
Bartolomeo Bulgarini (Sienne, 1300 ou 1310 – 1378), auparavant attribué au ‘Maestro d’Ovile’ ou à ‘Ugolino Lorenzetti’
San Pietro in cattedra tra i Santi Paolo e Giovanni Evangelista (Saint Pierre en chaire entre les saints Paul et Jean l’Evangéliste), 1332 (datée).
Tempéra sur panneaux, respectivement : 143,5 x 89,5 ; 95,5 x 53,5 ; 96 x 53,5 cm.
Inscriptions :
- (sur le livre de Jean) : « IN PRINCIPIO ERAT VERBUM ET VERBUM ERAT APUD DEUM ET DEUM ERAT [1]« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », première phrase du Prologue de l’Evangile selon Jean. … »
Provenance : Église de San Bartolomeo, Sestano (Castelnuovo Berardenga, près de Sienne).
Sienne, Pinacoteca Nazionale.
Chacun des personnages représentés porte de manière visible le ou les attributs permettant aisément de les identifier.
Pierre (fig. 1) occupe, au centre, le plus grand des trois panneaux. Il est assis sur une chaire imposante qui donne à cette dernière l’apparence d’un trône : c’est en tant que premier pape de l’Église qu’il est représenté, ce que vient confirmer la présence du pallium visible à son col. La physionomie du « Prince de l’Eglise » est parfaitement reconnaissable à sa courte barbe et à sa chevelure bouclée, toutes deux de couleur blanche. Il porte d’une main les deux clés habituelles, disproportionnées, comme souvent, de manière à les rendre bien visibles, et de l’autre, il maintient sur son genoux le livre rouge attribut des saints. Dans cette « grandiose figure […], l’artiste exalte, dans un chromatisme » fortement contrasté [2]La gamme de couleurs décline les trois couleurs dites ‘primaires’ (jaune, rouge et bleu) à l’origine du contraste chromatique le plus vif de tous. et d’une préciosité toute siennoise, une composition solennelle » résultant d’une admirable capacité à élaborer une figure que l’on est tenté de qualifier de sculpturale. C’est d’ailleurs dans cette capacité à traduire en deux dimensions la masse imposante et le poids de la silhouette de Pierre que l’auteur parvient à égaler « la puissance de Pietro et Ambrogio Lorenzetti ». Comme eux, il parvient ici à anticiper avec presque un siècle d’avance sur leurs successeurs florentins qui en feront la plus révolutionnaire des nouveautés de la Renaissance, une capacité à traduire sur un plan les volumes évoluant dans la profondeur d’un espace simulé. Le procédé plastique mis en œuvre pour obtenir cet effet, méticuleusement décrit par Pietro Torriti [3]TORRITI 1977, p. 134. consiste à « faire comme tourner la figure elle-même sur le flanc gauche dans un équilibre parfait et pourtant mobile avec le torse et la tête disposés frontalement ».

Paul, à gauche (fig. 2), éternel alter ego de Pierre, cheveux et barbe bruns, porte sur l’épaule la longue épée de son martyr et, dans la main gauche, un volume de feuilles en lequel nous reconnaissons des lettres, les épitres dont l’apôtre est l’auteur.

Jean l’Evangéliste (fig. 3), lui, nous indique du doigt la phrase, lisible sur le livre ostensiblement ouvert en grand, qui introduit l’Evangile dont il est l’auteur (voir note 1).

Trois panneaux provenant possiblement du couronnement du retable démembré

- Deux Saints. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum.
- Saint John the Baptist. Londres, Collection Pittas.
Notes
1↑ | « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », première phrase du Prologue de l’Evangile selon Jean. |
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2↑ | La gamme de couleurs décline les trois couleurs dites ‘primaires’ (jaune, rouge et bleu) à l’origine du contraste chromatique le plus vif de tous. |
3↑ | TORRITI 1977, p. 134. |
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