Catherine d’Alexandrie [1]En Toscane, Catherine d’Alexandrie est aussi appelée Caterina della Ruota, ou delle Ruote (Catherine à la roue, ou aux roues) par allusion à l’instrument de son supplice. : sainte, sans doute la plus célèbre de l’Occident médiéval, dont le caractère historique est cependant largement remis en cause [2]Fille de la reine d’Égypte Sabinella et de Costis, le demi-frère de Constantin le Grand, Catherine d’Alexandrie est une sainte si légendaire qu’elle a été ôtée du calendrier romain par le pape Paul VI en 1969, « en raison du caractère fabuleux de sa passion » et du doute qui pèse sur l’existence même de la sainte (elle y a été réintégrée durant le … Poursuivre. Le culte de Catherine d’Alexandrie « provient d’Orient pour parvenir en Italie dès le VIIIe siècle, époque à laquelle remonte l’image présente dans les catacombes de San Gennaro. Sa diffusion s’est faite via les grandes routes de commerce, ainsi que le démontre l’exemple napolitain, témoin du lien antique, direct et consolidé, entretenu avec le grand port égyptien d’Alexandrie : une solide colonie alexandrine s’était implantée dans la cité parthénopéenne. Dans les catacombes, en même temps que Catherine, sont représentées les martyres orientales Julienne, Agathe, Margherite ainsi que la romaine Eugénie, cinq vierges représentées vêtues d’une longue tunique et d’un manteau de foggia bizantine, la tête nue et nimbée, et une expression du visage parfaitement figée. Catherine tient à la main les symboles du martyre, une petite croix dans la droite et la couronne de la victoire dans la gauche. D’autres images apparaissent à Rome, dans la petite église de San Sebastiano sul Palatino (VIIIe-IX le s.), à San Clemente (IXe s.) et à San Lorenzo Fuori le Mura (IXe-Xe s.) et dans la chapelle des Santi Martiri a Cimitile (IXe-Xe s.), près de Nola. Les premières mentions de Catherine apparaissent dans les martyrologes byzantins ainsi que dans celui, carolingien, de Raban Maur, au IXe siècle. » [3]Maria Luisa CECCARELLI LEMUT, Gabriella Garzella, « Santa Caterina d’Alessandria: un culto venuto dal mare », dans Marco COLLARETA (dir.), Santa Caterina d’Alessandria a Pisa. Le tre età di una chiesa, Pise, Pacini editore, 2019).

Iconographie
Catherine d’Alexandrie est représentée sous les traits d’une jeune et élégante princesse portant des habits royaux et
- une couronne (presque toujours)
- une roue hérissée de crocs de fer, instrument de son martyre, parfois entière, parfois brisée, parfois menue et parfois énorme
- un livre, illustration de son érudition
- la palme des martyres
- (parfois) sa tête sur un plateau car, sainte céphalophore, elle aurait été mise à mort par décapitation
- une fleur de lis
- l’anneau de ses noces mystiques
- l’épée avec laquelle elle a finalement été décapitée
Elle peut également être représentée entourée de la Foi, de l’Espoir et de la Charité, ou encore assise sur un trône. On voit parfois à ses pieds les cadavres des philosophes païens défaits dans une dispute, et mis à mort sur ordre de l’empereur.

Épisodes de la légende de Catherine d’Alexandrie :
- Elle se rend un jour avec sa mère dans la grotte d’un ermite à qui elle dit qu’elle ne sera jamais l’épouse d’un autre que le Christ, et donne une image d’elle à l’ermite.
- La nuit suivante, elle rêve que la Vierge l’emmène à la rencontre de son Divin Enfant mais elle s’en retourne en disant qu’elle n’est pas assez belle pour Lui.
- Elle se réveille en pleurant et retourne voir l’ermite en compagnie de sa mère pour lui demander son avis quant au rêve qu’elle vient de faire.
- L’ermite la baptise sur le champ et des anges apparaissent.
- Son mariage mystique : alors qu’elle est en prière, la Vierge lui apparaît accompagnée de l’Enfant qui l’accepte comme épouse.
- Amenée devant l’empereur romain Maximin II qui souhaite l’épouser, elle refuse de sacrifier aux idoles.
