Benvenuto di Giovanni, “Il Buon Governo nell’ufficio della Gabella”

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Office de la Gabella

Benvenuto di Giovanni [1] (Sienne 1436 – entre 1509 et 1518)

Il Buon Governo nell’ufficio della Gabella (Le Bon Gouvernement dans l’office de la Gabelle)

1474

Tempera sur panneau, 53 x 33,5 cm.

Inscriptions :

  • Au-dessus de la tête du vielliard assis : « LIBERTAS » et « KI BENE MINISTRA REMGNA » ; les paroles sont supposées provenir de la bouche du personnage.
  • «  QUESTA È L’ENTRATA E L’USCITA DELLA GENERALE CHABELLA DEL MAGNIFICHO COMUNE DI SIENA PER TEMPO D’UNO ANNO INCHOMINCIATO ADDI’ PRIMO DI GENAIO 1473 E FINITO A DI’ ULTIMO DI DICENBRE 1474, AL TEMPO DELLI SPECTABILI UOMINI CRESCENTIO DI PIETRO DI FRANCIESCHO DI GORO CHAMARLENGHO, MAESTRO FRANCIESCHO DI MISSERE PERI MEDICHO, REDE DI FABRIÇÇIO SOÇÇI, SER ARDUINO DI LONARDO, FRANCIESCHO DI BALDO TALOMEI, ESECUTORI PER LI PRIMI SEI MESI. SOÇÇINO DI FAÇIO BELGLIARMATI, SER IACHOMO DI PIERO UMIDI, IACHOMO DI LODOVICHO ARRIGHI, PIETRO PAVOLO DI FAÇIO GALLERANI, ESECUTORI PER LI SECHONDI SEI MESI. NICHOLO’ DI PICHOLUOMO SCRITTORE, SER FRANCIESCHO D’ANTHONIO NOTAIO DELLI ESECUTORI PER LI PRIMI SEI MESI E SER GALGANO DI CENNI PER LI SECHONDI SEI MESI. FRATER GREGORIUS VALENTIANUS SCRIPSIT »

Provenance : Accademia di Belle Arti.

Sienne, Palazzo Piccolomini, Archivio di Stato, Museo delle Biccherne.

Nous voici devant une nouvelle occurrence de l’allégorie du bon gouvenement entendu comme la capacité à administrer correctement les recettes et les dépenses publiques, ainsi que l’explicite l’inscription : “KI BENE MINISTRA REMGNA“ [4]. La personnification de la commune de Sienne prend les traits d’un vieillard vêtu aux couleurs de la ville (blanc et noir), tenant en main le sceptre et le globe également bicolore, symbole de la cité. Sa longue barbe blanche et ses cheveux également longs et blancs sont supposés en dirent tout aussi long sur la sagesse qui caractérise le personnage.

Maria Cristina Bandera fait l’hypothèse [2] que Benvenuto, en réalisant cette commande de la Biccherna, avait présentes à l’esprit les paroles d’un célèbre sermon de Bernardino di Siena. Les paroles prononcées sur la place du Campo, à quelques enjambées du chef-d’œuvre d’Ambrogio Lorenzetti, évoquent l’image canonique peinte à l’intérieur des murs du Palazzo Pubblico pour, littéralement, faire voir à son auditoire le sens de son sermon :

« Quando so’ stato fuore di Siena, ho predicato de la pace e de la guerra che voi avete dipènta, che, per certa, fu bellissima inventiva ». [3]

De fait, pour souligner l’importance de l’événement auquel se réfère l’image, Benvenuto n’hésite pas, à son tour, à récupérer à ses fins une invention artistique peinte par Ambrogio un siècle et demi plus tôt, qui figure au sommet de la fresque du Bon Gouvernement.

La figure allégorique est représentée assise sur un haut siège, un trône, à l’intérieur de l’office de la Gabelle. Le tapis coloré placé sous ses pieds vient renforcer le caractère majestueux de la figure allégorique. A ses côtés, à gauche pour l’observateur, on reconnaît le camarlingo plongé dans un travail d’écriture derrière son comptoir, et un scribe, à droite, qui semble s’être interrompu dans sa tâche pour écouter avec attention les paroles prononcées par le vieillard (« KI BENE MINISTRA REMGNA [4]»).

La composition s’impose par la rigueur de la construction de la perspective et grâce à la façon particulière avec laquelle Benvenuto di Giovanni situe fermement les figures sur le sol aux dessins géométriques. La délicatesse des figures des personnages ainsi que la gamme chromatique qui propose un équilibre parfait entre les tons rouges et violets valorisent encore la symétrie générale de la composition. Le sens du détail appris par le peintre grâce à son travail de miniaturiste n’est pas sans évoquer le « stile da predella [5] » propre au Vecchietta dont il a sans doute été l’élève.

Au dessous, douze blasons, un pour chacun des douze officier en fonction, également mentionnés dans l’inscription : Gori, Peri, Sozzi, Arduini, Tolomei, Bellarmati, Umidi, Arrighi, Gallerani, Piccolomini et des notaires Francesco di Antonio e Galgano di Cenni.

[1] Il s’agit de l’attribution la plus communément admise par la critique de nos jours.

[2] BANDERA, 1999, p. 43.

[3] « Quand je me suis rendu hors de Sienne, j’ai évoqué dans mes prêches la paix et la guerre que vous voyez peinte, [et] qui, pour sûr, fut une très belle invention. »

[4] “Que gouverne celui qui administre bien”.

[5] Littéralement : « style de prédelle ». Qualifie la précision minutieuse de la représentation picturale telle que l’on peut la rencontrer dans les compartiments de petit format d’une prédelle de retable (prédelle : voir « Lexique »).

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