Duccio di Buoninsegna, “Apparition du Christ pendant le repas des apôtres”

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Duccio di Buoninsegna (Sienne, vers 1260 – vers 1318/19)

Apparizione di Cristo durante la cena degli apostoli (Apparition du Christ pendant le repas des apôtres)

Compartiment du revers de la Maestà, tempéra et or sur panneau, 41,4 x 54,4 cm.

Provenance : Cathédrale de Santa Maria Assunta, Sienne.

Sienne, Museo dell’Opera del Duomo.

L’épisode ici figuré ne doit pas être confondue avec celui de la Cène, situé plus en amont dans le temps, au tout début de la narration de la Passion du Christ. Si les deux scènes se distinguent l’une de l’autre dans le temps, elles possèdent également des caractéristiques visuelles qui les différencient. La disposition des apôtres autour de la table n’est pas la même : le Christ, encore debout, vient d’entrer et d’interrompre le repas que s’apprêtent à prendre ensemble ses disciples. Ces derniers sont dorénavant au nombre de onze (Matthias ne les a pas encore rejoints depuis la mort de Judas, et Paul n’est pas encore compté parmi eux). Dans un moment, il va vraisemblablement s’assoir pour partager avec eux le repas qu’ils ont préparé, mais il s’installera au bout de la table et non parmi eux comme précédemment, sa présence inopinée n’ayant été anticipée. Le repas, comme on le voit distinctement grâce à un stratagème déjà utilisé par Duccio dans la Dernière Cène, est constitué des poissons que, plus tôt dans la journée, ils ont péché en quantité dans le lac de Tibériade grâce à la recommandation que leur a donnée Jésus.

Dans leur joie de revoir le Christ, qui s’exprime ici par un geste de paix que tous font à son attention, ils “restaient saisis d’étonnement.” Après leur avoir demandé s’ils “avaient quelque chose à manger”, il prit une part de poisson “qu’il mangea devant eux.” La précision n’est pas fortuite. Jésus ressuscité mange. On serait presque tenté d’ajouter : “comme tout le monde”, ce qui ne va pas de soi. Quelques instant plus tard, après leur avoir annoncé la venue de l’Esprit Saint sur eux (” je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis”) et rappelé en quoi les événements passés étaient la réalisation des Écritures (“Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes”), après avoir “ouvert leur intelligence”, il leur passait le flambeau et montait au ciel.