- Célèbre pour ses talents de débatteur, elle discute avec cinquante philosophes envoyés pour tester ses capacités, et les convertit. [4]« Les orateurs lui dirent alors que c’était chose impossible qu’un Dieu devînt homme et connût la souffrance. Mais elle répondit en leur montrant que les païens eux-mêmes avaient prédit l’incarnation du Christ. La Sibylle n’avait-elle pas dit : “Heureux le Dieu qui pend sur une croix de bois !” Et Catherine continua de discuter ainsi avec les orateurs, les réfutant par des … Poursuivre
- L’empereur fait brûler les philosophes sur un bucher ; elle les encourage dans leur foi.
- Elle est flagellée avec des tiges de fer.
- En prison, elle est réconfortée par des anges et l’Esprit-Saint lui apparaît sous la forme d’une colombe.
- L’impératrice accompagnée du général Porphyre, son amant, lui rend visite en prison où elle les convertit, ainsi qu’un grand nombre de soldats.
- L’Impératrice et deux cents soldats sont décapités ; des anges transportent leurs âmes au ciel.
- Catherine est présentée aux juges.
- Le Christ et les anges lui apparaissent en prison et la réconfortent.
- Elle est placée entre deux roues hérissées de crocs de fer pour y être mise en charpie ; mais l’intervention d’un ange (ou de plusieurs anges) met fin au supplice : avant même qu’il ait commencé, les roues volent en éclat.
- Elle est finalement décapitée sur ordre de l’empereur.
Notes
1↑ | En Toscane, Catherine d’Alexandrie est aussi appelée Caterina della Ruota, ou delle Ruote (Catherine à la roue, ou aux roues) par allusion à l’instrument de son supplice. |
---|---|
2↑ | Fille de la reine d’Égypte Sabinella et de Costis, le demi-frère de Constantin le Grand, Catherine d’Alexandrie est une sainte si légendaire qu’elle a été ôtée du calendrier romain par le pape Paul VI en 1969, « en raison du caractère fabuleux de sa passion » et du doute qui pèse sur l’existence même de la sainte (elle y a été réintégrée durant le pontificat de Jean-Paul II). Quoi qu’il en soit, sa réputation a été immense, et durable, notamment en Italie où elle est encore omniprésente tant la dévotion fut grande au cours des siècles passés, probablement encouragée grandement par la quantité innombrable de ses représentations dans les arts visuels. Sa fête, qui tombe le 25 novembre, donnait encore lieu, il y a peu, à diverses célébrations populaires, dont celle des jeunes femmes à marier de plus de vingt-cinq ans, appelées Catherinettes. |
3↑ | Maria Luisa CECCARELLI LEMUT, Gabriella Garzella, « Santa Caterina d’Alessandria: un culto venuto dal mare », dans Marco COLLARETA (dir.), Santa Caterina d’Alessandria a Pisa. Le tre età di una chiesa, Pise, Pacini editore, 2019). |
4↑ | « Les orateurs lui dirent alors que c’était chose impossible qu’un Dieu devînt homme et connût la souffrance. Mais elle répondit en leur montrant que les païens eux-mêmes avaient prédit l’incarnation du Christ. La Sibylle n’avait-elle pas dit : “Heureux le Dieu qui pend sur une croix de bois !” Et Catherine continua de discuter ainsi avec les orateurs, les réfutant par des raisons évidentes, jusqu’à ce que, stupéfaits, ils ne surent plus que lui dire. Alors l’empereur, furieux, leur reprocha de se laisser vaincre honteusement par une jeune fille. Et l’un de ces orateurs, qui était le plus savant, et parlait au nom de ses confrères, dit : “Tu sais, empereur, que personne jamais n’a pu nous résister ; mais c’est l’esprit même de Dieu qui parle en cette jeune fille ; et elle nous a remplis d’une telle admiration que nous n’osons plus dire un, seul mot contre ce Christ qui nous apparaît désormais comme le seul vrai Dieu !” Ce qu’entendant, l’empereur, exaspéré, les fit tous brûler au milieu de la ville. » Jacques de Voragine, « SAINTE CATHERINE, VIERGE ET MARTYRE », La Légende dorée (1261-1266), traduction par T. de Wyzewa, Paris, Perrin et Cie, 1910, pp. 656-662. |
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.