
Simone Martini (Sienne, 1285 – Avignon, 1344)
Madonna col Bambino (Vierge à l’Enfant), première décennie du XIVe s.
Tempéra sur bois, 74,5 x 57 cm.
Provenance : Acquis en 1906 auprès des héritiers de l’évêque Toti, de Colle di Val d’Elsa (Sienne). Provenance antérieure inconnue.
Sienne, Pinacoteca Nazionale. Inv. 583.
L’œuvre, longtemps attribuée à un disciple de Duccio, si ce n’est à Duccio lui-même [1]Dans le catalogue de la Pinacothèque publié en 1977 et 1978, Torriti donne encore l’œuvre à Duccio., est dorénavant considérée de manière unanime comme étant de la main du jeune Simone, alors que celui-ci travaillait encore dans l’atelier du Maître et était donc tout empreint de son style. Plusieurs traits archaïques viennent perpétuer certaines caractéristiques d’une tradition byzantine qui a fortement marqué l’art de Sienne. L’usage de rehauts d’or dans le graphisme destiné à rendre les plis du manteau de la Vierge en constitue l’aspect le plus visible, en même temps qu’elle est aussi la marque de l’influence de Duccio sur cette œuvre de jeunesse de Simone.
On ne peut qu’admirer la beauté diaphane de cette image, les transparences et la fragilité des tissus, la préciosité du manteau bleu tout parsemé de filets dorés sortis de quelque atelier d’orfèvrerie, l’élégance de l’allongement de la forme des mains, la perfection du visage de la Vierge, les rondeurs et la fragilité du nu enfantin non dénué de puissance plastique. “Il s’agit […] de l’une des images les plus émouvantes conçues au début du XIVe siècle, quand s’opère le passage d’un langage encore teinté des rigidités de la tradition byzantine à la douce fluidité des nouvelles formes expressives que Duccio était en train d’introduire […] dans le milieu de la peinture siennoise. Le manteau bleu de la Vierge […] contraste avec le vêtement violacé de Jésus, qui joue sur les effets de l’ombre et de la lumière, procédé souligne par l’impalpable voile transparent qui laisse voir les bras de l’Enfant. Le visage de la Vierge est modelé de la même façon par les effets de couleur et de lumière , tandis que l’impérieuse attitude divine est tempérée par la délicatesse – jusqu’alors inconcevable – des chairs, rendue par les touches superposées et croisées qui suscitent des variations de lumière” [2]TORRITI 1977, p, 94. et traduisent le modelé des visages avec une extraordinaire douceur.
L’Enfant, c’est une grande nouveauté, tourne son regard vers sa gauche : il est en mouvement. Il est probable que ce qu’il observe (nul doute qu’il s’agit de la figure d’un saint) se trouvait dans un panneau latéral aujourd’hui perdu, tant il est vrai, comme le prouvent les orifices percés dans l’épaisseur du bois, que le format de l’œuvre d’origine était un triptyque.
Les conditions, notamment lumineuses, d’exposition des œuvres dans la Pinacothèque ne permettent pas toujours de garantir la qualité des reproductions et/ou l’absence de reflets, a fortiori lorsqu’elles celles-ci sont protégées derrière des verres. Ce qui est le cas ici, hélas …
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