
Lorenzo di Pietro, dit ‘Il Vecchietta’ (Castiglione d’Orcia, 1410 ? – 1480)
- Credo in unum Deum et Et in unum Dominum Iesum Christum, 1446-1449.
- Dio Padre creatore del cielo e della terra
- Cristo benedicente avvolto nella Sindone
- Sant’Andrea
- Creazione di Adamo ed Eva in preghiera
- Gli tre amici di Daniele nella fornatrice ardente
Fresque
Inscriptions :
- (dans la banderole tenue par saint André) : « ET IN XPM (JESUM) CHRISTUM FILIUM EIUS UNICUM [DOMINU]M NOSTRUM »
Provenance : In situ
Sienne, Santa Maria della Scala, Sagrestia Vecchia
Cette première section des murs de l’Ancienne Sacristie est centrée sur la représentation des deux premiers articles du Credo, selon une logique qui, sur le plan du dogme, évite de séparer le Père du Fils, et sur le plan de la représentation, permet d’associer des commentaires provenant de l’Ancien comme du Nouveau Testament.
La lunette

- Dio Padre creatore del cielo e della terra (Dieu le Père, créateur du ciel et de la terre)
La figure de Dieu le Père, située dans la partie gauche de la lunette, évoque le premier article : Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem, factorem cæli et terræ, visibilium omnium, et invisibilium. [1]” L’espace délimité par des cercles concentriques au milieu desquels il se tient doit être compris comme la représentation abstraite de l’univers conçu comme un tout que la forme circulaire est à même de figurer symboliquement, chaque cercle pouvant signifier les éléments constitutifs de cet univers, notamment le ciel et la terre mentionnés dans le premier article du Credo.
- Cristo benedicente avvolto nella Sindone (Christ bénissant enveloppé dans le Linceul)
Le second article du Credo est figuré dans la demi-lunette de droite. On y voit Jésus Christ bénissant, c’est à dire le “Fils unique de Dieu” tel qu’il y est mentionné, et dont il est précisé que “crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau”, ce qui justifie le fait que le corps du Christ soit enveloppé dans un linceul, à même de signifier la Passion et la Mort endurées.
- Sant’Andrea (Saint André)
Saint André, que l’on voit ici dans l’angle droit de la lunette, est identifiable grâce à la croix qu’il tient sur son épaule droite. Sur le phylactère qui se déroule devant lui, il est possible de lire la première phrase du second article du Credo : “[ET IN UNUM DOMINUM] JESUM CHRISTUM, FILIUM DEI UNIGENITUM” qui, d’une certaine manière, constitue l’intitulé de la scène et en confirme la signification. Il est plus que probable que sur la partie gauche de la lunette, un prophète faisait le pendant de l’apôtre, selon un schéma qui se répètera d’une lunette à l’autre, articulant ainsi deux figures prises l’une dans l’Ancien Testament, l’autre dans le Nouveau, dans un dualisme qui fait écho aux deux figures tutélaires du sommet de la fresque : le Dieu Eternel est ainsi situé du côté gauche, celui de l’Ancien Testament, c’est-à-dire dans la nuit des temps, avant l’ère nouvelle qui sera ouverte par l’Incarnation de son Fils, tandis que la venue du Christ coïncide visuellement avec le Nouveau Testament qui est presque entièrement consacré à sa venue sur terre, laquelle réalise une prophétie qui était vraisemblablement lisible dans un premier phylactère situé dans la partie gauche de la fresque, aujourd’hui effacée.
La paroi
Cette partie de la paroi comporte deux scènes distinctes, nettement séparées l’une de l’autre par la présence d’une fine colonne peinte à l’emplacement de l’axe de symétrie, sous la séparation qui figure également, dans la lunette, entre Dieu-le-Père et Jésus-Christ.

- Creazione di Adamo ed Eva in preghiera (Création d’Adam et Ève en prière)
Il s’agit évidemment la création de l’homme et de la femme qui suit l’épisode princeps de la création du monde selon l’Ancien Testament. Nous sommes dans la partie gauche de la fresque : les animaux visibles derrière Adam ont déjà été créés (ils sont représentés par couples (un lion et une lionne, un cheval et une jument, …), l’homme va donc maintenant pouvoir, selon les termes de la Genèse, exercer sa domination “[…] sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre […]”. (Genèse 1, 26-28). Adam et Ève, à genoux, les yeux au ciel, rendent grâce à Dieu ; on se prend à se demander si les animaux que l’on voit en arrière, dans une attitude que l’on qualifierait volontiers de recueillie, ne sont pas dans le même état d’esprit.

- Gli tre amici di Daniele nella fornatrice ardente (Les trois amis de Daniel dans la fournaise ardente)
L’épisode racontant l’histoire des trois amis de Daniel dans la fournaise ardente, issue de l’Ancien Testament, se trouve au début du Livre de Daniel. Alors que Nabuchodonosor a condamné les amis de Daniel, Ananias (ou Sidrac), (Misael (ou Misac) et Azarias (ou Abdénago), à être jetés vivants dans la fournaise qui, pour la circonstance, a été chauffée “sept fois plus qu’à l’ordinaire”, les trois hommes “[marchent] au milieu des flammes, [louent] Dieu et [bénissent] le Seigneur”. Plus extraordinaire encore est la vision de Nabuchodonosor lorsque lui apparaît un quatrième personnage qu’il voit les rejoindre miraculeusement : « Eh bien moi, je vois quatre hommes qui se promènent librement au milieu du feu, ils sont parfaitement indemnes, et le quatrième ressemble à un être divin. [2]” Un être divin … Le texte, nous apprend Louis Réau [3], dit en réalité un fils des dieux, que l’on a longtemps interprété comme le fils de Dieu, “le traducteur de la Vulgate donnant ainsi un coup de pouce pour pouvoir appliquer [la formule] au Messie”. Quoi qu’il en soit, Nabuchodonosor s’écrie “« Béni soit le Dieu de Sidrac, Misac et Abdénago, qui a envoyé son ange et délivré ses serviteurs !” et décide de punir dorénavant toute personne qui parlerait “avec insolence du Dieu de Sidrac, Misac et Abdénago. [4]”

Les trois jeunes hébreux, ainsi que le quatrième personnage correspondant à la vision de Nabuchodonosor, sont parfaitement visibles à l’intérieur du four chauffé de manière extraordinaire, devant lequel on voit l’un des bourreaux s’activer à cet effet, semblant nous prendre à témoin de la conviction avec laquelle il se livre à son labeur. Sur la gauche, on devine les silhouettes des personnages de la cour du roi (on ne voit qu’une partie de leur corps) qui assistent à ce spectacle sans nul doute édifiant, et empli comme toujours de ce charme indéfinissable d’une peinture qui tient à la fois d’une forme de naïveté et d’un souci de “faire voir” tous les éléments nécessaires à la narration.
[1] « Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible.” Voir l’article : Credo.
[2] Daniel 3, 92.
[3] REAU 1956, II/1, p. 398.
[4] Daniel 3, 95.
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