabilité pour laquelle Dante le place en enfer (XVIII, 40-66), son rôle d’entremetteur exercé contre sa propre sœur [1]« I’ fui colui che la Ghisolabella / condussi a far la voglia del marchese, / come che suoni la sconcia novella, vv. 55-57 (« Je fus celui qui fit que Ghisolabella / céda au désir du marquis, / quel que soit le récit de cette honteuse histoire », vv 55-57. Ghisolabella était fille d’Alberto Caccianemico dell’Orso de Bologne, et donc sœur de Venedico. Son frère … Poursuivre, ne trouve pas la moindre confirmation dans les chroniques ou documents de l’époque. Le silence des chroniqueurs et des historiens peut sembler d’autant plus étrange que l’on fit grand cas de cette sordide histoire à Bologne et au-delà, où elle fut rapportée de cent manières, étant donné qu’« il semblait fort crédible que Messer Venedico ait consenti à celle de la sirocchia » (Anonyme). Mais la nouveauté de Dante ne réside pas tant dans le fait de l’avoir évoqué, que dans la certitude que le fait s’est réellement produit, au point de le faire annoncer par le damné lui-même, et, pour éviter tout éventuel doute plausible, en le faisant annoter d’un rappel ouvert à la terre d’origine et au sein avare des Bolonais. Les anciens commentateurs, tout en paraphrasant le texte de Dante, s’accordent tous à raconter l’histoire, parlant expressément de prostitution imposée par Venedico pour de l’argent (« il a conduit [sa sœur] à faire le vœu du marquis Obizzo d’Este, marquis de Ferrare, pour de l’argent qu’il en reçu » [Buti] ; « il prostitua (arruffianò) Madame Ghisola… pour de l’argent » [Ottimo] ; « conduxit sororem ad serviendum marchini… ut fortius promeretur gratiam eius [2]« Il engagea sa sœur pour servir le marquis… afin de pouvoir gagner plus fortement ses faveurs. » » [Benvenuto]). Et en effet, d’après les mémoriaux trouvés par Zaccagnini, il ressort que Venedico, surtout dans les dernières décennies de sa vie, a bénéficié de dons remarquables de la famille d’Este. Mais qu’il ait réellement agi en maquereau, comme semblent l’admettre les anciens commentateurs, ou même qu’il se soit borné à tolérer l’affaire, l’hypothèse du bénéfice qu’il aurait tiré de cette relation est recevable. » [3]Vincenzo Presta, « Caccianemico, Venedico », Enciclopedia Dantesca (1970).
Notes
1↑ | « I’ fui colui che la Ghisolabella / condussi a far la voglia del marchese, / come che suoni la sconcia novella, vv. 55-57 (« Je fus celui qui fit que Ghisolabella / céda au désir du marquis, / quel que soit le récit de cette honteuse histoire », vv 55-57. Ghisolabella était fille d’Alberto Caccianemico dell’Orso de Bologne, et donc sœur de Venedico. Son frère l’aurait poussé à se prostituer avec le marquis de Ferrare Obizzo II d’Este (Naples (?), entre 1247 et 1252 – Ferrare, 1293), lui aussi mentionné dans la Divine Comédie (cantique XII, vv. 110-113), espérant par ce moyen obtenir un appui politique et financier. |
---|---|
2↑ | « Il engagea sa sœur pour servir le marquis… afin de pouvoir gagner plus fortement ses faveurs. » |
3↑ | Vincenzo Presta, « Caccianemico, Venedico », Enciclopedia Dantesca (1970). |