Bartolomeo Bulgarini, « San Pietro in cattedra tra i Santi Paolo e Giovanni Evangelista »

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Bartolomeo Bulgarini (Sienne, 1300 ou 1310 – 1378), auparavant attribué au ‘Maestro d’Ovile‘ ou au pseudo ‘Ugolino Lorenzetti[1]Voir note 3 ci-dessous.

San Pietro in cattedra tra i Santi Paolo e Giovanni Evangelista (Saint Pierre en chaire entre les saints Paul et Jean l’Evangéliste), 1332 [2]L’œuvre est datée..

Tempéra sur panneaux, respectivement : 143,5 x 89,5 ; 95,5 x 53,5 ; 96 x 53,5 cm.

Inscriptions :

  • (sur le livre de Jean) : « IN PRINCIPIO ERAT VERBUM ET VERBUM ERAT APUD DEUM ET DEUM ERAT… » [3]« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », première phrase du Prologue de l’Evangile selon Jean.

Provenance : Église de San Bartolomeo, Sestano (Castelnuovo Berardenga, près de Sienne).

Sienne, Pinacoteca Nazionale.

Les trois œuvres proviennent probablement d’un polyptyque dont l’auteur a tantôt été dénommé le ‘Maestro d’Ovile’, tantôt ‘Ugolino Lorenzetti’ avant que Millard Meiss, en 1936, n’identifie Bartolomeo Bulgarini comme l’auteur du corpus d’œuvres attribué jusque-là à l’un ou l’autre de ces deux peintres fictifs [4]En 1917, Bernard Berenson a regroupé une série de peintures sous le nom fictif de ‘Ugolino Lorenzetti’ inventé pour indiquer que le style de l’artiste montre des éléments dérivés à la fois d’Ugolino di Nerio et de Pietro Lorenzetti. De Wald suggéra par la suite de distinguer une deuxième figure au sein de cette œuvre, l’appelant le ‘Maître de la Madonna … Poursuivre.

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Chacun des personnages représentés porte de manière visible le ou les attributs permettant aisément de l’identifier. Pierre (fig. 1) occupe, au centre, le plus grand des trois panneaux. Il est assis sur une chaire imposante qui donne à cette dernière l’apparence d’un trône : c’est en tant que premier pape de l’Église qu’il est représenté, ce que vient confirmer la présence du pallium visible à son col. La physionomie du « Prince de l’Eglise » est parfaitement reconnaissable à sa courte barbe et à sa chevelure bouclée, toutes deux de couleur blanche. Il porte d’une main les deux clés habituelles, disproportionnées, comme souvent, de manière à les rendre bien visibles, et de l’autre, il maintient sur son genoux le livre rouge attribut des saints. Dans cette « grandiose figure […], l’artiste exalte, dans un chromatisme » fortement contrasté [5]La gamme de couleurs décline les trois couleurs dites ‘primaires’ (jaune, rouge et bleu) à l’origine du contraste chromatique le plus vif de tous. et d’une préciosité toute siennoise, une composition solennelle » résultant d’une admirable capacité à élaborer une figure que l’on est tenté de qualifier de sculpturale. C’est d’ailleurs dans cette capacité à traduire en deux dimensions la masse imposante et le poids de la silhouette de Pierre que l’auteur parvient à égaler « la puissance de Pietro et Ambrogio Lorenzetti ». Comme eux, il parvient ici à anticiper avec presque un siècle d’avance sur leurs successeurs florentins qui en feront la plus révolutionnaire des nouveautés de la Renaissance, une capacité à traduire sur un plan les volumes évoluant dans la profondeur d’un espace simulé. Le procédé plastique mis en œuvre pour obtenir cet effet, méticuleusement décrit par Pietro Torriti [6]TORRITI 1977, p. 134. consiste à « faire comme tourner la figure elle-même sur le flanc gauche dans un équilibre parfait et pourtant mobile avec le torse et la tête disposés frontalement ».

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Paul, à gauche (fig. 2), éternel alter ego de Pierre, cheveux et barbe bruns, porte sur l’épaule la longue épée de son martyr et, dans la main gauche, un volume de feuilles en lequel nous reconnaissons des lettres, les épitres dont l’apôtre est l’auteur.

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Jean l’Evangéliste (fig. 3), lui, nous indique du doigt la phrase, lisible sur le livre ostensiblement ouvert en grand, qui introduit l’Evangile dont il est l’auteur (voir note 1).

Trois panneaux provenant possiblement du couronnement du retable démantelé

Reconstruction du polyptyque d’après CASU, Stefano, The Pittas Collection. Early Italian Paintings (1200-1530), Florence, Mandragora, 2001, p. 31.
  • Deux Saints. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum.
  • Saint John the Baptist. Londres, Collection Pittas.

Notes

Notes
1 Voir note 3 ci-dessous.
2 L’œuvre est datée.
3 « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu », première phrase du Prologue de l’Evangile selon Jean.
4 En 1917, Bernard Berenson a regroupé une série de peintures sous le nom fictif de ‘Ugolino Lorenzetti’ inventé pour indiquer que le style de l’artiste montre des éléments dérivés à la fois d’Ugolino di Nerio et de Pietro Lorenzetti. De Wald suggéra par la suite de distinguer une deuxième figure au sein de cette œuvre, l’appelant le ‘Maître de la Madonna d’Ovile’, l’artiste qui exécuta plus tard des œuvres plus proches de Lorenzetti par leur style. En 1936, Millard Meiss a finalement réuni le groupe d’œuvres et l’a élargi, suggérant que ‘Ugolino Lorenzetti’ était l’auteur de la biccherna no. 28, c’est-à-dire Bartolomeo Bulgarini. Les chercheurs ont par la suite épousé la proposition de Meiss, bien qu’avec quelques exceptions importantes. Bulgarini, connu grâce à de nombreuses preuves documentaires, est cité dans les Vies de Vasari comme ‘Bolghini’ dans la première édition et comme ‘Bologhini’ dans la seconde, et est identifié comme l’élève de Lorenzetti et l’auteur du polyptyque de la chapelle de San Silvestro à Santa Croce (Florence).
5 La gamme de couleurs décline les trois couleurs dites ‘primaires’ (jaune, rouge et bleu) à l’origine du contraste chromatique le plus vif de tous.
6 TORRITI 1977, p. 134.

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